Son nom résonne et résonnera comme un acteur clé de la société civile montante togolaise. Malgré son handicap (personne à mobilité réduite), on devra encore compter sur lui dans les années à venir car sa détermination et son engagement ne semblent être émoussés par quelles que intimidations ou menaces que ce soient. Après avoir séjourné une dizaine de jours en fin d’année 2021 à la prison civile de Lomé, Fovi Katakou, en est ressorti ragaillardi et plus déterminé que jamais. C’est ce personnage, hors-pair, symbole de la lutte du peuple togolais pour le mieux-être et pour plus de liberté qui, dans cette interview accordée au confrère “Togoscoop Info”, nous parle du sens de son engagement au sein de la société civile togolaise. Lecture…
Qui est Fovi Katakou ?
Fovi Katakou : Je suis le fils d’un enseignant de mathématiques du collège et d’une mère revendeuse. Je suis le cadet d’une famille de 4 enfants. À 5 ans, j’ai perdu brusquement l’usage de mes membres supérieurs et inférieurs.
Et la famille s’est organisée pour m’offrir un cadre plus ou moins favorable au développement de mon potentiel humain.
Ce qui m’a permis de pouvoir fréquenter et d’avoir au moins une licence en Sociologie et communication et de cultiver en moi des valeurs de solidarité, d’amour du prochain, de sacralité de la vie et le souci ardent de rendre concret les valeurs et principes de notre hymne national.
Je suis un militant actif du mouvement NUBUEKE et je milite également dans le Front citoyen Togo Debout. À la maison, les parents m’appellent Fovi. Sur mon certificat de nationalité c’est Katakou Yao Kouma. Je suis un homme très curieux. Et depuis mon enfance, je pose beaucoup de questions sur tout ce que je vois. Avec mon père, c’est le jeu de questions et réponses. Je veux tout comprendre.
Après 5 ans de tentatives à travers les hôpitaux, églises, les tradithérapeutes pour que je retrouve l’usage de mes membres. Un matin, je me suis levé et j’ai demandé au père que je ne veux plus suivre les traitements et que je veux recommencer l’école. Les parents ont accepté et j’ai repris le chemin de l’école.
Si vous devez-vous définir en trois mots ?
Fovi Katakou : En trois mots, je suis : « Nature-Homme-Société » ou Renard, Aigle et Lion.
Pourquoi cet engagement pour la démocratie et l’alternance au Togo ?
Fovi Katakou : Depuis 1963, le Togo est régenté par une seule famille et un clan politique qui ne savent que semer la misère. Après plus de 55 ans du contrôle social nous n’avons qu’un système socio-politico-économique du travail du champ de coton des esclaves.
Ce qui fait que nous n’avons qu’une minorité dans tous les secteurs qui exploite la majorité des Togolais qui meurent quotidiennement sous le poids de la misère.
Nous n’avons que des hôpitaux mouroirs. Nous n’avons pas de routes pour faciliter le transport des personnes et biens de même que le désenclavement de certains milieux reculés. Nous avons toujours des écoles délabrées et un programme éducatif de l’époque de Jules Ferry.
Nous n’avons pas de premiers soins gratuits ni des unités de sapeurs-pompiers en des points stratégiques pour pouvoir secourir en un temps record.
Les jeunes togolais se sentent étranger dans leur propre pays. Et chacun veut fuir le pays par tous les moyens. Même s’il faut prendre la mer, les jeunes togolais sont prêts.
La prolifération des mères célibataires, l’irresponsabilité des hommes à prendre soin de leur femme et enfants. Dans nos quartiers nous observons que le banditisme et la prostitution prennent de l’ampleur à cause de la misère. Au Togo, la justice est devenue pour les plus riches et forts. La prison, surtout celle de Lomé, est plutôt un lieu pour détruire l’Homme. Le Togo est un centre d’expérimentation des faits politiques qui détruisent la jeunesse africaine.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, le Togo est une honte pour tout togolais vivant à l’intérieur du pays et à l’extérieur. Car pour insulter, donner un exemple abominable en Afrique. C’est le Togo qu’on cite. Et à l’étranger le togolais n’arrive pas à s’affirmer avec fierté comme venant du Togo. L’insécurité, la violation permanente des droits de l’homme et la misère sont le quotidien des togolais….
