Raisonnement unidirectionnel, méthode de gestapo, clientélisme, corruption, griotisme, envie, l’excellence dans la nuisance, nivellement vers le bas,… analyse de 15 ans de règne de ce qu’on avait alors présenté aux Togolais comme la nouvelle ère.
Au pouvoir depuis 2005, Faure Gnassingbé entame, cette année, son quatrième mandat à la tête du Togo. En 2025, le natif de Pya Akéi bouclera ainsi vingt (20) années de gouvernance à la tête du pays. Ceci, au terme d’une parodie d’élection sous les tropiques. Un regard rétrospectif sur les trois mandats déjà réalisés du fils d’Eyadema, ajouté à la succession des événements ces derniers jours font constater une évidence. Une sorte de parallélisme des formes entre la méthode de gestion de l’héritier du 05 Février et celle de son géniteur.
Mandat 4 au forceps…
Au terme d’un scrutin présidentiel émaillé d’irrégularités monstres dont des bulletins prévotés, des bourrages d’urnes et de renvoi des délégués des candidats de l’opposition dans plusieurs bureaux de vote dans le septentrion, Faure Gnassingbé triomphe finalement sans gloire. S’offrant ainsi, contre vents et marées, un quatrième mandat jugé de trop par nombre d’observateurs qui y voient l’expression d’un appétit glouton pour le pouvoir.
Une situation ubuesque qui, vraissemblement, indispose les traditionnels partenaires au développement et la communauté internationale. En témoigne, à titre illustratif, le non satisfecit ouvertement exprimé de l’ambassade des États-Unis au Togo croisé aux félicitations des dirigeants du monde qui tombent à compte goute, contrairement à l’ordinaire. Que dire du silence bruissant, voire assourdissant du reste du G5 dont l’Union Européenne, les ambassadeurs d’Allemagne et de France qui sont restés à ce jour aphones.
Et de toute analyse faites, cette curiosité que suscite Faure Gnassingbé dans la sous-région, pour être le seul président quadrimandataire résulte des micmacs dont est coutumier l’Héritier du 05 février 2005. Qui plus est du peuple togolais, dans sa majorité, qui a été douché dans son élan d’espoir, pourtant prometteur, il y a quinze (15) ans, à la prise de fonction de Faure Gnassingbé. Malheureusement, la suite n’aura été que succession des vieilles ritournelles.
Résultante des dérives et déceptions…
En effet, après trente-huit (38) années de gouvernance, Gnassingbé Eyadema aura laissé, au soir du 05 Février 2005, un pays esseulé diplomatiquement, politiquement nonchalant et économiquement exsangue, pour ainsi utiliser le terme du ministre Trimua. La résultante d’une gouvernance hasardeuse, sans vision claire. Mieux, un régime abonné aux dérives autoritaires et violations systématiques des droits humains. Avec pour conséquences, plusieurs crimes de sang, de réfugiés politiques fuyant la persécution. Des évidences qui ont, de fil en aiguille, creusé un gouffre entre les gouvernants et la population, dans sa majorité.
Du RPT à UNIR: même méthode !
Au décès du Général, en 2005, au terme d’un gymnastique scénario dont elle est la seule à détenir le secret, l’Armée remis le pouvoir à son fils Faure Gnassingbé. Malheureusement, du géniteur au rejeton, la gouvernance est restée la même.
En effet, le brin d’espoir né de l’avènement au pouvoir de l’ «esprit nouveau», en 2005, n’aura été finalement que du leurre. Tellement le système de gouvernance du fils s’est confondu, au fil du temps, à celui de son défunt père. Avec pour idéal, la confiscation du pouvoir, sa consolidation et sa pérennisation dans le temps. Pour ce faire, Faure se repli sur la méthode léguée par son géniteur tel un joug sur le cou des Togolais durant quatre (4) décennies.
Pour preuve, les persécutions à différentes facettes ayant poussé en exil, et leur maintien dans les pays d’accueil, de plusieurs têtes certes bien faites mais dont les réflexions sont aux antipodes de celles des griots au service du régime de Lomé. Akila Esso Boko, Koffi Kounté, Olivier Amah et dans une moindre mesure Alberto Olympio, président fondateur du Parti des togolais en sont quelques illustrations.
