L’ancien ministre et Vice-président du parti Union des forces de changement (UFC) a tiré sa révérence le samedi 26 mai dernier, des suites d’une courte maladie. Une triste coïncidence qui rappelle la date du fameux accord UFC-RPT signé le 26 mai 2010.
Il était l’un des bras droits de Gilchrist Olympio, le président national de l’UFC, qui s’est retiré de la vie politique. Tout comme son mentor, l’ancien député de l’Oti a connu les affres de la dictature de Gnassingbé père avant de tourner casaque à la stupéfaction générale des Togolais. C’était à la suite du fameux accord du 26 mai 2010 qualifié de « paix des braves » et au terme duquel, le parti au symbole de palmier rouge a scellé une alliance avec le RPT recyclé plus tard en l’Union pour la République, (UNIR) incarné par Gnassingbé fils, Faure.
« L’Union des forces de changement (UFC) se réjouit de son apport à la décrispation de l’atmosphère politique du pays, à la relance économique et au retour du Togo sur la scène internationale grâce à cet accord », se réjouissait le parti lors du septième anniversaire de la signature de l’accord. Mais dans une sorte de contradiction, le parti laissait déjà entendre les signes avant-coureurs d’un échec. « Les attentes de nos populations restent encore grandes et légitimes, entre autres, la pauvreté, le chômage endémique des jeunes, de même que la question cruciale des réformes institutionnelles et constitutionnelles et de la décentralisation ».
C’était un aveu d’échec. Mais le parti s’obstine toujours à rester au gouvernement quoique le RPT/UNIR ait trouvé en la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition un interlocuteur pour résoudre la crise togolaise qui connaît un regain de tension depuis le 19 août 2017.
Gilchrist Olympio s’est rendu compte de la duperie du régime cinquantenaire qui l’a roulé dans la farine. Une naïveté étonnante. le RPT/UNIR n’a jamais respecté les engagements pris lors des multiples accords qu’il a signés depuis l’avènement du multipartisme au Togo.
L’accord du 26 mai 2010 s’est révélé un catalogue de bonnes intentions qui n’a jamais été mis en pratique. En lieu et place des réformes constitutionnelles et institutionnelles, le parti au pouvoir n’a concédé que des postes ministériels (Brim Bouraima Diabacté avait été ministre en charge de l’Education) et des sièges à l’Assemblée nationale au parti UFC et qui se sont sensiblement réduits (Ndrl, on compte aujourd’hui trois ministres UFC dans le gouvernement actuel). Une humiliation subie par le président de l’UFC qui, dans un baroud d’honneur, a fait une sortie au cours de laquelle il a demandé à Faure Gnassingbé de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2020.
« L’UFC assume le bilan décevant de l’accord RPT/UFC. Le RPT/UNIR a planté les graines du désespoir (…) Ayons le courage de reconnaître que si Faure Gnassingbé était arrivé au pouvoir par les normes, le bilan de son règne ne serait pas aussi sombre », avait déclaré Gilchrist Olympio en novembre dernier au cours d’une conférence de presse à la suite de laquelle il a annoncé son retrait de la vie politique. Et c’était également lors de cette rencontre avec la presse qu’il a enfoncé le clou en demandant à Faure Gnassingbé de ne pas briguer un mandat de plus en 2020. Plusieurs mois après sa sortie que certains ont vue comme une manière pour lui de se faire racheter auprès des Togolais, GilchristOlympio laisse un parti qui navigue dans les mains de plusieurs Vice-présidents dont le regretté Brim Bouraima Diabacté et désormais ex-député de l’Oti.
On gardera tout même de cet ex-bras droit de GilchristOlympio un courage. En effet, lors de réhabilitation de la faune et de la flore dans l’Oti en 2015, les populations ont perdu de leurs vies pour s’être opposées au projet qui leur rappelle de tristes souvenirs. Le Colonel Narcisse Djoua, de triste renommée, avait semé la désolation dans les familles en menant des expéditions punitives dans l’Oti. Au nom de la préservation de la faune, il était interdit aux populations de consommer de la viande.
C’était au temps de la dictature de Gnassingbé Eyadéma qui, paradoxalement, se donnait à cœur-joie à des parties de chasse dans les zones interdites aux populations. Devant les répressions et les morts d’homme qui s’en sont suivies, Brim Bouraima Diabacté s’était offusqué. Il a dénoncé la barbarie commise sur sa région d’origine et exigé une enquête parlementaire.
Ce courage est à saluer quand on sait qu’il est très mal vu de lever le doigt contre celui avec lequel on est en alliance politique. Surtout dans les gouvernements dictatoriaux où il n’y a pas de liberté de ton. Aussi à la suite de sa disparition, les hommages lui sont-ils rendus.
« Le ministre El Hadj Brim Diabacté, c’était le symbole de la résistance face à l’injustice à Mango. Il était l’exemple vivant du désir de liberté des populations de l’Oti (Chef-lieu de Mango). C’est pourquoi le bureau exécutif du PNP section-Mango rassure toutes celles et tous ceux qui s’identifient dans le combat mené par le ministre, que la flamme de la lutte pour la liberté ne s’éteindra pas dans l’Oti », a précisé YacoubouTchaba, le Secrétaire général du bureau exécutif du PNP-Mango dans un communiqué. Le désormais ex-député de l’Oti sera inhumé aujourd’hui
Source : L’Alternative
27Avril.com