Togo, « Gamathogate » et Affectation des Magistrats : Kouma Edem Tudiza, le 4ème Substitut en charge du dossier, « catapulté » au Tribunal de Kpalimé

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Togo, « Gamathogate » et Affectation des Magistrats : Kouma Edem Tudiza, le 4ème Substitut en charge du dossier, « catapulté » au Tribunal de Kpalimé

Mercredi passé en conseil des ministres, on a appris de nouvelles affectations de magistrats. Si nous avons jugé important de revenir sur l’information, c’est pour relever un cas qui vaut le détour. Il ressort que parmi la liste, figure le juge qui a eu à recevoir la plainte dans le dossier impliquant le président de la Cour suprême et son fils, les Gamatho. L’affectation du magistrat Kouma Edem Tudiza ne répond-elle pas à une tentative d’étouffement dudit dossier qui éclabousse la tête de la magistrature togolaise ?

Pour combien de temps encore Faure Gnassingbé demeurera passif devant le scandale dans lequel son représentant au sein du Conseil supérieur de la magistrature est impliqué ? A moins que le chef de l’Etat lui-même décide de jouer au « protecteur du mal », la justice togolaise attend que pour une fois, il prenne la mesure de la forfaiture et fasse ce qu’il faut.

Mercredi dernier, le duo Akakpovi Gamatho et Pius Agbetomey a encore frappé. Mais cette fois, l’une des cibles ne serait pas choisie par hasard. M. Kouma Edem Tudiza, précédemment juge au parquet de Lomé a été débarqué de son poste et « envoyé » au près du Tribunal de 1ère instance de 2ème classe de Kpalimé comme Procureur. A première vue, rien d’anormal. Mais il suffit de s’intéresser au dossier d’accaparement des 10 lots dans la banlieue d’Agoè-Assiyéyé dans lequel le président de la Cour suprême et son fils, Philippe Gamatho sont impliqués pour comprendre que cette affectation a pour but d’étouffer l’affaire.

Par décret N°2016-176/PR portant nomination de magistrats, le juge TUDIZA Kooma Edém (magistrat de 2e Grade 3e Echelon) a été nommé Substitut du Procureur de la République près le Tribunal de Première instance de Lomé. C’était en décembre 2016. Alors qu’il était précédemment Procureur de la République près le tribunal de Notsé. Mais voilà que moins de 15 mois après sa nomination, et sans qu’un quelconque grief ne lui soit reproché, il est « catapulté » à Kpalimé.

Rappelez-vous, dans notre parution N°2644 du 28 mars 2018 sous la titraille : « Foncier au Togo et corruption des magistrats/10 lots offerts à Akakpovi Gamatho sur la base d’un « jugement corrompu», une plainte a été adressée le 13 décembre 2017 par les acquéreurs des terrains au Procureur de la République, Essolissam Poyodi, contre les nommés Togbé Aziamadji, Kpové Koami Atavi et Kowou Yao alias OK pour falsification, usurpation, faux et usage de faux et menace de mort. Et nous avions relevé que « contre toute attente, on a appris que le juge Phillipe Gamatho –celui qui s’était négativement illustré alors qu’il était en poste à Tsévié- s’est « infiltré » dans le dossier, a fait pression sur le commissaire chargé de l’enquête et sur son collègue en charge du dossier ». Et la plainte est demeurée sans suite à ce jour. Le collègue de Philippe Gamatho n’est autre que…Tudiza Kooma Edem !

Si aujourd’hui il s’avère que Tudiza est « frappé » pour avoir prêté le flanc, pourquoi alors Philippe Gamatho, celui-là qui a usé de « trafic d’influences », n’est pas encore entendu par l’Inspection générale ? Puisqu’au final, le but pour lequel il est rentré dans le dossier est atteint : les prévenus accusés de « faux et usage de faux » ont été relaxés par le parquet. Sur insistance du fils du président de la Cour suprême.

Le silence qui entoure l’implication du président de la Cour suprême dans l’accaparement des lots à Agoè-Assiyéyé constitue un précédent d’une gravité sans nulle autre pareille. Car il s’apparente à une absolution à tous les magistrats véreux et ressemble à un appel lancé à l’endroit des autres magistrats : « Ne faites pas ce que je dis, faites juste ce que je fais », pourrait-on résumer la forfaiture de Gamatho et son fils. Que se passerait-il si chacun des 200 magistrats que compte la magistrature se décidait à faire comme le président ? Même le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui est si prompt à diligenter des enquêtes contre les autres magistrats, semble atteint de « tremblote ». Des informations crédibles faisant état de ce que certains juges ayant eu connaissance du dossier d’accaparement sans avoir tenté de couvrir leur président, seraient aussi dans son viseur. Un haut magistrat se désolait en ces termes : « Il est évident que nous avons échoué sur le terrain politique, mais si sur le plan de la justice dans le foncier et sur le plan administratif nous échouons aussi, je ne sais pas ce qui nous reste encore à faire dans ce corps de métier ».

Depuis que l’affaire a été révélée au grand jour, le président et son fils semblent faire dos rond, le temps que la tempête passe. Malheureusement pour lui, nombreux sont ses collègues magistrats qui ont réalisé que pour leur président, la morale vaut pour les autres, mais pas à lui et son fils. Dans certains dossiers, Akakpovi Gamatho a frappé sans que des preuves n’existent. Mais dans son cas, les preuves sont flagrantes, mais personne n’ose appeler un chat un chat. Personne, sauf votre journal.

Abbé Faria

Source : Liberté N°2660 du Vendredi 20 Avril 2018

27Avril.com