Le cas Agbeyome…
Décidé à faire taire, par tous les moyens, tout esprit réfractaire au passage en force, au musellement et à la clochardisation de la masse, Faure Gnassingbé à fait lever, par ses «députés élus», l’immunité parlementaire de Agbeyome Kodzo, son principal challenger à la présidentielle du 22 février dernier. Le crime de ce dernier est d’avoir réclamée sa victoire plus qu’évidente aux yeux des observateurs et analystes objectifs et crédibles. Aujourd’hui, c’est une triste réalité que sur son chemin vers Golgotha qui se veut la prison, le candidat de la Dynamique Kpodzro a été livré par 80 de ses collègues à l’hémicycle. Ceci, au nom du pouvoir, de Faure et de Tsegan Yawa, qui agit, telle une marionnette. Ce qui renforce, de plus le scepticisme de beaucoup d’observateurs sur l’évidence de l’hypothétique victoire claironnée de Faure Gnassingbé.
Au regard de tout ce qui précède, tout porte à croire que tout citoyen togolais est stratégiquement contraint à militer dans le parti au pouvoir pour espérer une place au soleil. Les hommes d’affaires, de peur de l’écoulement de leurs affaires, se rangent, malgré eux. Des universitaires aux étudiants en passant par les artistes, tous sont dans la danse, avec discours, chants et œuvres à la gloire du Prince. Même les partis politiques ne font pas l’exception. Aujourd’hui, la formation qui représente plus de menace pour le régime se voit systématiquement muselé, ses militants violentés et pourchassés jusqu’à leurs derniers retranchements, et les plus chanceux, en prison. Le cas du Parti national panafricain (Pnp) de Salifou Tikpi Atchadam qui souffre le martyr devant le silence complice des autres partis de l’opposition, de peur de subir les affres du pouvoir militaire de Lomé, en est grandement illustrateur. « Tout est fait en sorte que ne peut vivre heureux au Togo qu’un militant de Unir», constate, d’un air triste, Gabin, observateur avisé de la politique togolaise. « Fonctionnaires, hommes d’affaires, entrepreneurs, étudiants, artistes… tous sont obligés de s’aligner pour pouvoir manger », ajoute Sika, acteur de la Société civile spécialisé en Droits des enfants et de la femme. Et Benjamin, enseignant, d’en déduire qu’« à peine on trouvera une dizaine de militants de Unir qui ont adhéré au Parti par conviction. La quasi-totalité y sont, soit pour protéger leurs intérêts, soit à la recherche d’un avenir meilleur ». Et dans ces conditions, Jean d’Arc n’y voit que les signaux du grand retour du Parti Etat longtemps en vogue avant le vent démocratique des années 90 marqué par l’avènement du multipartisme.
Répression, terreur, persécutions, arrestations arbitraires…Retour de la dictature et du Parti État !
Aussi bien sur le plan du respect des droits humains que celui de la gouvernance politique, le pays a sensiblement perdu du terrain. Plus de manifestations publiques pour toutes forces démocratiques pendant que les militants et associations affiliées au pouvoir sillonnent, à loisirs, toutes les localités du pays. Tikpi Atchadam, le leader du Pnp, l’instigateur des mobilisations populaires d’août 2017 qui ont ébranlé le pouvoir de Lomé au point de l’emporter, est poussé à l’exile. De Lomé à Sokode en passant par Bafilo, Mango et Anié, plusieurs militants et sympathisants du Parti au symbole du cheval au galop, surtout ceux qui maintiennent encore allumée la flamme de la résistance, sont sous la hantise permanente de la persécution et de la prison. De même que ces villes précitées considérées comme fiefs du Pnp, nonobstant la parenthèse de la campagne électorale qui a ouvert, mais alors difficilement, les portes de ces villes aux partis de l’opposition, sont littéralement transformées en villes fantômes, militarisées jusqu’aux dents. Pendant que Kara, ville d’origine du Chef de l’Etat, reste, elle, une ville imperméable à l’opposition.
Répressions, terreur, persécutions, arrestations et détentions abusives, asphyxie économique…Bref, tout y est pour faire constater, tristement, le grand retour du Parti unique dans lequel devront militer tous les togolais. Une analyse diagnostique de la démocratie togolaise fait ressortir un constat de régression. Une réalité plutôt préjudiciable pour Faure Gnassingbé qui le traduit si bien par sa gourmandise politique caractérisée par la caporalisation des institutions de l’Etat, celle d’une armée demeurée toujours clanique à la solde du pouvoir cinquantenaire et l’organisation approximative des élections, avec en ligne de mire, la confiscation du pouvoir à coût de devises monétaires distribuées dans des QG occidentaux et des vols et fraudes sur le terrain. Ce qui s’est encore traduit par la mascarade électorale qui s’est à nouveau déroulé sous les yeux stupéfaits du monde entier. Et la fin de cette gouvernance forcée n’est visiblement pas pour demain. Même si le peuple togolais reste en éveil…
Source : Fraternité
Source : 27Avril.com