Parmi tous les manquements que l’on peut relever à l’endroit des trois (03) Etats qui forment l’Alliance des Etats du Sahel (AES), celui qui saute aux yeux est le déficit démocratique avec la mise en veille des dispositions constitutionnelles et de toutes les garanties au respect des Droits Humains. C’est à ce type de gouvernance déjà en vogue au Togo que Faure Gnassingbé veut officiellement adhérer par sa volonté d’intégrer l’AES.
Cela fait longtemps que certains analystes de la politique étrangère ambigüe menée par la diplomatie togolaise font remarquer que les autorités du pays ont un pas dans la nouvelle alliance formée par le Burkina Faso, le Mali et le Niger sous la dénomination AES (Alliance des Etats du Sahel) et un second pas très fragile dans la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest).
Point n’est besoin de rappeler que les 3 Etats du Sahel ont pris leur distance de la CEDEAO suite aux sanctions dont ils ont été l’objet après les coups d’Etat militaires qui ont balayé des régimes qui ne sont pas non plus exempts de tout reproche.
Quoique ces coups d’Etat militaires aient été diversement appréciés selon les convictions de chacun, il demeure réel et constant que les militaires au pouvoir dans ces 3 pays ne donnent aucune perspective quant à la remise dudit pouvoir à un ou des civils élus souverainement par le peuple.
Et il n’y a pas de doute que dans ces pays, on peut trouver des civils qui partagent le concept de panafricanisme dont se targuent les militaires au pouvoir et qui sont capables de conduire une politique panafricaniste comme c’est le cas au Sénégal actuellement.
C’est donc vers ce terreau fertile à la dictature que veut se tourner le régime RPT/UNIR dont l’unique obsession et vision est de conserver le pouvoir politique indéfiniment. Et c’est sur ce projet que travaille ces dernières années Faure Gnassingbé en se faisant passer pour un « bon médiateur » entre les pays de l’AES et la CEDEAO.
Son amitié avec le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso ou le Colonel Assimi Goïta du Mali ou encore le Général Tiani du Niger, est en réalité une manœuvre pour rester dans les bonnes grâces de ses militaires afin d’éviter un effet domino qui risquerait de balayer son régime cinquantenaire comme le cas de ses ex amis Blaise Compaoré, Ibrahim Boubacar Keïta et Mohamed Bazoum.
Ce projet est désormais dévoilé par son ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, qui en réponse à la question de savoir si le Togo pouvait intégrer l’AES, a déclaré que cela n’est pas impossible et qu’il revient à Faure Gnassingbé d’en décider.
Au-delà de la trahison ouverte que constitue cet aveux de la diplomatie togolaise à l’égard de la CEDEAO dont le Togo est membre fondateur, cette sortie du régime RPT/UNIR prouve clairement que Faure Gnassingbé et ses collaborateurs sont prêts à faire feu de tout bois dans le but uniquement de spolier le pouvoir.
Robert Dussey et son patron qui tentent de surfer sur une vague de panafricanisme dont ils ignorent le véritable sens et tout le combat y adossé pour développer les nations africaines, sont dans un exercice de dissimulation de leur échec à mettre en place un Etat de droit dans l’environnement de l’AES totalement différent de celui du Togo.
Ainsi, pour ceux qui doutent encore de la restriction de l’espace civique et de la liberté d’expression au Togo et ceux qui feignent d’être sourds et aveugles aux violations des Droits Humains par le régime RPT/UNIR, cette sortie du chef de la diplomatie togolaise doit constituer une preuve que les autorités actuelles ne sont véritablement pas adeptes des concepts de démocratie et de respect des Droits de l’Homme.
Par ailleurs, en faisant cette déclaration qui devrait d’ores et déjà susciter des interrogations au sein des institutions normatives et financières de la CEDEAO, le régime RPT/UNIR a démontré une fois encore qu’il ne pense guère au peuple togolais.
Que deviendront les sièges des institutions de la CEDEAO abrités par le Togo comme la BIDC (Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO) avec ses nombreux employés ?
Sur l’autel de la conservation du pouvoir, Faure Gnassingbé est prêt à sacrifier les emplois de nombreux togolais.
Source: lalternative.info
Source : 27Avril.com