En début de semaine, la Présidente de l’Assemblée Nationale, Yawa Djigbodi Tségan, s’est entretenue avec David Gilmour, ambassadeur des Etats-Unis au Togo. Au menu des discussions les réformes constitutionnelles et la tenue des élections locales..
Cette « visite de courtoisie », qui intervient après celles de l’ambassadeur d’Allemagne au Togo, la semaine dernière, a été l’occasion pour le diplomate américain d’échanger avec la cheffe du parlement togolais sur les réformes constitutionnelles, le renforcement de la démocratie et des institutions de la République et surtout les élections locales. David Gilmour a notamment émis le vœu de voir ces consultations se tenir « le plus tôt possible » afin de «consolider la démocratie au Togo ».
Même si l’ambassadeur américain a été diplomate dans le choix des mots, dans le fond, «ce vœux » prend une forme d’impatience. En effet, au Togo, le processus de décentralisation stagne. Enclenché sous le ministre François Boko avec le soutien de l’Union Européenne, il n’a connu aucune évolution en dehors des déclarations politiques et des séminaires de validation ou de renforcement de capacités en la matière qui ont fait croire à un réel engagement du gouvernement pour faire bouger les choses. Initialement prévues pour se tenir en 2018, les locales ont été repoussées à une date ultérieure. Il a fallu attendre la déclaration de politique générale du Premier ministre Sélom Klassou II qui promet une consultation en vue de l’organisation des élections locales pour réaliser que la tenue de ces échéances figure sur l’agenda du pouvoir cette année. De plus, la demande formulée par le Chef de l’État, Faure Gnassingbé dans ce sens en est une confirmation. Puisque lors du Conseil des ministres du 06 Février dernier, le communiqué a fait cas dans les divers d’information portée à l’endroit du Président de la République sur l’avancement du processus.
Et pour cause, selon certaines indiscrétions, outre les USA, les chancelleries européennes, avec à leur tête l’Allemagne, qui ont apporté un soutien financier au processus de décentralisation au Togo commencent par perdre patience. Et elles n’hésitent pas à le faire savoir.
Ceci s’explique par le fait que depuis l’année dernière le pouvoir de Lomé avait fait comprendre aux uns et autres que le Togo est enfin prêt pour les élections locales.
En effet, le parlement togolais a adopté en janvier 2018 le projet de loi autorisant la modification de la loi du 13 mars 2007 sur la décentralisation et les libertés locales. Le texte contient un certain nombre de dispositions comme l’introduction de l’intercommunalité comme mode de coopération obligatoire entre les communes d’une même préfecture de même que pour les communes du grand Lomé.
La nouvelle répartition entre compétences propres, compétences partagées et compétences transférées, la limitation à deux du mandat des élus locaux, la participation des chefs de cantons aux débats des conseils municipaux à titre consultatif sont entre autres modifications apportées à la loi. Le texte contient des critères précis concernant le nombre de conseillers municipaux par rapport à la taille des communes.
« L’essentiel des dispositions de la nouvelle loi sont directement applicables », avait laissé entendre le ministre de l’Administration territoriale, Payadowa Boukpessi. Et d’ajouter que « le gouvernement est maintenant prêt pour l’organisation des élections locales tout en suivant le chronogramme qui sera fixé par la commission électorale ».
Pour ne pas s’arrêter là, entre temps, le gouvernement avait voulu coupler ces élections locales avec les législatives qui se sont, elles, tenues le 20 décembre 2018. Mais depuis, plus rien. D’où aujourd’hui, l’impatience des partenaires en l’occurrence l’Allemagne et les USA.
Selon nos informations, le gouvernement togolais qui ne jure que pour la présidentielle de l’année prochaine n’a réellement aucune volonté d’organiser ces élections locales avant 2020. Il est évident que les locales signifie retourner le pouvoir à la base. Et le parti au pouvoir est bien conscient que le contrôle de la base est son vrai talon d’Achille. Les remous qu’a connus le parti au pouvoir pour le choix des candidats aux dernières législatives qui étaient pourtant un boulevard pour lui a été un signal assez confirmateur de la volatilité de la base du pouvoir cinquantenaire. Cette épisode ajoutée aux volte-face que leur ont réservé les jeunes opérateurs lors des opérations de recensement qui ont été organisés de façon unilatérale pour les mêmes législatives le pouvoir à toutes les raisons de se méfier d’une élection qui risque de consacrer son impopularité.
Source : Fraternité
27Avril.com