Togo: Imbroglio au sommet de l’Etat Bawara dans la nasse

0
231
Gilbert Bawara

Il est connu pour ses boursoufflures langagières. Face à la cacophonie et la chienlit indigeste induites par le changement de la constitution, il n’hésite pas à se taper la poitrine comme celui qui est à même d’apporter la lumière à une nuit privée d’étoiles. Malheureusement , ce parangon de la vertu n’apporte rien de nouveau. Au contraire, il continue d’entretenir la grande confusion. A dessein ? Rien n’est moins sûr. Mais pour tout esprit éveillé, Gilbert Badjilembayena Bawara ne peut plus tromper quiconque. Le ministre de la fonction publique, du travail et du dialogue social du gouvernement démissionnaire depuis le 21 mai 2024, était face au corps diplomatique vendredi, 12 juillet pour son show bien fade.

« La démission du gouvernement répond à une tradition républicaine, un peu partout à travers le monde et dans les pratiques démocratiques.

Au lendemain des élections législatives, généralement, le gouvernement remet sa démission. Mais dans le cas d’espèce, il y avait aussi une autre considération. C’est que si le gouvernement n’avait pas démissionné et que nous n’étions pas en situation de gestion des affaires courantes, il aurait été difficile pour les membres du gouvernement ayant été élus députés d’être considérés pour des postes de membres du bureau de l’Assemblée nationale. Et donc ces deux considérations ont justifié le fait que le gouvernement ait remis sa démission » a-t-il indiqué

A la question de savoir à quel moment interviendra l’élection du président de la République et l’installation du président du Conseil, le natif de Siou glisse

« une fois que les sénateurs seront installés, c’est à partir de ce moment-là que pourra intervenir l’élection du Président de la République ainsi que l’investiture du président du Conseil.

Et donc, pendant cette période-là, le gouvernement est déterminé avec l’ensemble des pouvoirs publics, notamment les députés à l’Assemblée nationale, à poursuivre et à intensifier les efforts et les initiatives de sensibilisation, de pédagogie, d’information, non seulement en direction de nos concitoyens et des populations, mais également en direction des autres parties prenantes, les partis politiques, la presse, les chefferies traditionnelles, les autorités religieuses, afin que chacun puisse mieux comprendre le contenu, la portée et les implications de la cinquième République, afin de favoriser une plus forte adhésion.

Vous savez, la nouvelle Constitution a prévu une période transitoire. Il y a des dispositions de cette Constitution qui indiquent que les institutions prévues par la cinquième République doivent être mises en place au plus tard une année après la promulgation. Cela signifie que, après la promulgation de la Constitution le 6 mai 2024, nous avons jusqu’au 5 mai 2025 pour travailler, mettre en place toutes les conditions favorables à l’installation de toutes les institutions que prévoit la Cinquième République. » Plus loin, il avance que « vous verrez que demain si on venait à mettre en place la prochaine étape dans l’installation de l’Assemblée nationale, la mise en place des commissions parlementaires, un membre du gouvernement qui aurait été élu député qui viendrait à être nommé président ou membre d’une Commission parlementaire » ne peut plus être membre du gouvernement.Cela n’est possible que dans la mesure où le gouvernement est démissionnaire et formellement on n’est plus des ministres à part entière », et d’enfoncer le clou « même si le gouvernement est en affaires courantes, cela ne signifie pas que cela doit affecter le service à la population ».

Comme pour confirmer la navigation à vue, celui qui se réclame ami personnel du Chef de l’Etat déclare urbi et orbi que « nous pouvons estimer que c’est une affaire de quelques mois. Il faut être soucieux d’assurer la mise en place effective des nouvelles institutions, mais il faut être tout autant soucieux de le faire dans de bonnes conditions. Il ne faut pas élire les sénateurs pour qu’ils déambulent dans les rues. Il faut qu’ils soient installés et qu’ils travaillent, qu’ils aient le minimum en matière de personnel d’appui. On est en train d’y travailler. C’est vrai que ce n’est pas visible, mais chaque jour, des actions sont posées dans le sens de préparer l’installation des institutions, et surtout de faire en sorte que les besoins et les attentes des populations ne pâtissent pas de la période transitoire et de cette transition qui est nécessaire pour bien faire les choses. »

Bawara dans la nasse

Que peut-on retenir de la sortie de celui qui est ministre depuis 17 ans sur les 19 de Faure Gnassingbé?

Rien de concret sinon qu’il a démontré que ce cirque de nouvelle constitution est une aventure improvisée comme l’a été la gestion même du pays depuis plusieurs décennies. Comment comprendre que Bawara déclare qu’ « il ne faut pas élire les sénateurs pour qu’ils déambulent dans les rues. Il faut qu’ils soient installés et qu’ils travaillent.» Pourtant, les élections législatives et régionales avaient été reportées à plusieurs reprises. Au travers de cette déclaration, le pouvoir n’est pas encore prêt et les conseillers régionaux sont en l’air en attendant.

Bien plus, lorsqu’il dit « même si le gouvernement est en affaires courantes, cela ne signifie pas que cela doit affecter le service à la population ».Dans quel pays la gestion des affaires courantes prend une éternité ? Les affaires courantes sont les affaires qu’une autorité désinvestie de ses fonctions peut, dans l’attente de la nomination de son successeur, expédier sans s’exposer au grief d’incompétence. Qui Bawara peut-il tromper dans cette pagaille qui affecte bien le quotidien des populations ? Un gouvernement démissionnaire ne fait plus de conseils des ministres, où sont prises alors les décisions de l’Exécutif ?

C’est triste que le destin de plus de 8,849 millions d’âmes soit entre les mains d’un groupe d’individus qui en font ce qu’ils veulent.

Kokou Agbemebio

Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info

Source : 27Avril.com