C’est l’ensemble de ces faits qui obligent tout être humain doté de raison et qui a l’amour de l’Homme et de la nature à s’engager pour faire renaître des structures et institutions qui vont permettre à tout citoyen sans distinction aucune de pouvoir développer son potentiel humain et de s’affirmer avec fierté d’appartenir à un État.
Je veux vivre dans un pays où je dois avoir l’assurance et la garantie qu’en tout moment et partout j’ai un Etat qui veille sur mon bien-être.
Ce sont les raisons de mon engagement pour la démocratie et l’alternance.
Avec l’alternance, les différents groupes d’hommes qui vont occuper les postes de décisions, conceptions et d’exécution vont pouvoir apporter aussi leur savoir-faire, savoir-être pour le bien de nous tous. Et on va plus perdre de l’énergie à conserver le pouvoir. Mais l’énergie va être utilisée pour le développement de la société. Et il y aura la libération de l’énergie créative et imaginative.
Vous êtes une personne en situation de handicap. Malgré votre état, vous êtes toujours ‘’au front’’ là où les personnes valides ont démissionné. N’avez-vous pas peur pour votre vie ?
Fovi Katakou : Le prénom de mon père c’est N’DANOU. Ce qui veut dire ce qui sort de l’entendement humain.
Mon combat pour un Togo prospère et libre pour tous, c’est depuis le tout petit. Et j’ai vite compris que je dois me former sur tous les plans sur ça.
Après mes études sur l’histoire des luttes et le vécu de certains leaders, c’est clair que la lutte pour la restauration de la dignité humaine ce n’est pas uniquement une question de physique.
Nous avons dans l’histoire plein de personnages qui au début ne présentent pas des caractéristiques pour mener un combat populaire ou qui sont physiquement faibles, n’ont pas fait d’études mais qui se sont révélés à l’humanité par la grandeur de leur âme.
Che Guevara est un maladif, mais malgré son faible physique, il a mené une lutte pour la liberté de l’Homme. Nous avons le cas de Roosevelt aussi.
Selon l’histoire, le handicap ou le niveau d’étude ne peut être une excuse pour obéir à un régime oppressif, ou aller collaborer avec un oppresseur parce qu’on est faible.
Et en plus quand on mène un combat pour les idées universelles, ni la mort, ni les arrestations ne peuvent être un frein.
Et les idées pures triomphent toujours de tout système oppressif. Nous avons les exemples d’apartheid, de colonisation, du racisme primaire…
Il est écrit : « n’ayez pas peur de celui qui peut détruire le corps mais ne peut rien contre l’esprit ».
Nos frères et sœurs qui conçoivent le pouvoir comme héritage familial, qui n’ont qu’une logique binaire dans la tête par rapport au pouvoir, c’est-à-dire le dessus ou dessous, prennent chaque jour des médicaments. Ils tombent malades aussi. Ils ont déjà souffert de la perte d’un être cher. Nous connaissons l’histoire de la fin de vie de certains dignitaires de ce système. Eux qui se comportaient comme des dieux sur terre. Nous savons tous comment ils ont terminé.
Et en plus, la misère que nous vivons au Togo, fait que la vie chaque jour c’est déjà courir le risque de mourir. Chaque jour pour des citoyens comme nous au Togo le risque de mourir est très grand. Des accidents de routes, manque de premiers soins, les braquages, des morts à petit feu à cause de l’ultra exploitation, ce sont quelques exemples de causes qui tuent quotidiennement au Togo.
Après une étude approfondie sur les risques en tant qu’une personne à mobilité réduite dans une lutte pour la restauration de l’or de l’humanité au Togo. Il est clair que rester silencieux devant la violation permanente des droits de l’homme et le champ de misère comporte plus de risques de mourir que de s’engager. Et la peur est un sentiment naturel qui nous permet d’agir avec plus de rigueur, de rationalité, d’humilité, d’honnêteté. Afin que seule transparaît dans nos actions l’engagement pour la restauration de la dignité humaine.
Que pense votre famille de votre engagement ?
Fovi Katakou : Depuis mon enfance je suis différent. Les questions que je posais montrent qui je suis et ce que je veux faire. Par rapport à la manière dont j’ai dû dompter mon handicap qui apparemment pourrait être un obstacle pour moi mais qui est plutôt devenu un moyen de canalisation de mon énergie et de me permettre de découvrir ce qu’est l’être humain sur tous les plans puis de me connecter avec moi-même.
Ce qui fait que mon rapport avec l’autre et les faits posent des questions de profondeurs à tout observateur.
