Togo / Élections législatives et régionales au score soviétique RPT-UNIR: L’inquiétant et irréversible retour vers l’État-parti

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Un peu plus de 4 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes le 29 avril 2024. Élections législatives et régionales obligent. Ils ont ainsi été conviés à choisir 113 députés, et pour la première fois 179 conseillers régionaux pour le Sénat. Les résultats provisoires de la Commission Nationale Électorale Indépendante(CENI) donnent 108 députés sur 113 à Unir.Le parti au pouvoir a réussi à s’emparer de sièges même dans des régions qui étaient traditionnellement considérées comme des bastions de l’opposition qui doit se contenter de 5 sièges en tout.

Sale temps pour l’opposition

Ce qui fait pour le coup une belle jambe à une opposition qui n’a pourtant pas croisé les bras durant la campagne électorale de tous les risques, à voir les enjeux y relatifs. L’opposition semblait d’autant plus motivée que ce double scrutin leur tenait lieu de référendum contre la récente adoption de la nouvelle constitution qui fait basculer le Togo dans le régime parlementaire. Malgré les mobilisations constatées, l’engouement remarqué ça et là et le tollé suscité par ce changement de constitution qui a fait ruer dans les brancards plein de citoyens contre le régime qu’ils n’ont que trop subi, ces derniers n’auront d’autre choix, les années à venir, que de faire allégeance au système auquel ils sont habitués. Faire contre mauvaise fortune bon coeur. Les élections se suivent et se ressemblent au Togo, et c’est le cas de le dire. Si malgré tout ces efforts fournis par l’opposition les membres du pouvoir sont montés au créneau avant même la proclamation des résultats pour annoncer vainqueur leur parti, à l’instar d’Edem Kokou Tengué, le ministre de l’Économie maritime qui affirmait depuis que «les élections ont permis au peuple togolais de s’exprimer clairement en faveur du régime actuel», il y a de quoi se poser des questions sur la transparence de ce scrutin émaillé de sérieux incidents signalés par les observateurs déployés sur le terrain et certains candidats. N’en déplaise à la mission d’observation électorale composée de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN-SAD). Mission pour qui «les insuffisances constatées ne sont pas de nature à entacher la transparence et la régularité du double scrutin du 29 avril 2024, qui doit être considéré comme libre, équitable et transparent». Les Togolais ont les oreilles rebattues de ce refrain venu de délégations de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN-SAD), qui ne pouvaient d’ailleurs dire autre chose. Le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) et la Ligue togolaise des droits de l’homme n’ont quant à eux pas fait mystère de plusieurs cas d’incidents relevés au cours de cette fatidique journée, et qui sont typiques de toutes les élections organisées sous l’ère Gnassingbé : électeurs introuvables sur les listes, non-accès des représentants de partis politiques aux procès-verbaux de dépouillement, omission de logos de partis d’opposition sur plusieurs bulletins de vote, bourrages d’urnes, etc.

Comme un parfum de l’État-parti

De toutes ces remarques non moins considérables, la CENI n’a que faire. Aucun miracle, le Togo tel que voulu et tel que sorti tout droit de l’imagination des Gnassingbé va irréversiblement basculer dans le régime parlementaire prôné par la nouvelle constitution. Nous voici dans l’État-parti, celui où les pouvoirs sont littéralement détenus par un même parti politique, en l’occurrence UNIR. La porte est désormais ouverte à toutes les libertés que ce système a de tout temps prises avec les valeurs cardinales démocratiques. Ceux qui croyaient au rêve d’un Togo nouveau peuvent remballer leur illusion. C’est le parti qui gagne depuis cinquante-huit années qui va à nouveau orchestrer la vie sociopolitique au demeurant rythmée par la misère, la mal gouvernance, la corruption. Il n’y a plus de doute possible : le Togo est de retour vers l’État-parti. Et ce n’est, hélas, pas pour le bien des Togolais.

Sodoli Koudoagbo

Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info

Source : 27Avril.com