Togo, Hygiène alimentaire : L’insalubrité de l’abattoir de Lomé, une bombe à retardement ?

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Insalubrité répugnante à l’abattoir de Lomé, Togo | Photo : Miabe Togo Actu

Gestion opaque. Lieu insalubre, infesté et fétide. Bienvenue à l’abattoir de Lomé !

Les Togolais savent-ils au juste l’état hygiénique des viandes commercialisés sur les marchés qu’ils mettent dans leurs casseroles, dans leurs assiettes? Cette question mérite d’être posée si l’on fait un tour dans le plus grand abattoir du Togo situé dans la zone portuaire au côté opposé à CIMTOGO. Les conditions d’abattage des animaux, les conditions de traitement des viandes, le comportement des bouchers, l’assainissement des lieux portent à croire que l’hygiène est la chose la moins partagée dans cet endroit qui en principe devrait remplir les conditions maximales pour garantir la bonne santé des consommateurs. À l’arrivée il y a cette odeur puante qui vous pend au nez, avec des égouts bouchés par des caillots de sang, des boyaux, des peaux d’animaux, le tout baignant dans une eau qui donne à vomir. Devant la cour de l’entrée principale, des têtes, des queues, des boyaux de bœufs trônent dans une “musique” de mouches. À l’intérieur tout baigne dans une marre de sang avec les viandes des animaux tués à même le sol, dans leur sang. Les bouchers n’ont pas les tenues adéquates et circulent dans cette marre de sang entre les bêtes pendues ou déposées par terre. On dirait dans une porcherie. Rien n’est fait pour éviter une infection et une contamination des animaux par les bactéries. Et pourtant tout le monde, mine de rien, fait comme si tout roule pour le meilleur des mondes. C’est un abattoir pourtant municipal, géré par la ville de Lomé, capitale togolaise. Bienvenue dans le plus grand abattoir insalubre, le plus infeste, le plus pollué de Lomé.

Il existe dans ce rectangle de Togo, une ligue dite des consommateurs qui est plus encline à faire de la politique que de s’occuper de ses prérogatives non seulement de surveillance des prix des produits mais surtout de veiller à la qualité et à l’hygiène des produits consommés. Une Ligue des consommateurs du Togo (LCT) qui n’a jamais renouvelée son bureau et qui est gérée par une même équipe qui refuse de s’occuper des vrais problèmes des Togolais. Il existe aussi un syndicat des bouchers, ceux-là qui sont censés garantir la bonne qualité de la viande mise sur le marché. Mais on dirait que leurs conditions de travail ne les dérangent guère puisqu’ils ne lèvent pas le petit doigt pour arrêter de pourrir la vie des populations en leur servant une viande infectée de bactéries. Enfin, il existe également dans cette ville de Lomé, un service d’hygiène dont le rôle est de veiller à la propreté et à l’assainissement de tous les lieux d’où part tout produit consommable sur le marché. À l’abattoir, la nervosité des animaux est palpable. Certains bœufs n’hésitent pas à donner des coups de sabots ou carrément à prendre la poudre d’escampette. Toutes ces structures qui doivent protéger les citoyens contre d’éventuelles maladies ont failli en tournant le dos à la santé des populations. Dans ces cas d’espèces ce n’est pas au pouvoir politique central, au gouvernement d’aller faire ce constat d’insalubrité de l’abattoir de Lomé. Mais cette tâche incombe aux premiers responsables de cet abattoir, les services de la municipalité et les agents des services d’hygiène. Une source confidentielle atteste même que les services d’hygiène viennent quand ils veulent mais donnent toujours une certification à cet abattoir après avoir empoché des pots-de-vin. Il faut sonner l’alerte sur les abattoirs du pays car un grave danger guette les populations et une épidémie risque de décimer les consommateurs que nous sommes ! C’est une mise en danger volontaire des vies des Togolais et les responsables en porteront une lourde responsabilité si d’aventures un drame survient. Qu’ils ne disent pas après qu’ils n’ont pas été avertis. Dire que le plus grand abattoir du Togo est dans un état d’insalubrité avancé est un euphémisme. Tellement l’endroit qui devrait être un lieu d’hygiène et de propreté est dans un état lamentable avec des viandes exposées à même le sol baignant dans des mares de sang, une odeur à faire vomir et des caniveaux bouchés par des boyaux de bœufs. Et pourtant trône sur cet empire très mercantile et juteux un syndicat de bouchers coiffé par l’ONAF (Office national des abattoirs et frigorifiques) dont la patronne Mme Bali Hélène Némè, petite sœur du Colonel Bali, est complice de la disparition de centaines de millions de fcfa chaque mois. Elle cumule par ailleurs cette fonction avec celle de Secrétaire générale du Ministère de l’agriculture.

Un syndicat géré par une monarchie familiale

L’actuel patron du syndicat des bouchers du Togo règne déjà depuis plus de 20 ans à la tête de ce regroupement. Il a succédé à feu son père qui également avait passé plus de 20 ans comme roi des bouchers avant de passer de vie à trépas. La famille GODJÉ est une famille qui a fait fortune dans le commerce et l’abattage de bœufs. Haoussa originaire du Niger, elle s’est installée depuis des générations au Togo et exportait les animaux qu’ils abattaient pour le commerce. De fil en aiguille cette monarchie est devenue incontournable dans le secteur et dicte sa loi à tout boucher. L’actuel responsable M. Godjé s’est entouré d’une horde de zélés serviteurs dont le secrétaire administratif M. MANAF. Également dans le cercle fermé de cette gestion opaque on trouve un certain ABOU. À eux trois, ils ont droit d’ouverture et de fermeture sur toute boucherie et sur tout boucher qui veut s’investir dans le domaine. Il faut leur graisser les pattes, obéir à leurs desiderata et surtout savoir la fermer malgré les injustices et le racket organisé.