Mon père me fait confiance et croit aux choix que je fais.
Ma mère, elle fut l’architecte qui a dressé mon esprit dans le bon chemin avec la rigueur d’une maman africaine.
J’ai pris des années pour préparer l’esprit des parents à accepter mon engagement citoyen malgré mon état. Nous faisons à la maison des débats sur les faits de la société. Chacun développe ses arguments avec des idées concrètes rationnelles. J’ai des éléments historiques, socio-politico-économique pour prouver mes analyses.
L’écho que les parents reçoivent de mes analyses et ma vie font qu’ils sont dans l’obligation de me laisser tout en me demandant de mettre toujours l’Homme au centre de mes actions.
Un jour je faisais un débat avec ma mère. Elle développe des arguments à la togolaise pour me dissuader de l’engagement. « Si vous refusez à vos enfants de s’engager. C’est l’enfant de qui, va venir le faire pour vous ? Si vous dites que les leaders sont ci, cela…….et qu’au même moment vous ne voulez pas outiller vos enfants à être mieux. Que voulez-vous réellement ? C’est à cause de vos peurs maladives que nous avons une seule famille à la tête de ce pays pendant plusieurs années », telle fut ma réponse à ma mère.
Tout le monde dans la famille sait que, quand je m’accroche à une chose, je cherche toujours les moyens rationnels pour réussir. Ce qui fait que tout le monde a fini par accepter mon choix, tout en les rassurant de toujours mettre la rationalité et l’homme dans toutes mes actions.
Vous avez passé quelques jours à la prison de Lomé. Décrivez-nous ce que vous avez vécu dans ce milieu carcéral. Est-ce que la prison de Lomé est un cadre propice pour une personne en situation de handicap comme vous ?
Fovi Katakou : Les dix jours que j’ai passés au SCRIC (Service central de Recherches et d’investigations criminelles) et à la prison civile. C’est du calvaire pour mon physique. Mais sur le plan supérieur, c’est une initiation pour mon élévation mentale. J’ai vu et observé les hommes et les structures.
J’ai fait 5 jours sans faire le wc. Car il n’y a pas de toilettes propices pour moi. 4 jours sans se doucher. Par rapport à mon handicap, j’ai dû faire beaucoup de gymnastique pour que les gens m’aident à pouvoir au moins uriner, manger… Ceux qui veulent à tout prix nous diriger malgré les signes visibles de leur incapacité, n’ont pas intégré la dimension du handicap dans le fonctionnement de nos structures.
Non seulement la prison civile n’est pas un cadre propice pour les personnes en situation de handicap mais aussi pour tout être humain.
Ce que j’ai vu là, je pense la raison et l’humain demande qu’on ferme la prison civile de Lomé et qu’il faut reconstruire une prison nouvelle dans les communes proches du centre de la ville de Lomé. L’espace de la prison civile de Lomé doit être rasé pour donner place à un lieu d’espace vert.
Une nouvelle prison avec beaucoup plus d’espace ou les prisonniers peuvent faire de l’agriculture et de l’élevage, de la formation pratique ou avec l’installation d’une entreprise de montage ou de fabrication de quelque chose en prison.
Dans la nouvelle prison, nous devons veiller à ne pas mettre ensemble tous les détenus. L’accent doit être mis sur la réinsertion. La prison doit être dotée de bibliothèques et des heures de connexion d’internet.
La justice doit revoir sa gestion des prisonniers politiques et des droits communs. Certains jeunes qui sont déferrés à la prison, doivent être plutôt dans un centre de dressement.
La prison doit être repensée pour qu’elle devienne effectivement un outil de récupération des Hommes sur le droit chemin du vivre ensemble, redressement et de la découverte de sa voie.
Nous devons faire appel aux sociologues, historiens, anthropologues, juristes… pour la conception d’un véritable programme de vie en prison au Togo. Et nous devons déconstruire dans l’imaginaire des togolais, de la conception négative de prison. Cette conception négative fait que bon nombre de personnes ne se mêlent pas de ce qui se passe réellement dans nos lieux de détention. Cette indifférence fait que nos prisons sont délaissées. Et la prison est devenue un autre monde où on envoie les rebelles de la société pour qu’ils se débrouillent entre eux ou qu’ils s’auto-éliminent.
Votre arrestation a suscité une vague de compassion tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Comment appréciez-vous cette mobilisation autour de votre nom ? Vous vous êtes dit que votre combat est partagé par la majorité silencieuse ?
