Togo, Dossier Victor Vinyo Amegee : Quand le Procureur Général Kodjo Gnambi Garba aussi laisse la proie pour l’ombre

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Le magistrat juge à charge et à décharge, enseigne-t-on dans les grandes universités. Mais apparemment, le Procureur Général près la Cour d’appel de Lomé, Kodjo Gnambi Garba aurait une « préférence » pour l’une des parties en conflit dans l’affaire dite « Docteur Amegee ».

Quelques-uns des protagonistes dans le dossier Dr. Amegee Victor | Infog : La Nouvelle

Le 24 avril 2019, des éléments de la Police se sont rendus dans la demeure où se trouve le Dr Amegee Victor, malade; ils ont fait signer des papiers au docteur alors qu’ils ne disposaient d’aucune autorisation de leur hiérarchie. Le 3 mai 2019, des policiers du commissariat Donou sont passés enlever le docteur Amegee sans que leur hiérarchie leur ait remis de réquisition venant du Procureur de la République et l’ont emmené pour l’enfermer avec son fils Joseph. Ils n’avaient en tout qu’un papier de l’huissier Edem Amega. Mais contacté par téléphone par le Directeur Adjoint de la Police le 24 mai, celui-ci s’est défilé. Qui a donné l’ordre d’enlever M. Amegee et où cet huissier a trouvé le document ? Le Procureur Général qui semble avoir pris la suite de cette affaire après le Procureur de la République est-il informé de cet état de chose ?

Informé, le Procureur de la République aurait demandé au fils du docteur, Kodjo Amegee, de porter plainte. Ce que celui-ci a fait. Mais quand lui et son notaire se sont rendus chez le Procureur Général, ils étaient abasourdis par l’unilatéralisme de ses propos à l’encontre du plaignant qui a réussi à retrouver son père et son petit frère dans un état inquiétant depuis leur « enlèvement », attesté par des rapports médicaux. Et pourtant, M. Amegee est sous tutelle, après que la curatelle que dame Amegee – en Europe depuis novembre 2018 – s’était procurée a été annulée.

Dans un rapport médical daté du 24 mai de la clinique Alpia, jour où, sur instruction du Procureur de la République, portail et portes ont été défoncés par la Police pour extraire M. Amegee et son fils Joseph enfermés à double tour par une tante et la fille du docteur, on peut lire au sujet de Victor Vinyo Amegee : « Le patient est porteur d’une cardiopathie avec mise sous Aldactone ; suivi en urologie pour une hypertrophie de la prostate. A l’admission, le patient présentait un mauvais état général (amaigrissement, asthénie), une schizophrénie et un syndrome démentiel, un syndrome anémique sévère, un syndrome de déshydratation sévère, des signes de dénutrition sévère, des oedèmes des membres inférieurs avec quelques escarres au niveau des fessiers, des ulcérations au dos des pieds. Ce patient nous pose effectivement 3 problèmes : un problème de prise en charge, de l’amélioration de l’état physique et d’un suivi psychiatrique. Il est actuellement en hospitalisation pour une prise en charge médicale de l’état physique… ».

Et pourtant, Dr. Amegee Vinyo est un homme de biens, des biens surtout immeubles pouvant susciter des convoitises de tous ordres et de toutes parts. Ses pensions devraient suffire à assurer sa santé, mais à quoi servent les fonds que sa fille Denise retire assidument sur son compte depuis des mois? Denise Amegee mérite-t-elle autant de sollicitude de la part du Procureur Général, puisqu’étant donné que leur mère est absente du territoire, la charge de leur père devrait lui incomber, toute solidaire qu’elle est de sa génitrice ?

