Togo / HAPLUCIA : Solution, Dissolution

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La lutte contre la corruption est devenue le cheval de bataille de tout individu. Même les plus corrompus se présentent comme des promoteurs de la transparence et de la lutte contre la corruption. Ce fléau qui gangrène le Togo depuis plusieurs années ne cesse de nuire à l’économie comme le montrent les nombreux rapports des experts internationaux. Dans cette situation problématique, l’institution en charge de la lutte contre la corruption brille par son incapacité à produire le moindre résultat.

La Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA) a pour mission de prévenir les actes de corruption mais aussi de veiller à la répression à travers la collecte et le traitement des plaintes. Ce qui inclue une collaboration avec les institutions étatiques pour poursuivre les personnes coupables de détournement. Mais depuis sa création en 2015, la HAPLUCIA ne produit aucun résultat ; rien d’encourageant.

Plus de cinq ans après la création de cette institution, des questions se posent sur son utilité réelle. Serait-ce une institution mise en place pour flouer l’opinion et faire croire que les problèmes de corruption sont sérieusement pris en charge alors que ce n’est pas le cas ? Une analyse des récents évènements rend plausible cette hypothèse. Des nombreuses interactions que nous avons eues avec le président de la Haute Autorité, il ressort que très souvent, les enquêtes judiciaires sont freinées par d’autres institutions étatiques.

Selon les propos du président de l’institution, dès que la HAPLUCIA est saisie par des allégations de fraude, le président et son équipe ouvrent des enquêtes ; les résultats issus des investigations sont transmis au procureur de la république. Et à partir de là, la HAPLUCIA n’a plus rien à faire. En clair, cette institution n’a pas les moyens d’aboutir à des résultats concrets.

Et depuis des années, c’est l’inertie totale. Si la HAPLUCIA nous assure que ces objectifs sont atteints parce qu’elle soumet des dossiers au procureur, on peut alors en déduire que cette institution est absolument inutile. Elle ne sert qu’à légitimer l’autorité des hauts responsables coupables de corruption ; et pour cause, ces derniers se savent inatteignables.

Il ne sert à rien de mener des enquêtes et des investigations sur des cas de corruption si cela n’aboutit à rien et si les coupables ne sont aucunement inquiétés.

Dans l’affaire de détournement des fonds de la CAN 2013, le président de la HAPLUCIA assure que les investigations ont donné des résultats et que le dossier a été transmis au procureur de la république. Le dossier de la route Lomé-Vogan-Anfoin subit le même sort. Jusqu’alors, aucun résultat concret. Pis, les coupables vivent la belle vie et se targuent de leur suprématie.

Dans un tel contexte, il serait complètement illusoire de croire que les dossiers de scandales financiers liés à la CEET, le détournement dans les institutions financières et dans plusieurs structures étatiques auraient un aboutissement satisfaisant.

Le plus récent, l’affaire Pétrolegate est de toute évidence mal parti. L’on ne peut rien espérer avec le système judiciaire qu’il y’a au Togo.

Dans toute cette anarchie, le rôle trouble du procureur laisse perplexe. Aucun des dossiers qui lui ont été transmis depuis des mois, n’a connu une quelconque évolution. Par contre, ce procureur s’avère très compétent quand il s’agit de poursuivre des opposants égarés et fragilisés par des années de luttes infructueuses.

C’est peut-être une question de priorité… Il faut croire que les coupables de détournement, eux, ne portent pas atteinte à la sûreté de l’Etat ; au contraire. Il semble que leurs malversassions aient quelque chose de bénéfique pour le pouvoir. Du moins, c’est ce que l’on peut déduire de l’inaction du procureur.

Quoiqu’il en soit, la HAPLUCIA est définitivement discréditée. Que les blocages dans le circuit de poursuite des responsables de détournements proviennent d’elle ou d’autres institutions étatiques, il est clair que la Haute Autorité n’a plus sa raison d’être. En cinq ans, elle a été complètement inutile. Il revient donc au Chef de l’Etat de la dissoudre et de veiller à la mise en place d’une nouvelle institution dotée de plus de moyens et capable d’apporter des solutions concrètes au problème de corruption.

Eric Gagli

Source : L’Indépendant Express

Source : 27Avril.com