Fovi Katakou : Quand on défend la restauration de l’humain, la dignité, avec une constance, vous rentrez dans le cœur des gens. Car ce que j’écris, ne sont que des cris des femmes, hommes, jeunes, enfants dans nos quartiers, marchés, bus, taxis, églises, services, maison, école… Je suis un sociologue de formation.
Je ne fais que traduire avec les mots les frustrations des uns et des autres dans les différents secteurs socio-politico-économiques. C’est ce qui fait que beaucoup se retrouvent dans mes écrits qui ne sont en fait que l’histoire de leur vécu quotidien.
Ce n’est pas juste une mobilisation autour de mon nom. Je traduis par écrire les intentions, les frustrations, les désirs des uns et des autres grâce à ma connaissance sociologique et à mon autoformation sur l’histoire de la lutte des peuples. Et depuis toujours, un être humain qui se met service de la masse pour la lui permettre de connaître les causes de sa misère quotidienne et de lui montrer comment dans l’histoire les gens ont fait pour s’en sortir a toujours les soutiens quand un malheur lui arrive.
J’ai la preuve que les mots que j’utilise pour transcrire la douleur, la souffrance, les frustrations des uns et des autres arrivent à toucher les cœurs.
Mais il me reste encore continuer par chercher les mots, les illustrations justes qui vont nous amener tous à prendre conscience que c’est l’heure pour nous tous sans distinction aucune de nous lever et d’agir pour nos droits socio-politico-économique maintenant.
Qu’est-ce qui a changé dans votre vie depuis que vous êtes sorti de prison ?
Fovi Katakou : Je suis le Fovi Katakou que je suis depuis le tout petit. Cette arrestation pousse maintenant les Togolais à s’intéresser à mes écrits. Dans la rue, certaines personnes ont le courage au moins de m’aborder et de m’encourager. Ça permet que, partout où je suis, si je lance un débat sur un sujet, beaucoup veulent m’écouter.
Le changement, ce sont des oreilles disponibles à m’écouter quand je parle pour qu’ils se fassent leur propre opinion des faits socio-politico-économiques.
Avec ce regain d’attention autour de votre nom, n’envisagez-vous pas une dimension plus nationale à votre combat ?
Fovi Katakou : Notre combat ce n’est pas de jouer le leader ni la star. C’est de contribuer à ma manière aussi avec les seuls outils que je peux utiliser c’est-à-dire les mots, à soulager les peines de l’Homme.
Le leadership qui contrôle le pays tue, détruit le potentiel humain. Nous menons une lutte existentielle. Si je ne le fais pas, je subis aussi les effets de ce leadership. Mon objectif est de libérer les esprits de la peur … et de les émanciper sur la nécessité d’actions autour des droits socio-politico-économique.
Et on ne lutte pas pour devenir un leader. Ce sont les discours et les actes qu’on pose qui amènent la masse à avoir une conscience politique et d’agir elle-même. Je ne m’inscris pas au jeu, du leader moi aussi.
Nous, l’objectif de notre combat c’est la fin du leadership de misère et l’avènement du Togo l’or de l’humanité.
Nous rêvons nous aussi, un pays où les gens vont venir pour la qualité de notre système de santé, éducatif, de la beauté et l’attractivité de notre paysage.
Votre arrestation est le signe que vous êtes non seulement suivi mais aussi que vos écrits font mal. Est-ce que vous allez continuer par écrire ?
Fovi Katakou : L’écriture est une arme. Dans un environnement dictatorial, quand vous produisez des réflexions pour déconstruire l’idéologie, les schémas mentaux qui amènent les gens à obéir sans contraintes, vous devenez la cible de l’oppresseur. Malheureusement pour le dictateur, l’histoire donne toujours raison à ceux qui produisent la pensée critique. Car l’évolution du monde aujourd’hui c’est grâce à la production de la pensée critique.
Je continue par produire des réflexions critiques. S’ils sont obligés aujourd’hui de profiter du système de santé, éducatif… pour eux-mêmes et leur proches des européens, asiatiques et américains c’est grâce à la pensée critique des éclairés des pays de ces continents. Et la pensée critique qui veut restaurer l’homme triomphe toujours de l’oppression et de la dictature.
Aujourd’hui la classe politique de l’opposition est divisée, la société civile amorphe. Qu’est-ce que cela suscite en vous ?
