Le 13 janvier 1963, l’adjudant-chef Bodjollé exécute le premier coup d’État de l’Afrique fraîchement « indépendante » et commet le premier assassinat politique d’un dirigeant élu, le Président Sylvanus Olympio.
Un de ses complices, le sergent Étienne Eyadema qui revendiquera par fanfaronnade le meurtre avant des tentatives ridicules de reculade, à force de manipulations, d’intrigues et avec l’aide de tous ces sous-officiers qui deviendront l’ossature de la future armée qu’il a imaginée et qu’il va construire de ses mains, va vite prendre les commandes de la petite troupe d’hommes armés du pays. Il veut le pouvoir…
Dans cet objectif, il sait qu’il lui faut éliminer tous ses anciens complices du 13 janvier. C’est ce qu’il entreprend très minutieusement et implacablement : les Bodjollé, Dadjo, Chango, Abalo, Kongo, Djaffalo…etc sont impitoyablement éliminés par ses inconditionnels hommes de main aux ordres.
La voie enfin libérée, il s’installera et gouvernera d’une main de fer jusqu’à sa mort le 5 février 2005. C’est le règne sans partage de Koyaga…
Dans l’intervalle, ces sous-officiers sont promus officiers dans la nouvelle armée et installés dans tous les postes-clé du nouveau pouvoir : ce sont les grognards du Général-Président.
À sa mort, c’est encore eux qui, par fidélité à sa mémoire, sinon par une adoration inspirée par la peur, ont installé un de ses fils, Faure, pour lui succéder.
Mais la fortune tourne…vite. Pour asseoir son pouvoir, le fils ingrat décide de créer sa propre garde rapprochée puis d’éliminer les grognards du père : que sont devenus les puissants officiers Bonfoh, Gnofame, Mémène, Ayeva, Nandja, Titikpina… et tant d’autres ? Impitoyablement mis au rencart (à la retraite, paraît-il) et obligés de vivre désormais d’expédiants, qui dans les champs, qui dans le commerce, qui encore dans l’artisanat.
Oui qu’êtes-vous devenus, vieux grognards ? Réduits au silence et à l’inaction ! Livrés à vos regrets et amertume ! N’est-ce pas ainsi que va la vie pour tous les adorateurs sur-zélés lorsqu’ils croisent le chemin d’ingrats impénitents ?
Vieux grognards de Eyadema, PARLEZ !
SAUVEZ le peuple pour lequel vous avez déjà tant donné !
ENTREZ dans l’HISTOIRE !
Ayez ce SURSAUT
d’HONNEUR,
de FIERTÉ,
d’ORGUEIL !
…PARLEZ !
Kofi Yamgnane
27Avril.com