« La mobilisation va crescendo. C’est un motif de satisfaction et de fierté pour nous ». Cette par cette phrase que Jean-Pierre Fabre a salué la forte mobilisation des Togolais et leur détermination à faire tomber le régime RPT/UNIR. Les rues ont encore grondé à l’appel de l’opposition qui a dénoncé la réticence du régime à prendre les mesures d’apaisement pour ouvrir la voie à des discussions sérieuses et sincères.
Maintenir la pression jusqu’au départ du pouvoir de Faure Gnassingbé. Les Togolais ont encore manifesté cette détermination le samedi 02 décembre 2017 en répondant par centaines de milliers à l’appel des 14 partis politiques formant la coalition de l’opposition. Cette manifestation s’est déroulée dans la capitale et dans d’autres localités du pays. Des marées humaines ont été encore visibles, preuve que la détermination, malgré trois mois passés à manifester, ne faiblit pas.
Pour les responsables de l’opposition, cette détermination est à saluer et à encourager. La mobilisation populaire a également permis, à partir de cinq villes, de faire prendre conscience à toute la population togolaise de la situation qui prévaut dans le pays. « Jamais ils ne réussiront à nous diviser. Ils ne monteront pas une ethnie contre une autre, ce n’est plus possible ! Voilà le Togo et ce Togo-là, vous l’avez façonné. C’est grâce à votre courage », a déclaré Me Abi Tchessa du Pacte socialiste pour le renouveau (PSR). «Comme tout le monde l’a constaté, malgré les faux chiffres avancés par le ministre de la Sécurité, la mobilisation va crescendo. C’est un motif de satisfaction et de fierté pour nous », a déclaré Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et chef de file de l’opposition.
Cette satisfaction de la coalition de l’opposition vis-à-vis de la mobilisation populaire a été réitéré dans la déclaration ayant sanctionné la manifestation de ce 02 décembre 2017. « Depuis quatre mois, vous êtes massivement mobilisés dans la rue à l’appel des forces démocratiques pour exprimer haut et fort et pacifiquement votre détermination à mettre un terme définitif au régime RPT/UNIR afin d’engager irréversiblement le Togo sur la voie de la démocratie et du développement. La marche de ce jour est la 17ème que nous organisons après la violente répression de la marche du PNP le 19 août 2017 », ont souligné les responsables politiques.
Cette détermination des populations est-elle vaine ? Pas du tout, se réjouissent les membres de la coalition qui ont égrené quelques victoires engrangées. « Chers concitoyens, vous ne vous mobilisez pas pour rien. Alors que le régime voulait nous berner par une réformette adoptée à la sauvette à l’Assemblée nationale, alors que le régime voulait nous dribbler par un référendum aux résultats connus d’avance, vous l’avez contraint par votre mobilisation massive à accepter de négocier avec la coalition des 14 partis politiques. Vous avez amené le régime à renoncer à son projet sordide d’interdiction des marches en semaine. Vous avez réussi à faire désactiver le projet macabre des milices et à faire renvoyer au placard les miliciens qui avaient fait leur réapparition les 18 et 19 octobre 2017 », s’est félicitée la coalition.
Tout n’est pas pour autant rose dans cette lutte populaire pour l’alternance démocratique. Et pour cause, les mesures d’apaisement ne sont pas encore prises par le gouvernement. Et l’opposition a dressé son bilan des fameuses mesures. « Certes, une quarantaine de personnes détenues suites aux manifestations ont été libérées. Nous sommes également heureux de compter le Secrétaire général du PNP, Dr Kossi Sama parmi les personnes libérées. Nous nous réjouissons de ce que la plupart des motos saisies ont été restituées à leur propriétaire qui ont ainsi retrouvé leur outil de travail, même si certaines ont été endommagées », ont présenté les responsables de l’opposition.
Malheureusement, « les imams de Sokodé et de Bafilo ne sont toujours pas libérés, les détenus des incendies des marchés et une cinquantaine de manifestants croupissent toujours en prison. Malgré les annonces du gouvernement, les villes martyres de Mango, Sokodé et Bafilo sont toujours en état de siège, et l’exercice du droit constitutionnel de manifester est toujours interdit dans ces trois villes et à Kara. De nombreux foyers de répression aveugle commencent à naître ici et là, notamment à Tchamba. A Lomé, les manifestants font toujours l’objet de brimades, notamment en face de l’Etat-major sur la nationale N°1 et à Agoè ».
Outre ces faits, l’opposition a également dénoncé l’arbitraire, les chasses aux responsables et militants de l’opposition dans les localités du nord du pays et un climat de terreur. Y mettre fin serait, selon l’opposition, synonyme d’une réelle disponibilité de Faure Gnassingbé à des discussions sérieuses et sincères « pour trouver des solutions durables aux problèmes qui minent notre pays et bloquent son développement ».
Pour la semaine qui débute, une seule manifestation a été annoncée. Elle aura lieu le jeudi 07 décembre 2017.
Géraud A.
Source : Liberté No.2571 du 4 décembre 2017
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