Inédites de par leur ampleur, les manifestations de l’opposition obligent le chef de l’Etat à mobiliser les piliers de son régime.
Malgré le nombre de manifestations rythmant la vie politique togolaise depuis mi-août (LC n°760), Faure Gnassingbé envisage toujours d’organiser un « référendum » pour imposer son nouveau texte constitutionnel. Ce dernier limiterait notamment le nombre de mandats présidentiels à deux, mais sans effet rétroactif. Une pirouette, déjà vue par le passé au Burkina-Faso sous le régime de Blaise Compaoré, qui permettrait au chef de l’Etat de se représenter en 2020 et en 2025.
En attendant, Faure, bunkérisé dans son palais de Lomé 2, mobilise ses sécurocrates, pour la plupart des Kabyés originaires de Kara (Nord), le fief natal des Eyadèma, afin de juguler la crise.
Le chef de l’Etat a ainsi choisi son ministre de la sécurité et de la protection civile, Damehane Yark, seul non-Kabyé de son premier cercle – il est moba de Dapaong – pour ramener au calme dans les villes de Sokodé, Mango, Dapaong (Nord). Ces villes sont actuellement bousculées par le Parti national panafricain (PNP) de l’opposant Tikpi Salifou Atchadam, un Kotokoli de Sokodé. Colonel des Forces armées togolaises (FAT), Yark a dirigé, par le passé, la gendarmerie du pays.
Ex-responsable de la sinistre Agence Nationale du Renseignement (ANR), l’actuel patron de la gendarmerie Yotrofei Massina, Kabyé de Kara, est l’autre élément clé du dispositif présidentiel, tout comme le général Félix Abalo Kadanga.
Ce beau-frère de Faure est chef d’état-major des FAT. Il est connu pour avoir mené la répression contre Kpatcha Gnassingbé, ex-ministre de la défense et demi-frère du président togolais qui croupit depuis 2009 à la maison d’arrêt de Lomé.
Autre Kabyé de Kara, le commandant de l’armée de terre Kpatcha Sogoyou est aussi très actif au sein de l’équipe.
Quant au colonel kabyé Djibril Ahare, chef du Régiment des paracommandos, corps d’élite des FAT basé à Kara, il est appelé en renfort par la présidence lors des manifestations de l’opposition.
Enfin, Dolama Malana, qui dirige le Régiment commando de la garde présidentielle (RCGP), veille à la sécurité directe de Faure Gnassingbé.
Source : Lettre du Continent n°761 du 27 septembre 2017
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