Ce n’est un secret pour personne que le pouvoir des Gnassingbé achète, à coup de billets de banque, le silence les journalistes au Togo. La dernière tentative a mal tourné. Scandale !
Le président de l’organe de régulation des médias du Togo, Pitang Tchalla, a distribué de l’argent frais, venu de la Présidence de la République, à des dizaines de journalistes.
L’information a fuité d’abord sur les réseaux sociaux puis confirmée par le Patronat de la Presse Togolaise (PPT) qui, à travers un communiqué, a dénoncé une « pratique de corruption et d’achat de conscience visant la presse togolaise par des méthodes illégales employées par les responsables des institutions de la République en l’occurrence le sieur Pitang Tchalla »
Le nombre des journalistes ayant bénéficié directement de cette « générosité présidentielle », qui a transité par le président de l’institution de régulation varierait entre 30 et 40.
Au Togo, ce n’est pas un secret qu’une bonne partie de la presse vit au biberon du pouvoir des Gnassingbé. Le simple indicateur est le niveau de vie des Directeur de Publication dont les médias (généralement des journaux) paraissent à peine ou sont à peine vendus. Grosses cylindrées, luxueuses villas, maitresses…ils baignent au quotidien dans toutes sortes de prodigalités.
Plus grave, ce sont les mêmes qui prennent d’assaut les émissions toute la journée braillant par-ci, aboyant par-là, inondant l’opinion d’intox, créant la confusion dans les esprits ; prenant surtout la défense du régime au pouvoir.
Cette fois, le scandale est total. La corporation est déchirée par cette affaire peu honorable pour la presse togolaise. La première personne coupable est sans aucun doute le « corrupteur-délégué », Président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) : Pitang Tchalla.
Pitang Tchalla, est un ancien journaliste et ancien directeur de la télévision nationale, ancien ministre de la Communication. Il l’était encore en 2005 quand Gnassingbé père décéda. Sous Gnassingbé fils, il va se contenter d’un titre de Conseiller à la présidence et propriétaire de ses chaines de télévision privée (Télévision deuxième et Télé Sport). En 2016, il sera nommé membre de la HAAC, puis « élu » président de la même institution.
L’article Premier de la loi organique de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication dispose que « la HAAC est une institution indépendante vis-à-vis des autorités administratives, de tout pouvoir politique, de tout parti politique, de toute association et de tout groupe de pression ».
La mission de la HAAC est claire : « garantir au Togo, l’exercice de la liberté de presse, la protection des médias audiovisuels et écrits et de tout autre moyen de communication de masse, le respect de l’expression de pensée et d’opinion conformément à la loi. Veiller également à l’accès équitable des partis politiques, des syndicats et des associations aux moyens officiels d’information et de communication ».
Et pourtant, contre tout principe d’intégrité et en violation des textes qui régissent l’institution qu’il préside, M. Pitang Tchalla est allé chercher de l’argent (dont il connaît pertinemment les contours) à la Présidence de la République qu’il est venu distribuer discrètement chez lui, à la maison, à des journalistes.
D’ailleurs, si les « bénéficiaires » ont reçu chacun 400.000 francs, d’aucuns disent croire le montant initial pourrait avoir été « coupé » par l’intermédiaire. Ce qu’il faudra chercher à vérifier davantage.
En se rendant coupable de l’agissement répréhensible qui consiste à prêter ses propres mains et son domicile à une opération massive de corruption, Pitang Tchalla a souillé sa fonction. Il perd toute crédibilité et ne peut plus inspirer confiance à des hommes de médias qu’il serait amené à inviter à la HAAC.
Pour actes de corruption avérée et aggravée, Pitang Tchalla doit démissionner !
Maxime Domegni
05/01/2017
27Avril.com