Une magouille qui ne dit pas son nom

Tout nouveau boucher qui veut se lancer dans la filière doit déposer une caution de 500.000 fcfa. Cette somme versée ne rentre dans aucune comptabilité ni du syndicat encore moins de l’ONAF puisqu’à la perception aucun reçu n’est délivré. Or ce sont des milliers de bouchers qui ouvrent tous les mois sur toute l’étendue du territoire national. Ceux qui refusent de verser cette caution sont sous la menace de fermeture de leur société. Sur chaque animal abattu, le fameux syndicat perçoit 500 fcfa or ce sont des milliers de bêtes qui sont abattues chaque mois et les chiffres des animaux réellement abattus sont minorés dans les registres. En clair ce sont des millions qui disparaissent des caisses de l’État et qui engraissent vétérinaires, patronne de l’ONAF et les responsables de la magouille organisée à travers le syndicat.

Du prix du kilo de viande et de la responsabilité du gouvernement

Au Togo depuis des lustres, le prix du kilo de la viande de bœuf est statique. Il est à 2500 fcfa. Dans les pays voisins comme au Burkina-Faso, au Niger ou au Mali, le même kilo de viande excède 3500 fcfa. Le paradoxe est que les bœufs abattus au Togo proviennent de ces pays reconnus comme des pays éleveurs de bœufs. Si le gouvernement togolais a maintenu le prix du kilo sur cette somme, c’est parce qu’il craint la réaction des consommateurs. Or à ce prix, les bouchers ne s’en sortent pas, font faillite et ferment leur boutique. L’équation pour le gouvernement reste de permettre à ce secteur et aux bouchers de vivre de leur travail et en même temps ne pas pénaliser le panier de la ménagère. Un assainissement du secteur pouvait permettre de trouver le juste milieu en dépoussiérant l’abattoir de ce syndicat mafieux qui rackette les bouchers, leur retire le peu qu’ils gagnent à travers de faux frais qui rentrent directement dans les poches d’une minorité.

Service d’hygiène et vétérinaires dîtes-vous?

Le service d’hygiène et les vétérinaires aidés par la direction de l’ONAF sont de grands corrompus qui encouragent la gabegie qui a cours à l’abattoir de Lomé. Les conditions d’hygiène et de sécurité sont exécrables. Les boyaux, les têtes, les peaux des animaux abattus sont traînées à même le sol devant les yeux hagards des vétérinaires qui n’attendent que les dessous de table. La viande avariée saisie se retrouve sur le marché avec la complicité de certains agents de l’ONAF et des agents des services d’hygiène. On peut affirmer sans risquer de se tromper que l’abattoir de Lomé est tout un dépotoir et n’a rien à voir avec un abattoir.

Alcool, drogue, fétichisme et violence des ouvriers

Les ouvriers de l’abattoir de Lomé sont de véritables alcooliques si ce n’est qu’ils fument joint sur joint à longueur de journée. D’ailleurs comment peut-il en être autrement avec leurs conditions de travail, avec l’environnement dans lequel ils exercent leurs métiers et surtout s’ils sont sous payés ou ne le sont même pas. Ils doivent se débrouiller pour percevoir une modique indemnité sur chaque animal abattu. Entre eux-mêmes, c’est la guerre et les bagarres en permanence. Le fétichisme devient un allié sur lequel il faut compter pour ainsi faire taire concurrents et collègues de travail. Dans ce monde, les coups de couteaux sont vite donnés. C’est une jungle organisée où le plus fort fait la loi. Les corps habillés qui sont dans les environs n’arrivent pas à sécuriser les lieux et à faire régner l’ordre. Analphabètes pour la plupart, ces ouvriers sont livrés à eux-mêmes et personne ne se soucient de leur sort alors qu’ils sont sur une pente glissante.

Le ministre Koutera Noel Bataka urgemment interpelé

Noël Boutera BATAKA le ministre de l’agriculture et de l’élevage qui coiffe l’ONAF doit prendre au sérieux l’hygiène, la sécurité et la gestion de l’abattoir de Lomé et de tous les abattoirs du pays qui nourrissent toute la population togolaise en viande. Il a l’obligation de se rendre sur les lieux pour constater les faits décrits. Cette visite devrait être une surprise afin que le mafieux syndicat ne masque pas la réalité des faits. C’est une bombe à retardement qui va occasionner une épidémie dans le pays. Les centaines de millions de fcfa qui disparaissent chaque mois pouvaient aussi servir à autre chose que d’aller dormir sous les matelas ou sur les comptes en banque des pourris de la République. Le Togo a assez de problèmes pour laisser encore prospérer un syndicat de pourris qui ne se soucient guère de la santé des concitoyens. Et pendant ce temps l’association ou la ligue togolaise des consommateurs ne fait que de la politique au détriment de ses prérogatives.

Source : Miabé Togo Actu

Source : TogoActu24.com