Fovi Katakou : Nous avons mené une étude pour nous faire comprendre ce dans quoi nous nous retrouvons aujourd’hui. Quand nous analysons ce qui divise, nous avons là un problème de conscience politique. Beaucoup se disent engagés, mais ne veulent pas s’auto-former sur l’histoire des luttes, le vécu des leaders et la psychologie humaine. Au fond, tous les différents groupes veulent la restauration des droits socio-politico-économique au Togo. Ce sont les approches qui diffèrent d’un groupe à un autre.
Et aussi fondamentalement nous souffrons des séquelles psychologiques de la colonisation et des plus de 55 ans du contrôle social du clan Gnassingbé. Ce qui fait qu’au lieu de s’émanciper d’abord de ces tares psychologiques et de travailler pour libérer le mental des victimes du système cinquantenaire des schémas mentaux qui les rendent résignés, les amènent à obéir sans contraintes ou collaborer pour le pain.
Par une vision très courte de la réalité sociale, on se laisse emprunter le chemin de la substitution des leaders ou du clan Gnassingbé.
Et la minorité éclairée au lieu de faire un travail véritable pour avoir une opinion publique favorable à l’auto-action pour les droits socio-politico-économique.
Par ignorance et la logique de substitution, elle a plutôt construire une opinion de désengagement politique en réduisant la lutte pour la liberté et prospérité au Togo en une querelle entre le clan Gnassingbé et les partis politiques pro-démocratie. Ce qui fait que les jeunes d’aujourd’hui et la plupart des Togolais ne veulent plus entendre parler de l’engagement politique.
Steve Biko nous disait : « L’arme de l’oppresseur, c’est l’âme de l’opprimé ».
Comment pouvons-nous chercher à avoir des citoyens engagés avec des phrases comme :
– Les togolais ont les yeux ouverts maintenant
– Le togolais a trop donné
– Mort inutile
– Arrêter inutilement
– L’opposition corrompue
– L’élection n’est pas la solution du problème togolais
– Le Togo est un pays atypique
La division de la classe politique ne devrait pas être un obstacle à l’action pour les droits socio-politico-économique normalement. Si, nous qui posons un regard critique sur les partis politiques pro-démocratie nous savons ce qu’est un parti politique dans l’histoire; la lutte de libération et la psychologie humaine. Nous allons plutôt utiliser notre énergie pour activer en chacun de nous l’engagement pour les droits socio-politico-économique dans tous les secteurs de la vie en société. Cette division de la classe politique que nous entretenons à travers nos discours quotidiens, pour nous c’est juste un alibi pour justifier sa résignation, sa peur de perdre… ou d’être… ou préparer l’esprit à sa collaboration prochaine avec le système.
Nous avons aussi des pays qui ont mis fin à la dictature, l’oppression en Afrique. Les partis politiques de ces pays ne sont pas meilleurs ou pires que les nôtres.
L’histoire des luttes récentes en Afrique qui sont arrivées à mettre fin à la dictature montre que le discours de division des partis ne peut être une excuse pour laisser faire l’oppression, l’arbitraire ou d’aller collaborer avec l’oppresseur pour de l’argent.
La société civile militante pour les droits socio-politico-économique, c’est une notion nouvelle. Beaucoup parlent de la société civile comme si ce sont des extra-terrestres qui vont venir faire mieux que les partis.
Alors que la société civile c’est toi, moi, nous tous. C’est la prise de conscience qu’en tant que citoyens, nous aussi, nous pouvons faire quelque chose pour les droits socio-politico-économique. Et l’engagement dans une société civile c’est comme s’engager dans une armée or ici l’arme du soldat militant de droits de l’homme, c’est la non-violence. Alors que la lutte non-violence exige beaucoup de l’autoformation. C’est une lutte sur les plans psychologique, humain, culturel, social, économique…..
Alors que le slogan des togolais est : « La solution du problème togolais ne se retrouve dans aucun livre ».
La société civile militante véritablement, c’est à partir de 2017. Le mouvement NUBUEKE, fut l’un des rares mouvements à s’engager sur cette voie en 2015.
À partir de 2017, les autres mouvements militants de droits de l’homme qui ont vu le jour, sont confrontés à un problème de ressources humaines de qualité en matière de la lutte non-violente et aux problèmes financiers. De même, les arrestations et les intimidations du système dissuadent beaucoup de personnes à s’engager véritablement dans la société civile. Et certaines personnes, qui s’engagent dans la société civile, reproduisent malheureusement ce qu’ils reprochent au parti politique et à leurs leaders.
