Togo, DSRP, SCAPE, FNFI, PUDC, PND : Le RPT-UNIR a tout essayé…tout échoué

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Togo, DSRP, SCAPE, FNFI, PUDC, PND :  Le RPT-UNIR a tout essayé…tout échoué

Plus de cinquante ans de gouvernance bâtie sur un règne de fer de père et en fils, le Togo, petit pays perdu en Afrique au sud du Sahara, peine toujours à décoller avec son économie dépendante, trop dépendante d’ailleurs de l’extérieur avec des aides et autres subventions. Soixante ans d’accession à la souveraineté internationale en 2020, le Togo demeure au biberon des institutions financières internationales sans réaliser à juguler la paupérisation de la population en dépit de tous les plans de sauvetage concoctés jusqu’ici par les tenants du pouvoir.

Depuis que les institutions de Bretton Woods ont mobilisé des ressources considérables pour lutter efficacement contre la pauvreté partout dans le monde, plusieurs pays dont le Togo en quête du développement qui souhaitent bénéficier d’une aide financière de la part de ces organisations, ou d’un allégement de la dette dans le cadre de l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés), doivent asseoir un programme de lutte contre la pauvreté. C’est ainsi que le DSRP, Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté, a vu le jour.

Ce processus tel qu’il est défini depuis sa conception, devrait s’appuyer sur la croissance pour réduire la pauvreté. Alors les gouvernants des pays en voie de développement mettent l’accent sur l’accélération de la croissance et identifient des mesures à mettre en œuvre pour améliorer les conditions de vie des populations pauvres. Le Togo de Faure Gnassingbé, puisque c’est le cas qui nous intéresse, n’a aussi pas manqué de pondre une série de projets censés améliorer le bien-être des populations qui ploient sous une misère indicible. Mais, malgré toutes les acrobaties financières exécutées, c’est-à-dire tous les montages économiques possibles du Gouvernement togolais, à 47,4 % en 2017, le taux de pauvreté au Togo est passé à 49% en 2018 selon la Banque mondiale. La population togolaise vit dans l’extrême pauvreté, d’après les déclarations de la Représentante résidente de la Banque mondiale au Togo, Dame Hawa Cissé Wagué. C’était le 17 octobre 2018 à Lomé à l’occasion de la commémoration de la « journée internationale pour l’éradication de la pauvreté ». Aussi avait-elle précisé, comme le rapporte le journal de l’économie Ecodafrik, plus de 3 millions 430 mille de Togolais, soit Près la moitié de la population du pays qui vit non pas dans la pauvreté, mais en dessous du Seuil de pauvreté.

En effet, dans sa gouvernance, plusieurs initiatives ont été prises par les autorités togolaises en vue de l’éradication de la pauvreté mais c’est sans résultats significatifs. Parce qu’au Togo, la misère se lit au quotidien et dans tous les coins de rue en dépit de tous les slogans consacrés comme le DSRP, Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté, la SCAPE, Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi, le FNFI, Fonds National de la Finance Inclusive, la DOSI, Délégation à l’Organisation du Secteur Informel, le PUDC, Programme d’Urgence de Développement Communautaire, etc. Aujourd’hui, la nouvelle trouvaille, c’est le PND, Plan National de Développement.

Tous ces projets ont été montés par le régime togolais dans l’optique de bénéficier de l’aide financière internationale pour réduire la pauvreté, soulager les indigents, leur redonner une dignité. Mais au final, comme le reconnaît le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé dans son discours du 26 avril 2012, c’est un petit nombre qui met par-devers lui, les richesses nationales au détriment du plus grand nombre, instaurant ainsi un déséquilibre nuisible qui menace jusqu’en ses tréfonds, la paix, la démocratie et le progrès. Mais les gens n’ont cure de changer d’attitudes, car bénéficiant d’une impunité absolue. Peut-être que c’est la condition posée par les uns avant de vendre leur silence devant tant d’injustices sociales orchestrées par les tenants du pouvoir, et pour ces derniers, la garantie de continuer à diriger le pays dans l’arbitraire et dans l’absolutisme.

