Togo : Ils portent une Lourde Responsabilité dans la Perpétuation de la Dictature et dans la Situation politique actuelle

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On a souvent tendance à les oublier pour ne faire porter que sur les épaules de l’actuelle opposition, la perpétuation de la dictature cinquantenaire au Togo. Même si certains de ceux qui sont au-devant de la crise politique actuelle ont toujours été au centre de toutes les intrigues.

Togo : Ils portent une Lourde Responsabilité dans la Perpétuation de la Dictature et dans la Situation politique actuelle

Gilchrist Olympio

Au début des années 1990, on ne jurait que sur « détia » et « Yovovia » pour mettre fin au régime du feu dictateur Eyadèma. Malgré les sacrifices, les pertes en vies humaines, la destruction d’édifices publics en son nom afin de le porter au pouvoir au regard de ses promesses qui d’ailleurs ne seront jamais tenues, les Togolais ont reçu un doigt d’honneur de la part de Gilchrist Olympio qui a plié armes et bagages pour rejoindre la maison de ceux qu’il a passé tout son temps à pourfendre. Depuis 2010 c’était devenu officiel, la grande histoire d’amour qui l’unit à Faure Gnassingbé.

Joseph Koffigoh

Il est l’un de ceux qui ont porté l’espoir de tout un peuple au sortir de la conférence nationale souveraine de 1991. Nommé Premier ministre de transition pour mettre le Togo sur les rails de la démocratie, Joseph Kokou Koffigoh, après l’attaque de la primature et les coups bas opérés par ses amis de l’opposition pour faire échouer la transition. Au regard de son ambition présidentielle qui s’est dégonflé à cause des peaux de banane dressées sur le chemin de la présidence pour ses amis, le célèbre avocat et défenseur des droits de l’homme, pour rendre la monnaie, a rejoint ses adversaires d’hier au point que certains de ses compatriotes le qualifiaient de frère siamois du dictateur Eyadèma.

Edem Kodjo

Sa Suffisance Édouard Edem Kodjo, trop imbu de de sa personne est l’un des maux qui ont miné l’évolution du Togo vers la démocratie. Il n’a jamais pardonné à ses amis de l’opposition de lui avoir retiré le soutien en pleine campagne électorale en 1993 sous la bannière du Collectif de l’opposition démocratique (COD I) alors qu’il était son candidat.

Pour se venger en 1994 au sortir des élections législatives il sortit la fameuse phrase de « parti charnière » pour refuser de se joindre au Comité d’action pour le renouveau (CAR) afin de mettre le RPT en minorité et réformer l’État. Avec les 7 voix de l’Union togolaise pour la démocratie (UTD) et les 34 du CAR sur les 81 sièges à l’assemblée nationale à l’epoque, ces deux partis avaient la latitude de changer le cours de l’histoire du pays. Malheureusement les égos ont eu le dessus sur l’intérêt national.

Yawovi Agboyibo

S’il est un vétéran de la politique togolaise et un grand roublard qu’on peut nommer, on parlera sans doute du « Bélier noir » Yawovi Agboyibo. Et Bodi Banche Bodelin ne le démentira pas.

Au centre de tous les coups tordus depuis les années 1990, l’homme est considéré comme un grand boulanger au regard de sa manière de mélanger tout le monde. En 1994, la primature lui revenait de droit. Mais avec la mauvaise foi et la gloutonnerie de Edem Kodjo qui lui a pris sa place, il aura tout fait pour mener la vie dure au premier gouvernement Kodjo au point de renforcer la dictature Eyadèma dont il a toujours été proche.

Avec le fils, l’usurpateur Faure Gnassingbé, il a réalisé son rêve à minima en occupant la primature en 2007 à défaut du fauteuil présidentiel. Nommé pour concrétiser les réformes politiques, Agboyibo a été l’ombre de lui-même durant son mandat de Premier ministre.

C’est avec surprise que les Togolais l’ont retrouvé dans les rues lors des événements d’août 2017 et en février 2018 très fatigué et dormant dans l’un des fauteuils de l’hôtel du 2 février aux portes du dialogue, voulant certainement se refaire une santé politique.

Léopold Gnininvi

Il est très pragmatique, rigoureux et intransigeant dans les débats politiques. En tout cas c’est l’image qu’il s’était donnée lors de la conférence nationale souveraine et en tant que dirigeant des Collectifs de l’opposition démocratique (COD I et II).

Sa vision d’arracher la démocratie d’abord et le multipartisme après reste sa grande trouvaille « démocratie d’abord, multipartisme après ». Car il percevait déjà les luttes fratricides et les calculs politiciens comme pouvant être un frein à la cohésion de l’opposition et à la cohérence des actions à mener. Il n’a pas tort. Car les mêmes entorses empêchent aujourd’hui l’opposition de mener à bien la lutte pour l’alternance.

C’est tout surpris que les Togolais ont vu Gnininvi rentrer dans un gouvernement d’un certain Faure Gnassingbé arrivé au pouvoir dans des conditions exécrables. Qu’est-ce qui a bien pu se passer? Les mauvaises langues disent que c’est parce qu’il est devenu le beau-père de l’imposteur à la tête de l’État. Ce que l’intéressé n’a jamais démenti.

Après avoir dirigé plusieurs ministères, l’homme du « slogan de Tchékpo » coule une retraite paisible en laissant ses compatriotes continuer à lutter contre l’ogre alors qu’il est de ceux qui ont conduit le pays dans la situation actuelle.

Ce tableau non exhaustif des faits d’armes de la vieille opposition togolaise doivent servir de témoignages aux Togolais pour qu’ils ne considèrent pas toujours les opposants à la tête de la lutte pour la liberté comme des saintes nitouches et des hommes infaillibles. Au contraire ils doivent rester vigilants pour ne plus tomber dans des fourberies et des luttes d’intérêts personnels.

Car la plupart de ceux qui incarnent l’opposition togolaise de nos jours ont fait un long chemin avec ceux qui sont décrits ci-dessus et portent aussi une responsabilité dans les échecs répétitifs des mobilisations populaires.

Ne pas le dire pour éveiller les consciences et mettre en garde serait une erreur pour les jeunes générations qui souffrent le martyr et qui rêvent de déloger du pouvoir la deuxième plus vieille dictature au monde après la Corée du Nord.

Anani Sossou

27Avril.com