La société civile aujourd’hui, c’est par rapport à la conscience politique de nous togolais. Il nous revient à nous qui comprenons véritablement ce qu’est la société civile de travailler pour éclairer et de déconstruire les idéologies, concepts qui constituent des obstacles pour l’engagement effectif.
Un mot à ceux qui se disent décourager de la vie…
Fovi Katakou : Je dis souvent à mes amis et frères qui ont des soucis de toujours se rappeler de moi. Si moi je dois laisser les soucis de la vie prendre le dessus. Je serai déjà mort. Je ne pourrai même pas sortir de la maison.
À 5 ans j’ai perdu l’usage de mes quatre membres.
Durant environ 5 ans de ma vie je ne sais pas ce qu’on appelle fête. Je ne connais pas les dates de la semaine. Je ne suis plus en contact avec mes frères. Je menais ma vie à l’hôpital, dans un centre de prière, chez un guérisseur traditionnel. Quand mes parents écoutent que quelqu’un peut les aider, ils m’amènent.
Quand j’ai obligé mes parents à reprendre le chemin de l’école. Les gens ont dit aux parents que je ne pourrais pas fréquenter avec les valides. Les parents sont partis m’inscrire dans une école d’enfants qui ont des problèmes mentaux. Le directeur d’école a décidé de nous rendre visite à la maison avec mes camarades. Quand il est venu, ma mère m’a mis devant la porte de notre chambre. Elle est partie se doucher. Quand le directeur est venu, je lui ai posé des questions sur la personne qu’ils cherchaient et s’ils voulaient attendre que la mère finisse se doucher d’abord. À la sortie de la mère de la douche, le directeur lui a recommandé d’aller m’inscrire dans l’école normale. Ce qui fut fait. Quand les parents sont allés dans une école catholique pour m’inscrire, le directeur a refusé de me prendre.
Les parents sont répartis dans une école officielle. C’est là où le directeur m’a accepté. Je n’avais même pas de fauteuil roulant. Je ne pouvais même pas m’asseoir dans les tables bancs. Durant un mois, ma mère me portait au dos pour venir à l’école. Ma table et mon banc, furent un pagne que la mère roulait chaque matin par terre pour moi pour suivre le cours. C’est après, qu’avec l’aide d’un menuisier, les parents ont confectionné un fauteuil roulant en bois. C’est ce fauteuil en bois que j’ai utilisé jusqu’au CE1.
Quand j’ai eu mon BEPC, le proviseur du lycée moderne d’Adidogomé a refusé de me prendre en classe de seconde. En classe de première mon père est retourné, il a encore refusé. De même en terminal, il a encore renvoyé mon père. Car pour lui je suis un handicapé, je vais gêner les gens pour rien. Je vous rencontre tout ceci, pour vous dire que la vie ne m’a pas offert de cadeau. J’ai transformé tous les obstacles en opportunité. Je n’ai jamais vu mon handicap comme un frein ou un problème. Par le courage, l’audace et la volonté j’arrive toujours à affranchir les obstacles. Pour moi, tant qu’on a encore le souffle de vie. Rien n’est fini. C’est maintenant que des opportunités vont s’ouvrir devant nous. Toute situation qui nous arrive, c’est que nous avons la solution avec nous. Le merveilleux cadeau que nous avons dans ce monde c’est la vie. Et chacun de nous a son temps de gloire, de prospérité. Nous devons avoir une vision claire, et mettre toute notre énergie à son accomplissement. Seul un corps sans vie peut dire qu’il est fatigué. Nous sommes tous une expression céleste.
Si les oiseaux, les arbres trouvent leur bonheur tous les jours, nous aussi, nous allons l’avoir. Vous êtes des vainqueurs. N’abandonnez jamais. Le travail, l’endurance, l’audace payent toujours.
Les personnages historiques qui inspirent Fovi Katakou…
Fovi Katakou : Il y a plusieurs personnages qui m’inspirent. Il s’agit de : Sankara, Mandela, Gandhi, Frantz Fanon, Steve Biko, Marcus Garvey, Malcolm X, Sylvanus Olympio, Tavio Ayao Amorin, Rawlings, Martin Luther King, Chaka Zulu, Alexandre le grand, Cheikh Anta Diop…
Source: Togoscoop Info
Source : icilome.com