Appauvrir pour régner

« Il est véritablement choquant de constater que dans un Etat, les biens soient accaparés par quelques riches qui deviennent davantage riches au détriment des plus pauvres qui deviennent davantage pauvres : il ne s’agit ni plus ni moins que d’une inversion de la fonction politique elle-même. Le scandale n’est pas qu’il y ait des riches et des pauvres ; le scandale est dans le fait que les institutions qui doivent instaurer un minimum d’équilibre se murent dans l’indifférence ou choisissent un camp, celui des riches, paradoxalement, et s’y cantonnent ».

Ce diagnostic établi par la Conférence des Évêques du Togo dans leur Lettre pastorale du 26 avril 2016 à l’occasion du 56e anniversaire de l’Indépendance du Togo, résume tout le mal être du régime togolais. Exprès, il laisse sans ressources des populations qui se nourrissent et s’habillent difficilement. Puis, rarement ou en périodes électorales, il leur apporte des T-shirts à l’effigie du parti, des pains de savon, du tôle, du sucre, du riz et autres produits de première nécessité en plus d’un peu d’argent, et le tour est joué. Les sauveurs sont là. Mais, comment comprendre que les populations les plus pauvres du Togo sont celles du nord alors que la grande majorité de la minorité riche qui a accaparé la totalité de la richesse du pays est constituée des ethnies du nord ? Ce paradoxe n’en est pas un. C’est un système mis en place par le régime togolais consistant à maintenir le plus durablement et plus durement possible les populations togolaises dans la misère et la pauvreté pour mieux les dompter afin de s’éterniser au pouvoir et de pérenniser des acquis indus. « Et quand vous vous opposez à ce cynisme de gouvernance, » analysait Salifou Tikpi Atchadam, « ils disent : Appelons-le et donnons-lui quelque chose de ce que nous mangeons; certainement qu’il a faim. Quand vous refusez, ils cherchent à vous faire peur. Et quand vous résistez, ils cherchent à vous éliminer. Voilà le jeu démocratique au Togo ».

En réalité, tous ces slogans évoqués plus haut, DSRP, SCAPE, FNFI, PUDC, PND… ne sont que de l’enfumage, du saupoudrage, du maquillage, pour bluffer les populations et les faire croire qu’ils se préoccupent de leur triste sort. Les 15 000 FCFA par trimestre aux ménages les plus pauvres du nord du pays, en disent long sur la supercherie. Ils savent pertinemment que dans un pays comme le Togo où les charges augmentent du fait de la flambée des prix des produits de première nécessité, donner 15 000 FCFA par trimestre aux ménages sous prétexte qu’on veut éradiquer la pauvreté, n’a autre nom qu’une plaisanterie de mauvais aloi : « N’est-ce pas une véritable comédie si après avoir mal partagé les richesses du pays, on maintient notre peuple dans la misère et on donne à certains des sacs de riz et des fournitures scolaires pour leurs enfants ? » se demande le Prêtre Marie-Chanel Affognon du Mouvement des « Forces vives Espérance pour le Togo » avant de poursuivre que « la première étape de la vraie charité c’est la justice sociale et non la fausse philanthropie ». Aussi est-il évident que l’inégalité sociale où le plus petit nombre accapare les ressources au détriment du plus grand nombre, installant les autres dans la misère ne se règle pas à travers la distribution de vivres, de machettes, de houes, de quelques billets de banque, de fournitures scolaires etc. mais elle se régularise par une juste répartition des richesses et des biens et la promotion des principes et valeurs démocratiques.

Au siège de l’Union Africaine, le 28 juillet 2015, la leçon de la bonne gouvernance est donnée par Barack Obama, ancien Président des USA. Il dit : « Je crois que le cœur de l’homme est plus fort. Je crois que les cœurs peuvent changer. Je crois que les esprits peuvent s’ouvrir. Voilà comment le changement se produit. (…) Promouvoir le développement qui sort les gens de la pauvreté. Soutenir la démocratie qui donne aux citoyens leur mot à dire. Faire progresser la sécurité et la justice qui offrent la paix. Respecter les droits de toutes les personnes. Ce sont les clés du progrès, pas seulement en Afrique, mais dans le monde entier ». Que celui qui a des oreilles pour entendre entende !

Source : La Manchette No.077 du 04 septembre 2019

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