« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » (Pierre Corneille). Un autre Gnassingbé en passe de s’octroyer un pouvoir à vie ? Cette question taraude l’esprit des Togolais. Depuis l’insurrection populaire menée par le Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam en août 2017 et l’élection présidentielle contestée de février 2020, on note une similitude dans les méthodes de gouvernance du fils et de son père dans les années sombres de la dictature au Togo.
Les Togolais sont de plus en plus gagnés par la lassitude vis-à-vis de la situation politique et du manque de perspective de développement du pays. Mais dans les arcanes du pouvoir, derrière les apparences de sérénité et de tranquillité, ils sont nombreux à ruminer leurs inquiétudes quant à la longévité du régime.
Avec l’avènement du fils du père, de nouveaux riches ont été créés de toutes pièces par le régime qui forme une clepto-oligarchie institutionnalisée. Avec les nombreux scandales financiers auxquels on assiste. Si ces scandales relayés abondamment par les médias ont vite été étouffés à coups de corruption, une chose est certaine, le caractère imprévisible reconnu au fils du père ne donne pas des gages d’assurance à ses plus fidèles lieutenants.
Leur préoccupation est de savoir comment assurer leurs arrières, car un pouvoir qui frôle la soixantaine porte en lui-même les germes de sa destruction. Au vu des courants qui animent la mouvance présidentielle et l’éternel sujet tabou de tribalisme ambiant, la sérénité ne semble pas de mise dans les nombreux châteaux de la capitale togolaise. Toutefois, la déséspérante lassitude s’est également installée dans le camp du pouvoir. Faure Gnassingbé semble prendre conscience de cette situation et se replie sur de vieux briscards qui, pour des desseins perfides, ne veulent pas prendre leur retraite.
Des «pépé gaffeurs », habitués aux coups tordus qui continuent de hanter le système, aux côtés de jeunes loups baptisés ironiquement « la légion étrangère » venue prêter mains fortes au régime décadent contre des avantages indus.
Restrictions des espaces de liberté avec l’incarcération des journalistes et la fermeture des journaux, affectations punitives dans l’administration publique pour décourager les esprits réfractaires, telles sont les méthodes staliniennes avec lesquelles certains membres du gouvernement gèrent leurs épiceries.
Ce qui crée un désamour profond entre ces décideurs politiques et leur entourage immédiat.Devant tous ces errements, l’opposition est malheureusement inexistante. Avec le monologue du CNAP, certains sont allés prêter main forte au régime aux fins de sauver les acquis de février 2020.
En scellant ce deal, le système leur est ainsi redevable et les élections régionales sont l’occasion pour offrir quelques strapontins aux plus dociles. Le parlement monochrome manque cruellement de débats contradictoires. C’est dans cette ambiance peu reluisante où il manque de force de contradiction que Faure Gnassingbé s’ouvre un boulevard vers un nouveau mandat. Les Togolais, dépités, en font désormais le dernier de leurs soucis. Ils sont nombreux à chercher une double nationalité pour échapper à la malédiction. Jusqu’à quand ?
Médard AMETEPE
Liberté Togo
Source : icilome.com