Volontariat. Cette institutionnalisation de la précarité au niveau des emplois se poursuit. Hier, le gouvernement a présenté les 8.000 volontaires enrôlés depuis le début de cette année comme le chiffre du jour. Un chiffre record qui trahit l’incapacité des autorités togolaises à trouver des solutions pérennes à la crise du chômage dans le pays.
8.000 volontaires. C’est le chiffre du jour publié hier par le gouvernement togolais sur le portail internet de la présidence de la République. Le chiffre est accompagné du message : «Au premier trimestre 2022, l’Agence nationale du volontariat (ANVT) a mobilisé près de 8.000 volontaires ». Dans un article consacré au sujet, le site republiquetogolaise.com fournit des détails. Il s’agit de 7929 volontaires enrôlés au cours de la période sus indiquée alors que les prévisions tablaient sur la mobilisation de 7361 volontaires. «Au Togo, le volontariat est en pleine expansion. En une décennie, près de 40 000 personnes dont 25 000 femmes ont été mobilisées et déployées au sein des divers programmes proposés par l’ANVT… Elle a créé 57 emplois, offerts 7929 emplois temporaires aux jeunes et formé 15 volontaires à l’insertion », indique-t-on.
40.000 personnes enrôlées dans le programme de volontariat en une décennie, c’est une véritable prouesse. Comme on peut le voir, le volontariat a drainé un monde fou et continue d’en drainer encore, à l’instar des 8.000 enrôlés de janvier à mars 2022. Sont-ce des emplois ou des stages ?
D’après les faits vécus depuis des années au Togo, le volontariat fonctionne plus comme un stage de perfectionnement de longue durée qu’un emploi. En réalité partout dans le monde, les volontaires dans un secteur d’activité ou une entreprise ne sont jamais des employés au même titre que les autres. C’est une situation temporaire qui prend fin quand le volontaire gagne un emploi plus stable. Le traitement, côté salaire, diffère, selon qu’on soit employé ou volontaire.
Après un tour sur le site internet de l’ANVT, on découvre que l’agence, instituée par décret n°2014-151/PR du 09 juillet 2014, a pour mission de « valoriser les ressources humaines, à travers le volontariat et contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations pauvres par la mise à disposition de compétences nationales ». Plus loin, il est indiqué que sa vision est de « faire du volontariat un outil innovant et inclusif d’appui au développement humain durable, notamment la consolidation des institutions publiques, l’autonomisation des collectivités locales, et des organisations de la société civile ».
On voit à travers la mission et la vision de l’agence qu’il n’est nullement question de l’emploi des jeunes. Du moins, ce n’est pas l’objectif premier de l’ANVT. D’ailleurs, l’évidence qu’un emploi qui ne dure que deux ans, quel que soit le profil, n’en est pas un ne fait aucun doute. Même si dans les discours, on fait croire que les volontaires, une fois enrôlés, sont sauvés du chômage. La principale question qui s’est toujours posée est de savoir pourquoi le gouvernement tente de présenter le volontariat comme un outil qui résout le problème de l’emploi au Togo.
En réalité, il s’agit d’un aveu d’échec. Et pour cause, depuis son accession au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé n’a pas réussi à faire baisser la courbe du chômage. Plus intéressé par la conservation du pouvoir que le bien-être des Togolais et le développement du pays, le régime n’a pas su mettre en œuvre des actions de création d’emplois. Préférant maintenir les populations dans la précarité pour s’en servir comme bétail électoral. Incapable de créer des emplois réels, le gouvernement fait miroiter aux chômeurs des emplois virtuels. C’est le cas des 500.000 emplois directs annoncés dans la foulée du lancement du Plan national de développement (PND). Jamais, ces emplois n’ont été créés. D’ailleurs, le PND a fait place, depuis octobre 2020 à la feuille de route gouvernementale.
C’est aussi pour camoufler cet échec que le ministre des droits de l’homme, porte-parole du gouvernement, Christian Trimua a déclaré que des centaines de milliers d’emplois ont été créés sous le PND. « Malgré le contexte sanitaire difficile, nous avons déjà réalisé sous le PND, 200 000 emplois directs et indirects », a-t-il répété au cours d’une émission télévisée. Jusqu’à ce jour, lui seul sait où ces emplois ont été créés. L’échec est évident, et dans un effort désespéré de nier que le verre est presque vide, on dit qu’il est presque plein et on avance les chiffres du volontariat, comme s’il s’agissait d’emplois stables.
G.A.
Source : Liberté / libertogo.info
Source : icilome.com