Togo-“Faure Gnassingbé en sursis politique”

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Le Réseau de la coordination de la diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et le Collectif pour la vérité des urnes – Togo – Diaspora (CVU-Togo-Diaspora) pensent que « Faure Gnassingbé (serait) en sursis politique ». Lire plutôt ce communiqué.

Géopolitique de la médiation de Faure Gnassingbé au Togo : cxclusion des opposants non-alignés, de la société civile et de la diaspora

Communiqué du 15 aout 2022 adressé au Peuple Togolais par

Réseau de la Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et

Collectif pour la Vérité des Urnes – Togo – Diaspora (CVU-Togo-Diaspora)

Contact : [email protected] qui transmettra.

Après l’échec de 28 dialogues politiques au cours des 40 dernières années au Togo, l’absence de résultat de la médiation togolaise au Mali, suite aux sanctions illégales de l’UEMOA et de la CEDEAO contre le Mali, et condamnées par la Cour de Justice de l’UEMOA, des critiques se font jour dans les rangs du parti politique UNIR (Union pour la République) pour s’interroger sur la crédibilité de leur Président Faure Gnassingbé quant à ses chances de succès en tant qu’initiateur unilatéral de « dialogues » ou de « médiation ». La géopolitique de la médiation de Faure Gnassingbé doit être clarifiée.

1. La maladie du Togo : les liens d’affiliation et de clientélisme calculé de responsables de partis politique dits d’opposition

Ces critiques ressemblent à s’y méprendre à un hommage du vice à la vertu, dans la mesure où le parti présidentiel UNIR (ex RPT) a toujours systématiquement retourné à son avantage les dialogues politiques au Togo. Si Faure Gnassingbé fait capoter in fine la moindre tentative de dialogue, le Mali devrait se méfier de sa médiation, surtout qu’il tente de se donner un rôle dans le dossier tchadien. En effet, Faure Gnassingbé est capable de tout. Une de ses plus spectaculaires et significatives revirement a consisté publiquement au reniement de sa propre signature apposée au bas de l’accord politique global (APG) signé à Lomé le 20 août 1986. Cet Accord n’a jamais été appliqué à ce jour.

Il suffit de rappeler, entre autres, l’impossible formation d’un Gouvernement d’Union Nationale au Togo ou le refus de mettre fin à l’impunité, points pourtant prévus dans les APG. En réalité, il s’agissait au cours des vingt années passées, de procéder exceptionnellement à quelques révisions législatives unilatérales en trompe-l’œil, et systématiquement opérées au profit exclusif du parti UNIR (ex RPT), le tout sans concertation préalable sérieuse avec une véritable opposition élargie (partis politiques, société civile et Diaspora) qui peinent à offrir un projet de société commun.

C’est ainsi que dans une continuité négative assumée, la réunion organisée unilatéralement par le pouvoir Gnassingbé le 4 août 2022, sur convocation à la Primature par Mme la Première Ministre (PM), Mme Victoire Tomégah-Dogbé, de représentants de partis politiques choisis, pour échanger sur le terrorisme, n’a pas rencontré le souhait des partis politiques. Ces derniers souhaitaient échanger avec le Gouvernement sur les questions de fond qui affectent la vie quotidienne des Togolaises et Togolais.

La rencontre semble avoir obéi à d’autres calculs politiciens du système Gnassingbé sur son avenir propre, calculs motivés par sa perte d’influence aux plans national et international et sur les préoccupations de l’heure, par exemple, la réelle signification du choix du Président français de ne pas faire escale au Togo lors de son récent périple africain. Dans ce contexte, le Togo fait face, selon les sources gouvernementales, à des attaques terroristes auxquelles viennent se superposer les bavures des militaires togolais dont la population togolaise est victime, notamment les sept jeunes tués à Margba (Nord du Togo) dans la nuit du 9 au 10 juillet.

La convocation de personnalités politiques choisies par Faure Gnassingbé, apparaît d’ores et déjà comme un produit de remplacement, un ersatz aux fameux « dialogues » qui n’aboutissent jamais. De surcroit, ces personnalités furent reçues par la Première Ministre, alors que la gravité supposée de la situation appelle logiquement une implication directe du Président de la République en tant que premier responsable de l’armée et des opérations militaires selon l’Article 72 de la Constitution togolaise en vigueur : « Le président de la République est le chef des armées. Il préside les conseils de la défense. Il déclare la guerre sur autorisation de l’Assemblée nationale. Il décrète la mobilisation générale après consultation du Premier Ministre. »

