Togo, Fin des travaux de la morgue du CHU-SO : Réouverture un an après…contre 3 mois promis

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Togo, Fin des travaux de la morgue du CHU-SO : Réouverture un an après…contre 3 mois promis

Fermée le 15 juillet 2018, la morgue du Centre hospitalier universitaire (CHU)- Sylvanus Olympio sera rouverte le 1er août 2019. Plus d’un an après alors qu’à l’époque, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Moustafa Mijiyawa avait annoncé que les travaux allaient durer seulement trois mois.

Dans un communiqué en date d’hier, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Moustafa Mijiyawa a annoncé la fin des travaux de réhabilitation et donc la réouverture effective de la morgue du CHU Sylvanus Olympio fermée depuis le 15 juillet 2018.

Et enfin ! Doit-on dire. Et pour cause, la décision de la fermeture de cette morgue qui dessert Lomé et ses environs a été une véritable surprise. L’annonce a été faite le 04 juillet 2018 et les familles éplorées ont été invitées à retirer les dépouilles de leurs proches dans un délai de 10 jours. Ce qui a occasionné, pour ces nombreuses familles, des désagréments dont la précipitation des cérémonies funéraires.

En outre, en fermant la morgue, le gouvernement a contraint les familles à s’adresser à des structures en dehors de la ville de Lomé. Très vite, les morgues d’Aného, Tsévié, Kpalimé, etc. ont vu leur capacité d’accueil dépassée. D’autres familles ont simplement préféré sortir du territoire pour conserver les dépouilles dans les morgues du Ghana voisin. Tous ces déplacements ont engendré des coûts supplémentaires pour ceux qui ont été frappés par le malheur.

Pour toutes excuses, Moustafa Mijiyawa écrit : « Tout en regrettant les désagréments liés aux travaux, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique présente une fois encore sa compassion aux familles éplorées ». Et pourtant, plusieurs organisations l’ont saisi sur l’inopportunité et les préjudices liés aux travaux de réfection de la morgue alors que d’autres services du CHU, à l’instar de la Pédiatrie, font face à des problèmes plus urgents. « Le ministre ferait mieux de démarrer les travaux de réhabilitation par un service autre que la morgue, comme par exemple la pédiatrie. Même s’il fallait commencer par la morgue, on devrait arranger une autre place au sein du même centre pour conserver les corps qui y sont déjà déposés au lieu de demander aux familles éplorées de venir retirer leurs corps au plus tard le 14 juillet », avait fustigé Emmanuel Sogadji, à l’annonce de la fermeture de la morgue.

Contacté, le président de la Ligue des Consommateurs du Togo (LCT) déclare espérer que les familles seront au bout de leurs peines. « Nous estimons que le calvaire des familles des disparus va prendre fin », déclare Emmanuel Sogadji. « Nous invitons les autorités et les agents en charge de la gestion des ouvrages à assumer leur responsabilité avec la crainte de Dieu et dans le respect des normes internationales en matière de la garde des corps », poursuit-il. Et d’appeler, après la fin de ce chantier, à prendre en compte « les besoins de la pédiatrie et de la maternité du CHU-SO ».

Point n’est besoin de rappeler aussi l’amateurisme dont a fait preuve Moustafa Mijiyawa en estimant la durée des travaux à 3 mois. Finalement, la réfection a duré plus d’une année, soit quatre fois la durée initialement prévue. Mais d’ores et déjà, des questions surgissent quant aux prestations de cette morgue dans un contexte de contractualisation des services du CHU-SO. « Ce que moi je crains, c’est que les prestations ne soient plus facturées au même prix qu’elles l’étaient avant la réfection. Ils vont évoquer les améliorations apportées et les coûts des travaux. Mais au même moment, le prestataire va lui aussi chercher sa part de bénéfice. Il faut alors craindre une hausse des prix des prestations de la nouvelle morgue », analyse un consommateur.

Il faut aussi souligner que des organisations de défense des droits de l’Homme avaient estimé que la décision de réfection serait motivée par l’envie des autorités togolaises d’effacer les traces des exactions militaires. En effet, plusieurs corps des victimes, dont celui de l’élève Joseph Zouméké, abattu lors d’une manifestation populaire, y étaient conservés et attendaient d’être autopsiés. Depuis la fermeture de la morgue, aucune communication n’a été faite sur le statut de ces corps. Ont-ils été enterrés, retirés par les familles ou déplacés ? Ces questions restent posées.

G.A.

Source : Liberté

27Avril.com