Togo, Direction des Statistiques Agricoles : Un contrat qui fait resurgir la tension

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Togo, Direction des Statistiques Agricoles : Un contrat qui fait resurgir la tension

Il y a quelques semaines, à la Direction des Statistiques Agricoles de l’Informatique et de la Documentation (DSID), ça grognait. Un bras de fer opposait les agents enquêteurs agricoles du Système Permanent d’Enquête (SPE) au Directeur Komi Djeguema. Ces derniers qui dénoncent la gestion hasardeuse de la boite, réclamaient une amélioration de leurs conditions de travail et de vie. Alors qu’on tentait de réduire leur contrat à moins de deux mois, les enquêteurs disent travailler dans une précarité, sans garantie sécuritaire. Ce qui, selon eux, les expose à tous les risques sur le terrain.

«Pas de couverture sociale pour les cas de maladies ni accidents professionnels, non déclaration à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). Ce qui prouve le caractère d’insécurité, d’instabilité et de précarité du travail. Les nombreux cas de décès, d’accidents professionnels, de maladies sont à la charge des agents eux- mêmes, de leurs familles ou de leurs proches », dénonçaient-il. Et pour faire entendre raison à leur employeur, ces agents constitués en Syndicat des Agents Enquêteurs Agricoles Contractuels de la Direction des Statistiques Agricoles de l’Informatique et de la Documentation (SYACO-DSID) avaient décidé de suspendre leurs activités.

Alors qu’il fallait sauver la situation et favoriser le bon déroulement des opérations de collecte des données de terrain pour le compte de la campagne agricole 2018-2019, le ministre Ouro-Koura Agadazi de l’Agriculture et de l’Elevage a arraché une accalmie assortie d’un compromis avec les grévistes. Mais, même si la tempête semble s’être calmée, à l’horizon, une nouvelle tension couve. Un nouveau contrat proposé aux enquêteurs est le germe de la nouvelle discorde qui se dessine.

La sérénité et l’optimisme affichés par le Directeur de la DSID, Komi Djeguéma, le 30 août dernier à l’issue de l’atelier de restitution approfondie du Système national des statistiques agricoles (SNSA), contraste avec une triste réalité : les difficiles conditions des agents qui continuent de travailler « sans couverture sociale en dépit des cas de décès et de nombreux cas d’accidents professionnels graves observés chaque année », regrette le SYACO-DSID. « La campagne agricole 2018-2019 a déjà enregistré plus de quatre (04) cas d’accidents sans compter les cas de maladie », a-t-il ajouté. Avec les clauses du nouveau contrat qui leur a été soumis, les enquêteurs ne peuvent que subir, puisqu’ils ne peuvent plus exprimer leur ras-le-bol. Le droit de grève leur est arraché.

Et c’est ce qui fâche. Dans le dernier contrat mis à la disposition des agents enquêteurs agricoles dans le cadre du déroulement des opérations de collecte des données de terrains pour le compte de l’Enquête Intercensitaire (Ndlr, mini recensement national de l’Agriculture), le Syndicat relève des « intimidations et peines voilées ». Pour preuve, l’article dudit contrat : « Les parties prenantes sont d’accord pour reconnaître que les manquements suivants sont considérés comme motif suffisamment grave pour justifier un renvoi sans préavis et sans indemnité, notamment le manque d’application, de discipline, l’insuffisance professionnelle, la tentative d’organiser une révolte ou une contestation sous toutes ses formes, les fautes graves dans l’accomplissement des tâches qui lui sont confiées ».

Cette attitude des premiers responsables de la DSID ne fait qu’en rajouter à l’ambiance déjà pourrie dans la boîte. Dans le Code du Travail ou dans les conventions collectives ratifiées ou signées par le Togo, le droit de grève est consacré. Si une institution de l’Etat dont le droit régalien est de protéger et de promouvoir le droit d’un travail décent verse, lui aussi, dans ces genres de dérives, on comprend pourquoi les autorités restent impuissantes face aux mauvais traitements que les sociétés privées et surtout celles de la Zone Franche infligent à leurs employés.

Mais pendant qu’on y est, le DG de la DSID qui a été contacté entre-temps sur le même sujet, a apporté un démenti à ce que les enquêteurs lui reprochent et évoquait un « complot » contre lui.

Source : L’Alternative No.735 du 14 septembre 2018

27Avril.com