Togo, Grand reportage : Kpalimé, capitale de la « fiesta »

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Kpalimé est sans doute la ville togolaise où il fait bon vivre. Située à 120 kilomètres au nord ouest de Lomé, cette localité tire son attractivité de plusieurs facteurs. Tout d’abord, c’est une ville qui se situe dans la région des Plateaux réputée pour son paysage verdoyant, un impressionnant relief et d’une magnifique flore.

Nichée au creux d’une vallée entourée de montagnes dont le mont Agou, la ville est au carrefour des routes qui mènent vers les autres régions du pays et vers le Ghana voisin, situé à quinze kilomètres. Kpalimé, c’est aussi un carrefour des sites touristiques. Elle est la première destination des visiteurs expatriés. La ville est en plein développement.

De nouveaux hôtels sortent de terre, de nouveaux restaurants émergent, des bars pullulent à chaque coin de rue, des discothèques et autres font le plein. La ville bouge et attire de plus en plus de visiteurs chaque week-end. Kpalimé, de manière caricaturale, garde son statut de ville fiesta avec son lot de perversités aux conséquences néfastes. Un week-end passé dans la localité nous a permis de découvrir un « monde » à part. Malgré les vicissitudes de la vie, elle offre un cadre idéal pour passer de bons moments, histoire de se distraire et profiter des bienveillances de la nature.

Kpalimé, « l’attirante »

Chef-lieu de la préfecture du Kloto, Kpalimé est une agglomération essentiellement agricole. Elle est connue pour être la terre du café-cacao au Togo. Le paysage y reste toujours vert, même pendant la saison sèche. Ceci favorise la production des fruits, des tubercules, des céréales, entre autres. Le grand marché de la localité s’anime les mardis et samedis. On y retrouve presque tout, mais surtout les fruits qui font venir des bonnes dames de presque tous les coins du pays. « Les femmes viennent plus de Lomé pour payer les fruits pour aller les revendre. Les avocats et les ananas sont les plus prisés, sans oublier les bananes et les mangues. Les fruits ont leurs saisons, mais il n’en manque jamais ici à Kpalimé », affirme une bonne dame grossiste d’ananas, rencontrée au marché de fruits.

Ce qui attire plus à Kpalimé, c’est sa demi-dizaine de belles cascades naturelles dont les plus fréquentées sont à Kpimé, à Tomegbé, à Kpelé Tsavié, à Zomé et à Yikpa. « Kpalimé, c’est la ville des cascades. Il y en a un peu partout. Ce sont elles qui attirent plus les visiteurs. Au-delà des touristes qui viennent, certaines familles font le tour dans la localité pour passer leur fin de semaine. Il fait bon vivre ici », confie Alick, journaliste à la radio islamique de Kpalimé.

D’autres sites touristiques font le charme de cette localité. Il existe encore dans la région de nombreux bâtiments coloniaux, vestiges de l’époque coloniale allemande. On y retrouve ainsi la cathédrale construite en 1913, l’ancien hôpital allemand, mais aussi la maison du Keiser habitée par le préfet à Misahöhe, la maison du gouverneur à Kouma avec le château Vial, entre autres.

Les écoles organisent elles aussi régulièrement des excursions sur Kpalimé. « Ce n’est pour rien que les établissements scolaires de divers horizons du pays viennent en excursion ici. Les élèves affectionnent notre ville et y passent des moments inoubliables. Il y a au-delà des cascades qu’ils visitent, le mont Agou qu’ils désirent voir de visu. De nombreuses œuvres artisanales les fascinent », indique Bob Atikpo, jeune entrepreneur à Kpalimé.

Concernant les œuvres d’arts en question, de nombreux artisans exercent leurs talents soit seuls, soit en groupes soit encore dans des centres artisanaux. Ils produisent une variété d’objets, notamment les sculptures sur bois. On y retrouve également des potiers, des tisserands, des calebassiers et autres. Les femmes tissent les textiles aux couleurs vives qui représentent des motifs africains traditionnels. « Plusieurs rastas sont vendeurs d’objets d’arts et attirent les blancs vers eux. Ils ont aussi des associations dont certains Blancs sont partenaires. Chaque week-end, il y a un bar nommé Reggae Bar situé à coté de Zion-to à Nyivéme qui bat son plein. Les orchestres n’y jouent rien que du reggae en live. Les touristes fréquentent régulièrement cet endroit. En outre, les rastas maîtrisent bien les sites touristiques », confie Alick.

