Dans sa parution N° 298 du 8 au 14 avril 2018 l’hebdomadaire panafricain «Jeune Afrique» a rappelé au bon souvenir des Togolais ce qu’est devenu François Boko depuis son départ en exil en 2005. Dans la rubrique « Comme le temps passe, ils étaient sur le devant de la scène. Que sont-ils devenus ? », l’auteur revient sur le parcours de cet officier qui, en 2005, a osé dire non au prix de sa vie.
« En 2005, François Boko, alors ministre de l’Intérieur du Togo, avait démissionné pour protester contre la tournure que prenait la transition après le décès de Gnassingbé Eyadema. Il s’était réfugié en France. Les autorités de son pays ayant refusé de lui renouveler ses papiers d’identité, il a fini par être naturalisé français et par reprendre ses activités. Ce Saint-cyrien, par ailleurs docteur en sciences politiques de l’université de Paris-I, a fondé en novembre 2005 JID-Avocats, un cabinet établi à Paris qui a passé des contrats avec l’UE et l’AFD pour conseiller plusieurs Etats d’Afrique sur la réforme de leurs systèmes judiciaires. Actuellement à Niamey, dans le cadre du Projet d’appui à la justice et à la sécurité du Niger, il sera en mai au Maroc, où l’UE finance des reformes identiques à hauteur de 75 millions d’euros. Même s’il exclut de revenir en politique et n’affiche pas ses liens avec l’opposition togolaise, Boko 53 ans, suit de près ses activités et dit « épouser la cause de son peuple ».
A travers ces lignes, on peut retenir quelques enseignements. Le premier, c’est le refus de renouveler à François Boko ses papiers d’identité. C’est un fait d’une extrême gravité qui révèle la vraie face du régime de Faure Gnassingbé qui fonctionne exactement comme son père malgré sa profession de foi : « Lui c’est lui, moi c’est moi ». Refuser de renouveler les papiers d’identité à un citoyen togolais juste pour ses opinions politiques est une violation de la Constitution togolaise et même des conventions internationales sur les droits de l’homme. Comment peut-on en arriver jusque-là lorsqu’on projette ou tente de projeter dans l’opinion l’image d’un dirigeant qui veut faire croire que le Togo a tourné les pires pages de la dictature? Même en France où le débat sur la déchéance de la nationalité est d’actualité, il est impensable de priver un citoyen français de papiers, même si ce dernier a posé des actes contre son pays. Mais au Togo, les dirigeants ont la rancune tenace et sont prêts à aller loin dans leur volonté de nuire et de priver un adversaire politique de ses documents d’identité.
Cette privation de ses droits fondamentaux a contraint François Boko à se naturaliser français. C’est donc au titre de citoyen français qu’il mène depuis quelques années ses activités et missions sur le continent africain. Ceci implique indubitablement une protection de son pays d’adoption. En d’autres termes, ceux qui au sein du système RPT-UNIR avaient tenté de l’assassiner lors d’une de ses missions au Benin et dans une moindre mesure au Tchad, doivent se rendre à l’évidence qu’ils n’ont plus à faire à un citoyen togolais, mais français, a cause de leurs turpitudes.
D’ailleurs lorsqu’il a été sollicité pour être consulté par le Président ghanéen, Facilitateur de la crise togolaise, il a fallu un accord de la France pour que François Boko se rende à Londres. La sobriété du communiqué qu’il a rendu public à l’issue de cette rencontre de plusieurs heures laisse transparaitre l’obligation de réserve liée à ses activités professionnelles.
Enfin, il est tout de même curieux qu’après avoir privé François Boko de ses papiers d’identité, posé des actes attentatoires à sa vie, harcelé les membres de sa famille et ses proches, le régime tente hypocritement à travers plusieurs émissaires, de le convaincre de rentrer au pays sans passer par ceux qui lui ont accordé la protection, à savoir la France.
La deuxième leçon, c’est la nouvelle vie professionnelle de l’ancien ministre de l’Intérieur qui force l’admiration. Docteur en Sciences politiques, diplômé de l’Ecole des Avocats de Paris, militaire Saint-cyrien, François Boko avec son profil s’est vite relancé vers d’autres horizons à travers son cabinet JID-Avocats établi à Paris. Très sollicité sur le continent, il apporte son expertise pour la réforme des systèmes judiciaires de plusieurs pays. Au Benin, au Tchad, au Cameroun, à Madagascar, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Niger, au Maroc, etc. il ne cesse d’impressionner lors de ses différentes missions et laisse la marque d’un homme dense et rigoureux dans le travail.
Le Président Nana Akufo-Addo, après plusieurs séances de travail à Londres, ne s’est pas privé de manifester toute son admiration à l’homme tout en s’offusquant qu’une telle compétence soit hors du Togo et au service des autres pays que le sien. Un pays aux mains des médiocres et où tous les secteurs sont pourris et gangrenés par la corruption, le népotisme, les violations massives des droits de l’homme, l’évasion fiscale, la clochardisation de l’éducation, etc.
Enfin, le troisième enseignement est exprimé en une phrase dans l’article de ‘’Jeune Afrique’’, à savoir : « épouser la cause de son peuple ». Il ne peut en être autrement lorsqu’on se rappelle l’acte téméraire qu’il a posé en avril 2005 en refusant systématiquement de cautionner les massacres planifiés par le régime et les fraudes électorales pour imposer Faure Gnassingbé. François Boko, par cet acte rare au Togo, s’est positionné dès le départ comme un opposant à la succession dynastique au Togo.
En 2010, il s’est délié de ses obligations de réserve pour apporter un soutien majeur à la classe politique en initiant la rencontre de Paris qui a abouti à la création du FRAC (Front républicain pour l’alternance et le changement).
Il a toujours été disponible pour donner son avis, ses conseils à ceux qui le sollicitent. C’est finalement un homme qui prend beaucoup de hauteur et de dignité en ce qui concerne la situation de son pays. C’est l’essentiel de ce qu’il faut retenir dans cet article de ‘’Jeune Afrique’’ paru cette semaine sur l’ancien ministre de l’Intérieur François Akila-Esso Boko
Source : L’Alternative No.696 du 13 avril 2018
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