Le secteur de l’Éducation vient de rentrer dans la tourmente. Depuis lundi dernier, les Enseignants volontaires ont entamée une grève de 5 jours, à l’appel de leur syndicat. Un mouvement d’humeurs des enseignants qui confirme la crainte d’une année scolaire susceptible de connaître des agitations comme évoquée par Fraternité dès le début de la rentrée académique.
En effet, dans notre parution numéro 329 du Mercredi 18 septembre 2019, dans un article intitulé « Année Académique 2019-2020 : Ces poches à risques », votre journal expliquait en substance que certaines questions restées en suspens lors des dernières discussions entre le gouvernement et les centrales syndicales de l’éducation pourraient remettre en cause la sérénité observée dans le secteur ces deux dernières années. Entre autres, nous avons pointé du doigt, le cas des enseignants volontaires. « Au Togo, la situation des enseignants volontaires (EV) est très ambiguë. Vivant les mêmes réalités que leurs collègues fonctionnaires, les enseignants volontaires ne bénéficient pas du même traitement auprès de l’Etat. Après l’adoption du statut particulier des enseignants, il y a deux ans, lequel offre de meilleures conditions salariales aux enseignants fonctionnaires, les enseignants volontaires sont toujours en attente d’une main tendue du gouvernement », écrivions-nous, avant d’ajouter que des actions sont annoncées dans certains établissements scolaires. Aujourd’hui, les faits confirment déjà ce que nous avions annoncé.
En effet, à l’appel de l’Association Nationale des Enseignants Volontaires du Togo (A.N.E.VO.TO), les enseignants volontaires observent, depuis le lundi 30 septembre 2019, une cessation de travail de Lomé à Cinkassé. Par ce débrayage, ces éducateurs entendent protester contre les résultats du concours organisé à leur intention par l’Etat. Un concours de recrutement à l’origine organisé exclusivement pour eux, mais qui, au finish, n’a touché qu’une infime partie de leur effectif. « Nous cessons le travail suite aux résultats catastrophiques du dernier concours. Nous avons constaté qu’il y a des admis qui ne sont ni volontaires, ni sur le terrain. Il y a des enseignants volontaires du privé alors que le concours ne s’adressait qu’au public », a déclaré Florent Sondou, président de l’Association nationale des enseignants volontaires du Togo (A.N.E.VO.TO). «Ce fait a du coup jeté dans nos rangs, dans nos écoles et dans toute la communauté éducative, du désarroi, de l’amertume, de la frustration et un fort sentiment d’injustice et de mépris», indique le syndicat dans le communiqué appelant les enseignants volontaires à la cessation de travail.
Cette association exige donc du gouvernement, une liste additive prenant en compte, les vrais enseignants volontaires ajournés en vue d’atteindre les 1000 prévus par leur Protocole d’accord. Elle demande également aux autorités de procéder au recensement des enseignants volontaires dûment reconnus sur le terrain afin de faciliter leur pris en charge par l’Etat en attendant leur enrôlement. L’A.N.E.VO.TO demande aussi à l’Etat d’organiser un concours spécial pour recruter le reste des enseignants volontaires.
Ainsi, les prochains jours s’annoncent tumultueux dans le secteur de l’éducation. L’accalmie constatée dans ce secteur ces dernières années risque de voler en éclats. Encore une fois, les autorités en charge de l’éducation sont rattrapés par leur dilatoire. Le problème des enseignants est latent depuis plusieurs années, et les autorités auraient dû trouver des solutions. Mais force est de constater qu’elles font de la fuite en avant à chaque début de rentrée scolaire pour calmer ces enseignants qui vivent dans des conditions misérables. Et le mot n’est pas trop fort.
Malheureusement, ce sont les élèves qui risquent de payer le prix de ce laxisme des autorités. Puisque les enseignants volontaires sont présents dans presque tous les établissements. Une cessation de travail prolongée risque d’avoir des conséquences sur la répartition du programme.
Source : Fraternité No.331 du 02 octobre 2019
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