Togo : Guerre de tranchées au sein des Forces de Défense et de Sécurité ?

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FAT Armee de terre

Depuis quelques années, une guerre froide se mène au sein de la grande muette. Désormais, elle se manifeste par des actes les uns aussi violents que les autres. Les protagonistes : les officiers. Pour asseoir leur autorité, ils se livrent une bataille féroce au milieu de laquelle se trouve le peuple innocent.

En Avril 2019, le Commissaire divisionnaire de police, Têko Mawuli Koudouovoh est débarqué du poste du Directeur Général de la Police pour la Commission nationale de lutte contre la prolifération, la circulation et le trafic illicite des armes légères et de petits calibres (CNLPAL). Une nomination au CNLPAL perçue par certains observateurs comme une réponse aux injonctions de certains officiers de la police. Il sera remplacé par le Lieutenant-colonel Yaovi Okpaoul.

Le 27 avril 2020, le Colonel Kodjo Amana remplace le Lieutenant-Colonel Yaovi Okpaoul à la tête de la Force spéciale mixte anti-pandémie créée quelques semaines plus tôt. Le Directeur de la Police paye ainsi le prix de plusieurs incidents relevés après l’instauration du couvre-feu dans la crise sanitaire. Là aussi, les informations indiquent que certains éléments dont les hauts gradés n’ont pas vu d’un bon œil la promotion du Directeur de la police nationale à tête d’une force mixte composée de policiers, gendarmes et des militaires essentiellement issus de la Force élection 2020 dirigée justement par le Colonel Kodjo Amana. Par conséquent, depuis son limogeage, les incidents sont rares.

Pour obtenir le départ du Lieutenant-Colonel Yaovi Okpaoul, ses détracteurs n’ont trouvé d’autres moyens que de déverser leur colère sur les honnêtes citoyens jusqu’à leur ôter la vie.

De sources concordantes, ceci n’est que la partie visible des conflits latents qui opposent certains officiers des Forces de défense et de sécurité. En effet, l’assassinat du Colonel Madjoulba Bitala lève le voile sur ces conflits au sein de la hiérarchie militaire. Ce dernier dont le corps sans vie a été retrouvé le 4 mai dernier dans son bureau du camp du Bataillon d’intervention rapide (BIR) a été remplacé, quelques heures seulement après l’annonce de son décès. Certaines sources évoquent un règlement de compte entre hauts gradés. Un mois après cette mort suspecte, l’enquête piétine. Aucun communiqué de la part de l’Etat-major des Armées, ni du ministre de la Défense et Chef suprême des armées qu’est le chef de l’Etat Faure Gnassingbé, ni du gouvernement, jusqu’à ce jour quant au décès de cet officier de haut rang et commandant de la première région militaire du Togo (le Sud).

Chacun veut protéger son petit business…

Ces conflits au sein des Forces de défense et de sécurité togolaises découlent « des petits business » auxquels se livrent certains officiers. « Quand, ces hommes en uniforme voient la nomination d’un nouveau Chef (ndlr : ministre notamment) comme susceptible de leur porter préjudice, ils n’hésitent pas à utiliser les grands moyens », dixit une source avisée.

En effet, l’armée est souvent perçue par ceux qui les dirigent comme une source d’enrichissement. Outre les généreuses commissions sur les achats d’armes, le détournement des soldes versées aux hommes de troupe et la surévaluation des effectifs constituent des pratiques les plus en vogue. Les soldats fantômes constituent alors un véritable jackpot. Mais le partage du butin est le lieu où naissent les conflits.

Ces conflits seraient aussi à l’origine de la montée de l’insécurité avec, en toile de fond, les braquages et les cambriolages.

La montée de l’insécurité…

Après un bref passage du Colonel Gnama Latta, le Général Damehame Yark pris, depuis 2012, les rênes du département Sécurité et Protection civile. A une période de fort taux d’insécurité dans le pays, l’ancien patron de la Gendarmerie avait notamment pour mission de mettre hors d’état de nuire les grands bandits qui sévissent dans la capitale et sur certaines routes à l’intérieur du pays. Mais que nenni.

La situation s’est même détériorée depuis son arrivée au Ministère de la sécurité, selon l’avis de certains citoyens avec le braquage spéculaire qui s’est déroulé à l’aéroport de Lomé en 2014. Quelques semaines après ce braquage, Colonel Massina Yotrofei, ex-directeur de l’Agence nationale du renseignement (ANR) est nommé à la tête de la Gendarmerie nationale. Lui non plus n’a pas réussi à briser la spirale infernale des braquages.

D’ailleurs, le Ministre de la Sécurité et de la Protection civile et le Colonel Massina Yotrofei, de sources sûres, entretiendraient une relation froide depuis des lustres. Pourtant, les deux services constituent des maillons essentiels de la chaîne sécuritaire. Par conséquent, cette relation tumultueuse est exploitée par les malfrats pour semer la terreur sans être inquiété. Ces malfrats sont tellement en terre conquise que leurs collègues dans le crime des autres pays de la sous-région s’invitent au Togo.

Malheureusement, au centre de ces conflits d’intérêts se trouve le petit peuple. Si le rôle controversé des Forces de défense et de sécurité dans le maintien de la dynastie des Gnassingbé a obligé le peuple à ne pas avoir une bonne perception d’eux, les conflits d’intérêts entre les officiers contribuent aussi à cette mauvaise image que le peuple a des hommes en uniforme au Togo.

Et visiblement, la refondation des Forces de défense et de sécurité décidée par le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé n’a rien changé aux habitudes de certains officiers prêts à tout pour protéger leurs intérêts personnels.

Et visiblement, la refondation des Forces de défense et de sécurité décidée par le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé n’a rien changé aux habitudes de certains officiers prêts à tout pour protéger leurs propres intérêts.

Source : Fraternité

Source : 27Avril.com