Kpalimé, la ville des hôtels

La ville de Kpalimé étant réputée pour les intenses activités touristiques qui s’y développent, plusieurs infrastructures d’accueil s’y sont implantées. Naturellement, cette agglomération dispose d’une pile d’hôtels. Peut-être trop. Au point qu’à chaque coin de rue, on retrouve un hôtel ou une auberge. Nous nous sommes livrés à un petit exercice statistique et le résultat s’est révélé impressionnant. A l’entrée de la ville, on trouve l’hôtel Fanny, qui se retrouve lui-même en face de l’hôtel 30 Août au quartier Kpété qui se situe devant hôtel Wara. A quelques mètres d’eux, se trouve Jess hôtel.

L’hôtel Djim est situé quant à lui à quelques mètres de la grande station de Kpalimé du côté Est. A côté du rond-point Texaco est nichée l’auberge Domino. A peine 75 mètres en allant au rond-point Bakoula, il y a l’auberge Délice. Le quartier Nyivemé bat tout de même les records en la matière. On y retrouve l’hôtel Evasion derrière CPE Zion-to, Cristal, Sunem, Caraïbe. A 50 mètres de là, se trouve l’hôtel RCL, toujours à Nyivemé. Sur la route d’Atakpamé près de la nouvelle agence de la BTCI, on retrouve l’auberge Aurore et Ivans Plaza peu après Kpodji où se trouvent également l’hôtel Vakpo, ainsi que Ma Mélodie. Dans le quartier Novissi, nous n’avons trouvé que l’hôtel la Détente. L’hôtel Geyser se trouve sur la route de Kusuntu qui abrite également l’hôtel Vakpo. A noter que cette liste n’est pas exhaustive.

« Chaque quartier ici à Kpalimé dispose d’une structure hôtelière. C’est un bon business et les gens en construisent chaque jour (rire). Il y a actuellement une dizaine de chantiers de construction d’hôtels à travers la ville. C’est un business florissant », explique Prince.

Les week-ends de folie

Les week-ends à Kpalimé sont tous particuliers. La ville s’anime, les bars débordent et les hôtels sont presque tous remplis. Ils se suivent et se ressemblent. Pour ce reportage, il nous a été extrêmement difficile de trouver une chambre d’hôtel libre. En effet, c’est après moult recherches qu’on a pu en trouver ; c’était la seule disponible dans le centre, nous a dit le gérant.

Chaque fin de semaine, les gens de Lomé, qu’ils soient du milieu ou non, viennent en villégiature dans la localité. Raison pour laquelle il y a une forte activité humaine. « Chaque week-end, c’est la fête ici. Déjà les vendredis, les véhicules se bousculent pour arriver. Et le lendemain, les gens organisent des fêtes à divers endroits de la ville. Des pique-niques se déroulent un peu partout ; les nuits, place à la belle vie », raconte un habitant

Dans ce contexte, c’est la prostitution juvénile qui se développe de manière galopante et inquiétante. On retrouve des coins chauds où les jeunes filles se livrent à des activités « sexuelles » en contrepartie des espèces sonnantes et trébuchantes. Selon des indiscrétions, de telles activités sont très rémunérées dans le milieu. Les boites de nuit sont les lieux prisés des « Jet Setteurs », le gratin des fils de riches, des DG de sociétés, de grotos et de vrais pervers qui n’ont que faire de leur argent. Ici effectivement, l’argent et le sexe coulent à flot. A quelques encablures de l’hôtel Cristal, se trouve « un marché de nuit ». Les jeunes filles du milieu, surtout des élèves jouent le jeu à merveille. Selon certaines indiscrétions, il existe d’ailleurs un réseau de proxénètes qui disposent des contacts des filles qu’ils envoient aux « potentiels » clients qui annoncent leur arrivée dans la localité. Les conséquences, point besoin d’y revenir.

« Je ne sais pas ce que je vais rester faire à Lomé, Kpalimé est une ville que j’affectionne tant et la vie ici me plaît assez. Si je vais à Lomé, je prie seulement que mon séjour vienne à terme pour que je retourne chez moi. Si je sors de cette ville, c’est pour aller à l’étranger ». Tel est le serment d’amour d’un jeune natif de Kpalimé à sa localité.

Source : Shalom Ametokpo, Liberté No.2420 du 18 avril 2017

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