Ce nouveau produit politique sur le marché togolais est un ballon d’essai. Mais dans le contexte actuel cette approche offre peu de chances de déboucher sur l’unité du Peuple togolais, encore moins sur l’unité des responsables de partis politiques. Si l’objectif en filigrane était la volonté de Faure Gnassingbé de fédérer les partis politiques qui œuvraient déjà dans le giron du système Gnassingbé mais n’étaient pas connus du Peuple togolais, c’est presque réussi. Toutefois à contrario, l’effet positif de cette rencontre est de dévoiler la vraie nature des engagements de responsables de partis politiques dits d’opposition. Ceux-là ne pourront plus cacher leurs liens d’affiliation et de clientélisme calculé, principalement fondés sur un « retour » en monnaie sonnante et trébuchante… Cette maladie constitue un mal togolais qui a longtemps été caché au Peuple togolais.

Néanmoins, il faut préjuger qu’il y a là un constat de fébrilité, voire d’anxiété sur l’avenir de Faure Gnassingbé et de ses vrais ou faux partisans si la crédibilité de ce dernier venait à lui faire perdre le soutien de la France et des pays occidentaux tirant avantage du système autocratique togolais.

2. Faure Gnassingbé en sursis politique

En effet, le fait que le Président français Emmanuel Macron, lors de sa tournée africaine en juillet 2022 n’ait pas daigné rendre visite au Togo de Faure Gnassingbé l’infréquentable, a été perçu par les cercles du pouvoir et leurs affidés au mieux comme une humiliation-vexation, au pire comme un « lâchage » programmé de Faure Gnassingbé par la France.

La fuite en avant de son ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration Régionale et des Togolais de l’Extérieur, Robert Dussey, doit se décliner à l’aune de sa boulimie diplomatique et le déploiement d’efforts sans compter à la recherche de soutiens tous azimuts -et parfois contradictoires- à l’international. Cela suggère de prime abord l’idée de la préparation d’une stratégie de « repli » au cas où les rapports de force imposés par la prise de conscience pacifique des populations togolaises iraient grandissant, jusqu’à réitérer sous des formes nouvelles et idoines l’insurrection du mois d’août 2017. Cette insurrection couve toujours et hante encore bien des consciences au sein des cercles dirigeants. Or, il est important que la position ambivalente d’Emmanuel Macron sur l’illégalité et l’anticonstitutionnalité de Faure Gnassingbé soit clarifiée.

Rappelant au passage aux dirigeants africains leur « hypocrisie » vis-à-vis d’une France qui les maintient au pouvoir, de manière paternaliste et condescendante, Emmanuel Macron a tenté de faire croire, à force d’abus sémantiques, qu’il n’était en Afrique que pour « défendre » les intérêts des dirigeants africains. Le seul problème, ce n’est qu’aucun des dirigeants africains concernés n’a été dupe. Pire, chacun à sa manière et en toute diplomatie africaine, a fait le « mort » tout en signant en catimini des accords de protection « rapprochée » avec la concurrence.

En fait, chacun se méfie d’Emmanuel Macron qui, une fois n’est pas coutume alors qu’habituellement il s’en délecte, n’a pas osé toucher en public les « oreilles » des présidents africains rencontrés ou « effleurer le dos de ces derniers » afin de faire jouer son « gri-gri blanc » qui a terrassé ceux qui en sont devenus les « victimes et les martyrs », en France comme à l’international. Sauf qu’en Afrique, la terre des « gris-gris sans couleur », cela ne semble pas avoir fonctionné, sauf peut-être en Guinée Bissau, avec Umaro Sissoco Embaló[6] qui, en tant que Président en exercice de la CEDEAO, souhaite « créer -bientôt- une force anti-putsch au niveau de la CEDEAO ».

L’annonce a été faite par Umaro Mokhtar Sissoco Embaló lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue français, Emmanuel Macron[7]. De nombreux observateurs africains avertis s’interrogent sur la volonté la CEDEAO de rechercher un aval externe pour ce qui relève des questions sécuritaires africaines. Le problème est donc de savoir s’il s’agit en fait d’une demande « sous hypnose » d’Emmanuel Macron ? A ce propos il est utile de s’interroger sur la motivation du choix sémantique : pourquoi « une force anti-putsch » et non pas « une force anti coups-d’Etat militaires ou constitutionnels » ? Le choix ne semble donc pas innocent. En effet, une « force anti-coups-d’Etat » mettrait Emmanuel Macron à porte-à-faux tant au Tchad qu’au Togo et ailleurs en Afrique, notamment en référence à sa position sur le Mali ou sur le Cameroun.

