Togo, Expropriation sur fond d’improvisation et de violences aveugles : Adétikopé, Anié, Ogou, la bombe à retardement devant la futilité de la Commission d’Expropriation

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Payadowa Boukpessi et son boss faure gnassingbe

Malgré la mise en place de la Commission d’expropriation le 5 décembre 2019 « pour gérer d’une manière participative et de compensation des personnes affectées par les projets », le gouvernement continue d’exercer de violences aveugles sur les populations.

Cette entité, dont l’organisation et le fonctionnement ont été également définis lors du conseil des ministres du 05 décembre 2019 devait se charger désormais de gérer de façon plus efficace le processus d’indemnisation et de compensation des personnes victimes d’expropriation. Avant la création de la COMEX, un comité interministériel d’indemnisation existait, créé en 2009 afin de gérer de manière participative et systématique les personnes affectées.

L’actualité dans le Grand Ogou et Adétikopé montre que le pouvoir continue dans l’arbitraire et ignore royalement ce machin de Commission d’expropriation.

Adétikopé et Ogou, le non droit

En début de semaine, le Collectif des déplacés d’Adétikopé a organisé une manifestation pour dénoncer l’expropriation dont il a été victime. La manifestation a été menée par les personnes expropriées dans le cadre des travaux du Parc industriel d’Adetikopé (PIA). Les victimes ont donné de la voix lundi 21 septembre dernier avec une manifestation qui a chuté devant les locaux de la Mairie.

Le collectif refuse un recasement forcé et exige un respect de la loi foncière. Lors de la manifestation, les expropriés ont invité le Maire et le Préfet au respect des engagements pris lors de la dernière réunion avec la population expropriée.

A la Mairie d’Adétikopé, les manifestants ont été accueillis par des éléments des forces de l’ordre et de sécurité. Ils n’ont pas eu la chance de s’entretenir avec le Maire John Siabi Aglo.

Cette manifestation intervient alors que les autorités togolaises ont annoncé avoir trouvé une solution définitive à la situation qui prévaut.

Dans un courrier adressé au Maire de Zio 1, le ministre de l’Administration Territoriale a évoqué un décret portant expropriation pour cause d’utilité publique. Le domaine concerné a été identifié à Dalavé-Akadjamé. Le site de recasement couvre une superficie totale de 716 ha 25 a 22 ca. « Je vous informe que par décret n°2020/066/PR déclarant d’utilité publique et autorisant les travaux d’aménagement du site de recasement des expropriés des zones d’extension du parc industriel d’Adétikopé, en date du 26 août 2020, un domaine a été identifié à Dalavé-Akadjamé dans le ressort territorial de votre commune », a indiqué Payadowa Boukpessi au maire de Tsévié.

Les populations expropriées d’Adetikopé exigent le paiement d’indemnisation devant leur permettre de se reloger selon leurs convenances.

D’Adétikopé à Dalavé-Adkadjame, qu’est-ce qui a été fait ?

Avant la mise en place du Parc Industriel d’Adétikopé, le gouvernement devait discuter et trouver un modus vivendi avec les propriétaires terriens. La répression sauvage et aveugle à coup de grenades lacrymogènes alors même que les victimes cherchaient à échanger avec le Maire et le préfet conforte le coup de force de trop.

Même sur le nouveau site de relogement annoncé, le courrier du ministre Boukpessi informant le Maire ne date que du 26 août dernier. Une illustration de l’improvisation atavique qui caractérise le pouvoir de Gnassingbé Faure.

Faire quitter des gens d’Adétikopé à Dalavé et Kpomé Kadjamé, c’est bien loin et il doit forcément avoir des mesures d’accompagnement. A défaut, le paiement d’indemnisation pour le relogement des victimes à leurs convenances doit alors être privilégié.

Un peu plus loin, ce sont les populations de l’Ogou 2 et l’Ogou 4 qui craignent de subir un nouveau déplacement forcé. Le Collectif des propriétaires terriens, la Ligue des Consommateurs du Togo (LCT) et l’association les “sept collines“ dénoncent un projet d’accaparement des terres cultivables dans l’Ogou2 et l’Ogou4 en conférence de presse le 17 août dernier.

Ils indiquent que 25 mille 579 hectares de terres convoitées par des exploitants agricoles et des investisseurs étrangers sont en passe d’être immatriculés comme propriété de l’Etat.

Les conférenciers ont expliqué qu’une procédure a été enclenchée par le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales à cet effet.

Les populations des communes Ogou2, Ogou4 sont riveraines du fleuve Mono, qui abrite le Barrage de Nangbéto. Or, pour réaliser le réservoir du Barrage de Nangbéto, des collectivités avaient déjà été déplacées et recasées par le gouvernement sur les sites qu’elles occupent actuellement.

« Comment comprendre qu’aujourd’hui on cherche encore à les déplacer? Pourquoi? Pour aller où? » pestent-ils.

Ils menacent d’une action juridique contre l’Etat pour rentrer dans leurs droits. « Non! Nous ne voulons pas qu’on s’accapare encore de nos terres nourricières et ancestrales. Nous populations des communes de Ogou 2 et Ogou 4, voudrions informer à travers cette conférence de presse, l’opinion nationale et internationale solennellement que nous allons nous battre par tous moyens légaux, y compris des recours aux juridictions internationales », ont tonné les conférenciers, à Lomé.

Le Collectif des propriétaires terriens, la ligue des consommateurs du Togo (LCT) et l’association les “sept collines“ indiquent que le même problème se pose dans la commune d’Anié 2.

On voit là également que l’existence formelle de la Commission d’expropriation (COMEX) n’a rien changé à la donne.

Le pouvoir doit cesser ces violences gratuites alors même que le texte instituant la COMEX parle de gestion participative des cas d’expropriation. Conséquence directe, lorsque l’Etat même crée des conflits fonciers avec ses lots de victimes, qu’en serait-il des individus sans foi ni loi qui se lancent dans les double ou triple vente de terrains ou carrément dépossèdent des populations de leurs terres par la violence ?

A quoi sert finalement la Commission d’Expropriation ? Un décor comme d’autres institutions de la République. Vivement des solutions concrètes, concertées et acceptables pour toutes les parties afin de mettre fin à l’arbitraire.

Kokou Agbemebio

Source : Le Correcteur

Source : 27Avril.com