Des fonds ont été régulièrement encaissés par Denise Amegee sur les comptes de son père ; parce qu’une « procuration » a été signée sous contrainte par le docteur. La preuve ? Une correspondance adressée à la Directrice des engagements à l’UTB datée du 25 juin 2018 réclame la copie de ladite procuration à la banque. « Dans l’affaire en référence, j’ai l’honneur de vous faire connaître que je suis le conseil de M. Victor Vinyo Milenovissi Amegee, majeur protégé. Dans un courrier que vous avez adressé à Me Pouwi, Notaire, en date du 11 juin 2018, vous lui avez communiqué une série de documents notamment les relevés de compte, ainsi que les chèques établis au nom de mademoiselle Marie Denise Akofa Amegee. Il ressort de votre correspondance que celle-ci disposerait d’une procuration donnée par son père. Ce document n’a malheureusement pas figuré au nombre des pièces communiquées. Or, il s’agit d’un pièce capitale, permettant d’apprécier la légalité de ces retraits. En effet, le père M. Victor Vinyo Milenovissi Amegee est un majeur protégé d’après un jugement le plaçant sous curatelle depuis le 14 mars 2014. A ce titre, il ne pouvait plus légalement donner procuration, sa signature étant stérile. Si par hypothèse, mademoiselle Amegee sa fille a pu exciper d’une procuration portant sa signature, ce document ne peut être qu’un faux intellectuel ou matériel… ». A ce jour, la procuration n’a pas été produite. Nous passons sous silence comment Denise Amegee procédait pour encaisser les pensions qui tombaient régulièrement sur le compte de son père.

Le Procureur Général aurait traité dans son bureau le fils aîné Kodjo Amegee de « dangereux », ajoutant qu’une plainte serait déposée à son encontre et qu’il se préparerait à l’instruire. Parce que selon les dires de Denise Amegee, petite sœur sans emploi de Kodjo Amegee, celui-ci maltraiterait et frapperait son frère paralysé Joseph –alors que Kodjo Amegee vit hors du pays. Il nous est également revenu que le juge ne voulait pas regarder le dossier complet à lui tendu par Kodjo Amegee et qu’il aurait demandé au notaire qui accompagnait Kodjo Amegee d’approcher plutôt Denise Amegee qui aurait des choses à lui révéler. Assez cocasse pour un juge qui n’a pris le temps d’écouter qu’une des deux parties.

Pourquoi Gnambi Garba ne missionne-t-il pas, comme sollicité par Kodjo Amegee, un juge ou un huissier pour aller constater l’état de dégradation de la santé de Joseph et leur père toujours gardés à l’hôpital ? Mieux, qu’on les interroge pour savoir celui ou celle qui les maltraite ? C’est à croire qu’il existe un parti pris de la part du Procureur Général. Car, n’oublions pas que dans cette affaire, il est question de biens meubles et immeubles du docteur et surtout d’héritage de ses parents (au grand marché de Lomé et des maisons) dont les documents ont mystérieusement disparu ; de quoi susciter des convoitises de toutes parts.

Le Procureur Général aurait accusé Kodjo Amegee d’avoir permis que la voiture de son père qui était dans le garage après que la police est intervenue pour défoncer le portail et les portes de la maison afin d’accéder au père Amegee et au fils Joseph, soit volée. Mais nous avons appris que la semaine dernière, au moment où un huissier s’était rendu au domicile de la sœur de la mère de Denise pour leur laisser une convocation de la part de Joseph Amegee pour violences sur une personne sans défense et paralysée, la voiture que le Procureur Général dit avoir été volée se trouvait dans cette maison. Gnambi Garba le sait-il ? Nous savons également que la clé de la maison d’où la voiture aurait été volée, selon les termes du Procureur Général, se trouverait avec celui-ci.

Hier, dame Amegee et sa fille Denise, ainsi que la soeur de la dame, Latifatou Kekey et son fils devraient répondre à une convocation à la Gendarmerie après qu’un soit-transmis leur a été laissé par un huissier. Pour coups et blessures sur Joseph Amegee. Quelle suite sera-t-elle donnée à cette affaire dans laquelle les biens du Dr Amegee sont en jeu ? Pendant longtemps, cette affaire a piétiné en Première instance, à chaque fois que des juges ont voulu dire le droit. En sera-t-il de même à la Cour d’appel ? Nous apprenons que le commissariat dit ne plus pouvoir s’occuper de la voiture dite volée ou disparue. Au motif que le Procureur général lui-même s’en charge. Nous avons tenté de joindre le Procureur Général par trois fois peu avant midi, en vain. Son téléphone sonnait inaccessible.

Bon à suivre.

Abbé Faria

Source : Liberté No.2942 du Mardi 18 Juin 2019

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