3. CEDEAO et France : forces anti-Putschs ou forces anti-coups d’Etat militaires et/ou constitutionnels

Au demeurant, à supposer que cette force « anti-putsch » de la CEDEAO se mette en place, aura-t-elle le mandat, y compris rétroactif, d’intervenir pour mettre fin aux coups d’Etat constitutionnels dans la sous-région ? Le cas emblématique du Togo mérite à cet effet d’être étudié aux fins de « correction démocratique ». En outre, une force CEDEAO anti-coups d’Etat militaro-constitutionnels, outre la possibilité que cela offre pour une ingérence discrète ou pas de la France, ne fait l’objet d’aucune urgence, encore moins d’une grande préoccupation par les présidents de la CEDEAO ? Sauf peut-être au Mali, qui n’est toujours pas « réintégré » au fonctionnement régulier de la CEDEAO, malgré des sanctions illégales qui ont fait l’objet d’une condamnation officielle, puis finalement levées par les mêmes chefs d’Etat.

Pourtant, Le Président Umaro Mokhtar Sissoco Embaló gagnerait à promouvoir la voie légale pour mettre fin à des coups d’Etat militaires et constitutionnels. En effet, une décision de la Cour de Justice de la CEDEAO constatant l’illégalité et l’anticonstitutionnalité d’un coup de force – militaire ou constitutionnel – suffirait pour donner une base légale et transparente pour l’intervention d’une force militaire de la CEDEAO. Malheureusement, ce n’est pas la voie qui semble avoir été choisie par le Président en exercice de la CEDEAO et le Président français.

A priori cette proposition de « force anti-putsch » de la CEDEAO pourrait paraître saugrenue et à ranger sur l’étagère des gadgets et autres artifices de communication diplomatique si cela n’émanait pas de deux chefs d’Etat. Au motif notamment que ce type d’organisation ne repose que sur une décision unilatérale de « membres » d’un syndicat de chefs d’Etat et qu’elle n’offre aucune possibilité de devenir véritablement opérationnelle en amont dans la mesure où, sur la foi de l’histoire, ceux qui trament les coups d’état n’en ont jamais fait la publicité préalable. Mais il semble utile donc d’en faire une autre lecture en se consacrant sur une force anti-putsch de « prévention » et de « déguerpissement » des auteurs -passés et futurs- de « putsch » à supposer que ces derniers ne correspondent pas à ce qui est « souhaité ou ne sont pas soumis à la ou les puissances – souvent étrangères- qui contrôlent et dominent certaines institutions africaines. Si on n’y prête pas garde, il s’agira pour ceux qui organisent la Post-Françafrique, d’avoir les moyens d’installer au pouvoir en Afrique des dirigeants africains soumis et « dociles » envers leur(s) « bienfaiteur(s) » et autocrates et « violents » envers la partie du Peuple africain qui lutte pour sa liberté, sa souveraineté et ses droits.

Ainsi devant Emmanuel Macron Umaro Mokhtar Sissoco Embaló déclarait : « Il y a déjà sur la table de la Cédéao un projet de création d’une force anti-putsch qu’on est en train de penser à créer », affirmant que « cette entité va permettre à tout le monde de comprendre que nous sommes au 21e siècle et qu’il est inadmissible et inacceptable de faire des coups d’Etat ». Et d’ajouter : « On ne peut penser que pour arriver au sommet de l’Etat, c’est un fast track[8]. Il y a des procédures pour être chef d’Etat. Il faut qu’on soit tous républicains. C’est le peuple qui a le droit de sanctionner les dirigeants mais pas avec des coups d’Etat militaires ».

M. Embaló oublie simplement que dans maints pays, lorsque les Peuples sanctionnent effectivement les dirigeants, ces dirigeants se maintiennent au pouvoir ad vitam aeternam au moyen de la contre-vérité des urnes, qu’ils ont érigée en institution. Les citoyennes et citoyens togolais qui aspirent à une alternative politique démocratique depuis des décennies sont bien placés pour le savoir. De ce fait, les Peuples africains, et plus largement, les peuples opprimés, n’ont en définitive d’autre choix pour se faire entendre que le recours à la rue sous forme d’insurrection, ou aux militaires, ce qui peut expliquer que certains coups d’Etat sont soutenus par les Peuples africains, n’en déplaise à ceux qui soutiennent sans honte bue, les coups d’Etat constitutionnels comme au demeurant, des coups d’Etat, – non des Putschs- militaires en Afrique et ailleurs.

RCDTI et CVU-Togo Diaspora

Source : icilome.com