Le drame consécutif à l’effondrement d’un immeuble au quartier Sagbado est encore vivace. Et son onde de choc risque assurément de toucher un autre immeuble sis au quartier Avedji Telessou. A moins que les autorités qui sont informées depuis des années, veuillent bouger les fesses et poser les gestes qui vont sauver d’autres vies. Mais à condition que le pays dispose de matériels adéquats pour faire face à pareilles situations.
Quelles dispositions l’Etat togolais prévoit lorsque les travaux de construction d’un immeuble sans permis sont arrêtés ? Le propriétaire peut-il outrepasser la suspension des travaux et atteindre ses objectifs impunément? Quelle doit être la suite de la procédure quand, après suspension des travaux et rapports à la hiérarchie, rien ne bouge ?
Au carrefour Sagbado, la suspension des travaux date de l’année dernière. Mais alors, depuis quand cet édifice a-t-il commencé à sortir de terre et c’est seulement en mai 2023 que la mairie a posé les inscriptions ? Nous avons appris hier que c’est au temps de la délégation spéciale. Mieux, après une notification de renforcement adressée par la mairie au propriétaire, une autre exigeant sa destruction a suivi. Malheureusement, le propriétaire n’a pas obtempéré. Jusqu’au 18 octobre 2024, jour du drame.
Quelle doit être l’étape suivante quand un immeuble est ciblé pour défauts de construction et qu’il faille procéder à sa destruction ? La préfecture du Golfe aurait été informée de la situation afin de remonter l’information au ministère de tutelle. Mais rien n’a bougé. Tout comme rien ne bouge depuis juillet 2020 dans un autre cas au quartier Avedji Telessou.
Une œuvre d’un propriétaire qui se dit architecte !
Ceux qui connaissent la maison du Chef du village d’Avedji Téléssou, Togbui EHON III, savent que ce qui s’est passé à Sagbado, finira par se produire dans cet autre quartier. Car, sur un périmètre très en deçà du 1/8 de lot, un immeuble trône depuis et menace la vie des riverains.
Rez-de-chaussée plus 6 étages (R+6). Depuis le carrefour Limousine, le sinciput de l’immeuble est visible côté nord-ouest. Si la mer était située à quelques mètres des lieux, on penserait à un phare. Mais quand on s’en approche, on a la nette impression que la verticalité du bâtiment est sujette à caution.
Les informations recueillies laissent croire que le propriétaire serait un dure d’oreille qui compterait sur on ne sait quelle ponte du régime pour résister aux injonctions. Pire, ce serait comme si la justice togolaise, dernier recours des citoyens, ne prend pas la mesure du danger.
Ouro-Bawinay, membre de l’ordre national des architectes du Togo (ONAT), au moment où il érigeait cet immeuble, n’aurait pas obtenu de permis de construire. Après un constat établi par la mairie du Golfe 5, une rencontre a eu lieu entre le propriétaire et le maire. A la suite, la DST (Division des services techniques) s’est transportée sur les lieux pour constater « l’aspect alarmant » de l’immeuble.
Et le 26 août 2020, un courrier fut adressé par le responsable de la commune au propriétaire. Le but étant que celui-ci fasse expertiser le bâtiment. A la même date, l’ONAT fut saisi. Le 31 août, une réponse à la mairie indiquait qu’une session avait été consacrée au dossier de leur confrère. Le président d’alors était M. Farah Raymond.
Le 7 septembre, l’ONAT qui comptait en son sein un représentant du ministère de l’urbanisme et de l’habitat, informait la mairie qu’il n’avait pas le pouvoir de décision. En d’autres termes, le qualificatif d’aspect « alarmant » n’était pas réfuté par l’ONAT qui avait requis une expertise externe au propriétaire, ou carrément la démolition de l’immeuble dans un courrier que nous avons pu consulter.
Soucieux de prévenir tout incident du genre qui s’est produit le 18 octobre dernier à Sagbado, la mairie a saisi le parquet du tribunal de Lomé. A la suite, Poyodi Essolissam a requis pour expertise Edah Koku Mawulé dans une note en date du 25 février 2021. Depuis, le rapport n’a jamais été porté à l’attention de la plaignante, la mairie Golfe 5.
Même le ministre de tutelle a été saisi. Mais après que la mairie a de nouveau adressé un courrier au remplaçant de Poyodi, le procureur Mawama. C’était le 7 avril 2022. Et le 5 juillet de la même année, devant le silence du parquet, le ministre fut informé qu’en cas de drame, la mairie ne sera pas tenue pour responsable, parce qu’elle aura épuisé toutes les voies administratives susceptibles de statuer sur cet immeuble qui menace les riverains.
Cependant, l’espoir est permis, surtout avec le nouveau ministre de la Justice. Car, s’il est vrai que le parquet du Togo doit se référer à sa hiérarchie avant la prise de toute décision, il est admis pour l’instant que le nouveau ministre semble disposé à donner les bonnes instructions. On l’a vu agir contre le démarchage au tribunal de Lomé. On veut croire que le parquet sera diligemment instruit pour éviter d’autres drames, du fait du jusqu’au-boutisme d’un architecte qui s’est permis de construire un immeuble à l’aspect alarmant qui menace de s’écrouler à tout moment. Un R+6 sur une surface de moins de 45 m2.
Godson K.
Source: Libertetogo.tg
Source : 27Avril.com