L’un des exploits réalisés par feu le Général Etienne Gnassingbé en trente-huit (38) ans d’exercice du pouvoir, est d’avoir réussi à dévaloriser la Chefferie traditionnelle. Aujourd’hui, le président Faure Gnassingbé a mieux fait en la vidant de toute sa substance et en la mettant non, seulement sous ses bottes mais aussi sous celles de la minorité qui accapare, selon ses propres termes, les richesses du pays. Conséquence : les Chefs traditionnels ne revêtent plus tant ce caractère sacré et honorifique d’antan et ne bénéficient plus de la confiance de leurs communautés respectives.
Naguère garant des us et coutumes, les Chefs traditionnels sont de nos jours devenus, des béquilles du pouvoir de Faure Gnassingbé, ou mieux encore les garants de ses acquis à l’échelle communautaire. Pour s’en convaincre, il suffit juste d’apprécier la démarche des ces têtes couronnées à l’occasion des grandes manifestations dans le pays.
Pas plus que le week-end dernier à Tsévié, l’image de soumission que les Chefs traditionnels ont projetée à la face du monde, lors du premier congrès statutaire du parti au pouvoir Union pour la République (UNIR) du Chef de l’Etat, est aux yeux de beaucoup d’observateurs, l’expression même d’une posture d’Allégeance qui ne dit pas son nom.
Ailleurs le respect voué par les politiques aux Chef traditionnels n’a d’égale que la volonté de ceux-ci de se faire respecter et de tenir toujours leur place prépondérante dans la construction de la société.
Les têtes couronnées au Ghana sont des exemples les plus édifiants en la matière dans la sous-région. Depuis fort longtemps, Ils ont pris la responsabilité de moderniser cette institution bien établie qu’est la chefferie afin de répondre aux besoins de leur peuple en fonction de ce qui se passe dans le monde.
Aujourd’hui de par leurs attitudes, les chefs et les reines-mères de toutes les contrées du Ghana ont reconquis une bonne partie de leur autorité à titre de partenaires du développement de l’Etat.
Les Chefs traditionnels togolais : mauvais élèves
La Chefferie traditionnelle au Togo est tout le contraire de celle du Ghana et des autres pays de la sous-région. Des têtes couronnées, aux ordres des hommes politiques qui les gratifient avec des miettes afin de les utiliser au moment opportun à des fin électoralistes.
Elle est triste cette réalité, mais mérite d’être mis sous les feux de la rampe. Elle peut être amère cette vérité mais mérite d’être soulevée. D’autant plus que, celle qui se sente abandonnée et qui en pâtit, c’est la communauté à la base.
Par ailleurs, le mutisme de ces Chefs traditionnels face à la recrudescence des manifestations et l’escalade de la violence, dans le pays est loin d’éberluer l’opinion. D’autant plus que, eu égard à leurs habitudes, les gens se sont rendu à l’évidence qu’ils sont rangés plus du côté de l’oppresseur que de l’opprimé. « Celui qui reste silencieux face à l’injustice est du côté de l’oppresseur », dira l’autre.
En ce sens Il ne serait pas trop exagéré, voir trop osé d’insinuer que le pouvoir traditionnel est mis à contribution pour exploiter le peuple, et que leur crédibilité de ce fait est mise à rudes épreuves.
Ils sont plus réduits à des rôles d’exécutants d’ordres dans leurs communautés et sont loin des grandes décisions qui engagent la vie de notre pays. Même un ministre, un préfet ou encore un président de la délégation spéciale peut narguer à son bon vouloir, un chef traditionnel et lui dicter ses exigences.
Méfiance de la population
Dans de nombreuses communautés au Togo, les Chefs traditionnels sont de plus en plus perçus comme des taupes et non des intermédiaires crédibles entre le peuple et le pouvoir. Du côté de ce dernier, la Chefferie traditionnelle n’est qu’un pan de la machine d’oppression socio-économique et politique sur la population.
Mais au Ghana, dont les chefs traditionnels sont cités en exemple plus haut, le gouvernement central s’est rendu à l’évidence qu’il ne peut pas fonctionner dans le sens positif du terme sans eux, au niveau des collectivités locales.
A titre d’exemple sur ce point, ont peut citer le Chef suprême des Ashantis qui a acquis des privilèges à lui, conférés par le gouvernement central. Il dispose d’une administration et d’une justice et s’investit dans les actions de développement de la ville de Kumassi.
De tout ce qui précède, on retient qu’au Togo, nous sommes loin d’avoir une Chefferie dévouée à la cause de leurs communautés respectives. Les décisions et les démarches sont plus dictées par le régime en place au gran dam des populations qui ploient sous le joug de la misère pendant que leurs Chefs, censés intercéder pour eux, accaparent leurs terres avec la complicité du pouvoir. Et ça, c’est une autre paire de manche.
Gabriel Blivi/nouvelleafrique.info
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