Le chef de l’Etat Faure Gnassingbé a procédé vendredi 15 février à la pose de première pierre d’un hôpital « ultra moderne » à Agoè-Nyivé. L’hôpital annoncé est baptisé « Saint Pérégrin ». Il est une infrastructure hospitalière de référence dotée d’un vaste plateau de consultations et d’interventions, un hôtel 4 étoiles de 64 chambres pour accueillir les patients en phase de récupération et un héliport, selon les concepteurs du projet piloté par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).
L’infrastructure va également comprendre des services spéciaux notamment la médecine interne, la maternité, la chirurgie, la cardiologie, la neurologie, la traumatologie, l’Imagerie par résonance magnétique (IRM) avec possibilité de télémédecine et de télé-interprétation.
Le complexe sera implanté sur un domaine de 60.000m2 dont 11.000 dédiés aux installations hospitalières de très courte durée et 7.000 aux infrastructures hôtelières. La structure offrira, dès sa mise en service, environ 80.000 consultations, 10.000 hospitalisations et 3.000 naissances par an.
Portée par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), l’érection de cet hôpital vient en complément à bien d’autres projets initiés par le gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre du PND, (2018- 2022) notamment en son troisième axe consacré au développement social.
Les travaux de construction de cette infrastructure socio-sanitaire vont durer 12 mois.
Cette initiative veut notamment contribuer efficacement à l’amélioration de la santé des Togolais, répondre au déficit d’une prise en charge hospitalière de qualité au Togo et induire une amélioration rapide et sensible des indicateurs de santé du pays en s’alignant aux standards de qualité des pays occidentaux selon la CNSS.
« L’idée de ce projet part de l’ambition de la Direction Générale de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale d’implanter un hôpital spécialisé de toute dernière génération aux périphéries de la ville de Lomé au Togo. La principale clientèle visée est déjà celle du territoire mais également celle des autres pays de la sous-région ; cela permettra de rendre, financièrement et géographiquement accessibles, des soins chirurgicaux souvent complexes. Cet hôpital sera conçu et équipé de manière à offrir aux professionnels et experts, un cadre de travail de très haut niveau, aligné sur les critères et standards internationaux et aux patients, un environnement propre, rassurant qui n’aura rien à envier aux meilleures adresses de l’Afrique. L’hôpital mise sur une population ouest-africaine estimée à plus de 325 millions d’habitants même s’il est implanté à Lomé, capitale du Togo », renseigne-ton.
Pour Ingrid Awadé, Directrice Générale de la CNSS, « cette initiative était nécessaire pour réduire les évacuations sanitaires ». Selon dame Awadé, en finançant ce projet, la CNSS allie rentabilité de placement et satisfaction socioéconomique des populations.
Un projet aux contours flous
Un hôpital de référence tel que dessiné sur les papiers, c’est bien une bonne chose car le Togo en lieu et place des hôpitaux n’a que des mouroirs.
Mais un budget de 17 milliards FCFA pour financer un hôpital de référence, en même temps un hôtel 4 étoiles, c’est bien largement en dessous des deux hôpitaux véritablement de référence récemment érigés en Côte d’Ivoire et au Niger.
L’hôpital Mère-Enfant de Bingerville de la première dame ivoirienne Dominique Ouattara, inauguré le 16 mars 2018 a coûté 25 milliards FCFA soit 18 milliards pour la construction et 7 milliards pour les équipements. La construction a pris cinq ans (2013-2018). Au Niger, le président Mahamadou Issifou a fait construire l’hôpital de référence de Maradi à Niamey à 44 milliards FCFA. Cet hôpital inauguré le 02 août 2016 dispose de 500 lits.
Revenons au Togo, où on parle de 17 milliards pour un hôpital de référence avec un hôtel 4 étoiles dans un délai de douze mois. Où est la référence ? Où est le sérieux ?
En outre, lorsqu’on abandonne les infrastructures sanitaires existantes dans leur état comateux, où il manque de tout et de rien, quelle est alors la pertinence du machin hôpital de référence « Saint Pérégrin » ? Pour beaucoup d’observateurs, si ce projet venait même à voir le jour, des soins seraient onéreux et donc inaccessibles aux Togolais moyens.
Si le pouvoir de Faure Gnassingbé est conséquent envers lui-même, il doit d’abord procéder aux renforcements des équipements au CHU Sylvanus Olympio, où un simple scanner n’est pas possible, au CHU Campus, au CHU de Kara, aux CHR, CHP à travers le pays.
Ensuite, plusieurs hôpitaux de référence avec des Indiens et Egyptiens à Adéticopé et à Tsévié annoncés à grand bruit ont disparu à l’étape de la promesse. Faure Gnassingbé a posé la première pierre à travers le pays pour des projets qui n’ont jamais vu le jour. Badja, Djagblé, Djarkpanga sont des exemples d’actualité. Doit-on croire au folklore du vendredi à AgoèNyivé ?
S’agissant du site sensé accueillir Saint Pérégrin à Agoè-Motocross, c’est un vieux dépotoir dont le sous-sol fait réfléchir certains spécialistes sur l’érection des infrastructures annoncés.
Par ailleurs, la CNSS qui collecte des fonds des agents publics et privés, a-t-elle impliqué sa clientèle ? A partir du moment où la CNSS gère des fonds publics et privés, une telle initiative doit être portée à la connaissance de tout le monde avec les avantages éventuels de tous ceux qui contribuent à la vie de cette structure.
Lorsqu’une structure dont la contribution au budget de l’Etat est marginale, se lève un beau matin et déclare avoir 17 milliards à disposition pour la construction d’un hôpital de référence, dans la grande opacité, on doit bien en douter.
Enfin, pourquoi ce nom exotique italien inconnu de la masse togolaise est attribué au fameux hôpital ? Saint Pérégrin a quel lien avec les Togolais ?
Ce pays est vraiment malade de ses dirigeants.
Kokou Agbemebio
Source : Le Correcteur
27Avril.com