Un forum Togo-Japon en novembre prochain à Lomé. A peine la septième édition de la TICAD a-t-elle refermé ses portes le vendredi 30 août que l’on annonce déjà la tenue, à Lomé au Togo en novembre prochain, d’un forum devant regrouper les hommes d’affaires des deux pays. C’est le cadeau (sic) que Faure Gnassingbé et sa longue suite qui ont séjourné au Japon ont ramené aux Togolais, pendant que d’autres pays ont ramené du concret à leurs populations. Ce forum n’est que le nième d’une série organisée par Faure Gnassingbé en quatorze ans de régence. Mais pour quelles utilité ou retombées ?
Forum Togo-Japon en novembre à Lomé
Le commun des Togolais s’attendait peut-être à du concret, du vrai concret, pas des annonces aguichantes sans suite. Mais il a eu droit à l’annonce d’un forum Togo-Japon. « Les hommes d’affaires japonais ont été conviés à prendre part en novembre prochain à Lomé aux journées d’échanges organisées par le gouvernement togolais en partenariat avec l’Agence Japonaise de Coopération Internationale JICA et dédiées à l’aide publique au développement ». C’est l’information portée à l’attention de l’opinion par la présidence de la République togolaise. Le forum est annoncé pour novembre prochain, dans deux mois donc. «Coopération bilatérale Togo-Japon et l’aide publique au développement », c’est le thème autour duquel seront organisées ces journées d’échanges entre les deux pays.
Selon les organisateurs, ce forum permettrait aux hommes d’affaires nippons de s’informer sur les opportunités d’investissement au Togo et nouer des relations de partenariat avec les opérateurs économiques togolais. Ce sera forcément l’occasion de chanter une fois de plus le Plan national de développement (PND). Faut-il le rappeler, dans le cadre de la TICAD tenue du 28 au 30 août derniers, Faure Gnassingbé et sa délégation ont vanté suffisamment le PND, visiblement la seule initiative qui puisse offrir le bonheur (sic) aux populations togolaises. Le micro a été tendu à de pseudos-hommes d’affaires japonais et ils ont dit de très bonnes choses sur le Togo…
Le forum de novembre est présenté comme une initiative commune entre le Togo et le Japon. Mais Dieu sait que cette rencontre aura été forcée par les gouvernants togolais, comme ils savent si bien le faire. Et la facture, sans doute salée au vu de ce que cela entrainera comme charges pour faire venir autant d’hommes d’affaires japonais à Lomé, sera forcément assurée par le…contribuable togolais.
Forum économique Togo-UE
Le PND, ce plan miracle (sic), a déjà nécessité l’organisation d’un précédent forum, celui Togo-Union Européenne sur les investissements privés au Togo. C’était les 13 et 14 juin derniers à Lomé. Ils étaient, nous avait-on chanté, plus de quatre cents (400) participants à cette rencontre, des opérateurs économiques pour la plupart, en présence d’éminentes personnalités du monde des affaires comme Carlos Lopez, l’ex-Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, le Vice-président de l’Union européenne, Jyrki Katainen.
Il s’était agi de vanter ce Plan et arracher l’intérêt des investisseurs européens. Mobiliser les investissements privés, promouvoir l’emploi des jeunes et réduire au mieux la pauvreté, tels étaient les objectifs chantés de cette rencontre de deux jours. Une Chambre de commerce européenne au Togo a été lancée. Et bien évidemment, Faure Gnassingbé était le chairman.«En offrant ainsi des perspectives d’épanouissement à nos jeunes, nous les préservons des périls où ils sont souvent entraînés par le désespoir et l’absence d’horizons. Nous devons, de ce fait, persévérer dans la recherche de solutions pour mettre fin au spectacle désolant des embarcations de migrants clandestins, emportant au loin les cerveaux et les bras qui doivent normalement construire nos pays et notre continent », avait-il chanté. Un pari gagné, avaient clamé les officiels togolais à l’issue de la rencontre. Convoyer tout ce beau monde dans la capitale togolaise, c’est évident que la facture doit être forcément salée, et c’est le contribuable qui l’aura supportée…
Sommet sur la sécurité maritime
15 Octobre 2016. Le Togo avait mis les petits plats dans les grands pour tenir ce sommet sur la sécurité et la sureté maritimes à Lomé. Ils étaient une bonne trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement à rallier la capitale togolaise pour cette rencontre peinte comme l’ultime solution au problème de la piraterie maritime et ses fléaux connexes qui affectent l’économie maritime.
Ce sommet était présenté comme une initiative de l’Union africaine et d’ailleurs placé sous son sceau. Mais en réalité, c’était une organisation forcée par le Togo et la facture avait été assurée par notre pays. De 500 millions indiqué dans un premier temps, le budget fut porté à au moins 5,5 milliards de FCFA. Avec tous les soins qui avaient entouré sa tenue, les indiscrétions estimaient l’ardoise à plusieurs dizaines de milliards. Autant de fonds investis dans une entreprise inutile, alors qu’il y avait des urgences à l’époque laissées de côté pour prétexte de manque de fonds. On se rappelle que le gouvernement avait repoussé la rentrée scolaire pour éviter que les enseignants ne gâchent la fête avec des grèves…
De belles intentions avaient été chantées sur cette grande rencontre de Lomé. « La conférence de Lomé entend faire de l’espace maritime le levier principal du développement économique et social de l’Afrique (…) Cette session extraordinaire capitalisera sur les résultats des sommets de Yaoundé (juin 2013) et des Seychelles (février 2015), afin de mettre en place une stratégie africaine de protection des mers et des océans, pour garantir paix, sécurité et stabilité, et faire de l’espace maritime africain le levier principal d’un développement économique pérenne », relevait l’organisation sur son site. Et à l’époque il était chanté que la charte qui en était issue avait été signée par une trentaine de pays. Le texte devrait être ratifié pour son entrée en vigueur. Mais jusqu’à ce jour, à part le Togo, on n’a pas d’information sur un autre pays qui l’aurait fait…
Les forums et sommets aussi onéreux qu’inutiles organisés sous Faure Gnassingbé, on peut les multiplier à foison. Le pouvoir a couru derrière de nombreux autres, mais leur organisation lui a été refusée ou annulée au dernier moment. Au demeurant, loin des objectifs chantés, la tenue de ces rencontres se révèle simplement comme de l’argent – des milliards – jeté par la fenêtre, juste pour satisfaire les caprices ou lubies d’un seul homme. Elles n’apportent absolument rien en termes de retombées. Pendant ce temps, des citoyens meurent d’inanition, d’autres à l’hôpital pour absence de soins primaires, des écoliers étudient dans des cases en banco et sur des troncs d’arbre comme bancs…
Tino Kossi
Source : Liberté
27Avril.com