Nombreux sont les observateurs qui affirment ouvertement, sans gêne, que l’éthique et la morale ont quitté le Togo, notamment ses dirigeants qui, devant leur ambition de conserver coûte que coûte le pouvoir, ne reculent devant rien, quitte à verser dans l’immoral pour atteindre leurs objectifs. La farce électorale qui s’est déroulée le jeudi 20 décembre dernier, qualifiée de « honte nationale » par de nombreuses personnes, montre le degré d’immoralité de ce régime cinquantenaire. Le pire, c’est qu’il est soutenu par la communauté internationale, notamment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), celle-là même qui a déjà fait ses preuves en 2005.
« 77 sièges dont 59 UNIR et 18 autres UNIR habillés en indépendants, le reste des 14 sièges étant affectés à des partis notoirement connus comme des alliés de UNIR. Au total, UNIR s’octroie 100% des sièges à l’Assemblée », a analysé mercredi dernier la Coalition des 14 partis de l’opposition, lors de sa rencontre avec la presse. Cette situation, les Togolais qui ont, dans leur majorité, boycotté ces élections, le savent. Il n’y a pas de doute que les chiffres annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ont été préfabriqués par le régime de Faure Gnassingbé qui a mis l’institution en charge de l’organisation et de la supervision des élections sous ses bottes. Tout le monde reconnaît, sauf la CEDEAO et ses complices, que le taux de participation à ces élections ne dépasse pas 10%. C’est pourquoi d’aucuns parleront d’un plébiscite pour le boycott.
Il est ahurissant de constater que les résultats publiés par la CENI est dans la plupart des cas, différents de ce que certaines Commissions électorales locales indépendantes (CELI) ont envoyé. En réalité, le régime de Faure Gnassingbé s’est donné le vilain plaisir de distribuer les sièges à ses alliés. Le vote organisé le 20 décembre n’était qu’un prétexte pour couvrir la comédie électorale que décriaient depuis plusieurs mois les organisations de la société civile, les confessions religieuses, notamment les Catholiques, les Protestants, les musulmans et les partis réunis dans la Coalition des 14.
Des élections au cours desquelles les observateurs et les membres des bureaux de vote étaient plus nombreux que les électeurs devraient faire réfléchir ceux qui dirigent ce pays. Mais comme la honte n’a jamais tué personne, ce régime trouve que l’absence des partis de la Coalition à ces élections (ce qui a d’ailleurs contribué à ce boycott massif) signifie la mort politique de ces partis.
Pour de nombreux observateurs, cela relève d’une carence intellectuelle de penser que ces partis sont morts politiquement. On n’avait que quatre partis (ANC, ADDI, CAR et en quelque sorte les DSA) des 14 à la précédente Assemblée nationale. Mais ils ont réussi à soulever le peuple contre ce régime. Cela fait pitié de voir Gilbert Bawara dans ses démonstrations saugrenues, annoncer qu’il y a un renouvellement de la classe politique. Avec quels partis ? Se demandent des Togolais.
Aujourd’hui, UNIR et ses alliés sont à l’Assemblée nationale, selon les chiffres communiqués par la CENI du très controversé Kodjona Kadanga. L’on s’inquiète déjà de la qualité des débats qui s’y se dérouleront, quand on voit un peu la personnalité des individus envoyés à l’hémicycle par UNIR dans sa distribution des sièges.
Dans tous les cas, le Togo détient le triste record de la farce électorale dans le monde. Ce qui devrait faire réfléchir les tenants du pouvoir, les fait plutôt réjouir. Et ceux qui ont toujours eu la diarrhée langagière continuent leurs incantations pour justifier la mascarade. Bienvenue alors à l’Assemblée nationale UNIRcolore !
Source : L’Alternative No.762 du 28 décembre 2018
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