Par ordonnance en date du 14 août rendue publique le lundi 17 août, l’Etat d’urgence sanitaire est prolongé jusqu’au 15 septembre 2020. Une situation de fait qui, à l’analyse de la gouvernance actuelle du pays, prend les allures d’un arbre qui cache la forêt.
Cap sur le 15 septembre
Ces derniers jours, la situation de la pandémie du Covid-19 au Togo inquiète plus d’un. Caractérisée par une flambée des chiffres, tant en nombre de cas avérés (1154) qu’en nombre de décès (27), la crise sanitaire au Togo contraint le gouvernement à la prolongation de l’État d’urgence en cours depuis mars dernier. Une mesure sensiblement allégée en juillet, au regard de l’espoir entre temps suscité par les chiffres quelque peu rassurants.
«Les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire pour faire face à l’épidémie de la Covid-19 sont prolongées jusqu’au 15 septembre 2020 inclus», informe l’ordonnance signée par le Chef de l’État. Et de préciser que «le Premier ministre peut, sur le rapport du ministre de la Santé, prendre par décret et aux seules fins de lutter contre la propagation de l’épidémie de Covid-19, les mesures prévues par l’ordonnance N°2020-004 du 13 juillet 2020 relative aux mesures générales nécessaires pour faire face à la pandémie du Covid-19».
Quelle plus value ?
C’est donc clair, cette prolongation que nombre d’observateurs ont déjà vu venir de loin est donc actée. Toutefois, au-delà du constat du fait, la question réside en la plus value que cette prolongation apportera à la lutte contre le mal. Ceci, lorsqu’on sait que depuis juillet, la vie reprend de plus belle sur toute l’étendue du territoire national, dans divers secteurs socioprofessionnelle. Ce, avec en toile de fond, la reprise des cours dans les écoles et universités, la réouverture progressive des lieux de culte et celle de la frontière aérienne depuis début août. Aujourd’hui, face au relâchement dénoté dans la population, tous conviennent qu’une meilleure riposte au Covid réside dans l’observation d’une certaine discipline et rigueur vis -à -vis des mesures barrières. Ce qui se veut un appel à tous les acteurs de la chaîne de riposte, des gouvernants aux populations en passant par le personnel, à la vigilance et la rigueur.
Partant donc de toutes ces réalités, cela paraît du subterfuge, le fait de vouloir axer la lutte contre la pandémie sur la prolongation l’état d’urgence. Une approche plus aléatoire que pertinente.
Une fuite en avant
C’est un secret de polichinelle que le pays est actuellement dans une sorte de léthargie. Six mois après son élection et trois mois après sa prestation de serment, Faure Gnassingbé tarde à mettre sur pieds un gouvernement pour prendre les rênes de la gouvernance. Une sorte d’immobilisme sans pareil qui laisse perplexes nombre d’analystes et observateurs. À quand donc la formation d’un nouveau gouvernement? À cette question, les togolais espéraient la fin de l’État d’urgence, raison officielle avancée, pour espérer un retour à la normale. Mais que ne fut grande leur surprise de constater qu’en lieu et place de l’équipe exécutive tant attendue, il leur est plutôt servi la prorogation de l’État d’urgence. Ce qui met une nouvelle couche sur le statu quo qui se constate et une certaine morosité ambiante. Pour autant, le Premier Ministre Selom Klassou aurait dejà transmis sa démission au Président de la République. Le nouvel État d’urgence décrété sonne plus comme 4 nouvelles semaines que se donne le Chef de l’État pour mieux s’appliquer à son casting gouvernemental plutôt que pour une gestion efficace de la pandémie à Coronavirus.
Et cela étant, l’idée d’éventuelles difficultés de gouvernance de tous ordres qu’éprouverait Faure, depuis sa fameuse réélection de février, trouverait donc crédit auprès des esprits critiques. Ceci, en ce sens que dans bien de pays où sévit plus qu’au Togo le mal, à l’instar de la Côte d’Ivoire ou encore la France, cela n’a pas nullement bouleversé l’ordre dans la gouvernance à la tête de ces pays. D’Abidjan à Paris, bien qu’en pleine crise sanitaire, la nomination d’un nouveau Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement ont été comme sur des roulettes. Sans aucune difficulté. Et ce, malgré les chiffres tout aussi inquiétants qu’alarmants. Les États continuent par rouler et dans la normalité. Il ne saurait donc en être autrement au Togo qui plus est moins touché. Autrement, c’est mal cacher ses difficultés qui se révèlent aux yeux de l’opinion.
Source : Fraternité
Source : 27Avril.com