S’il est une largesse que la société civile togolaise avait attendu du message de vœux de Faure Gnassingbé à la nation le 30 décembre dernier, c’était à n’en pas douter la remise de peine aux dizaines de détenus politiques dont le nombre dépasse désormais une centaine, si l’on en croit le décompte fait par le Collectif international pour la libération des prisonniers politiques au Togo (CILPPT).
La légende raconte que lors de grandes fêtes religieuses ou après leur sacre, tous les rois de France touchaient (ou effleuraient) les écrouelles en prononçant la phrase : « Le roi te touche, Dieu te guérit ».
Ainsi les 2% ou 3% de patients qui guérissaient ou entraient en rémission le devaient à leur bon roi. Louis XVI a touché plus de 2000 patients, et en 1825, Charles X en toucha encore 120, dont cinq ont guéri. Les dirigeants de notre ère ne détiennent pas ce pouvoir. Mais à la place, il leur est donné de réparer les injustices faites aux innocents.
Aujourd’hui, une signature, un décret suffisent à rendre leur liberté aux citoyens injustement privés de leur droit de se déplacer. Conscient de la portée de ce geste en fin d’année, le chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara a procédé « à la signature d’un décret de remise gracieuse de peine au bénéfice de près de 2500 détenus qui recouvreront la liberté », comme il l’avait fait savoir dans son discours à la Nation à la veille de l’an 2022, tout en précisant que « cette mesure ne concerne pas les personnes condamnées pour crime de sang ».
A défaut de guérir, cette remise de peine aura eu le mérite de soulager bien des familles qui vont fêter avec leurs proches, ce qui n’est pas négligeable. Le pouvoir de Faure Gnassingbé a cela d’étrange, qu’au rebours des messages de paix qu’il n’a de cesse de semer à tous vents, la réalité n’a jamais été au rendez-vous. Durant son règne, il y a des détenus arbitrairement arrêtés dans l’affaire « Goma Abdoul-Aziz », des détenus arrêtés dans l’affaire « Tigre de la Révolution », des détenus illégalement arrêtés récemment pour avoir exercé légalement leur droit à la liberté d’expression, des détenus jugés et condamnés dans la controverse.
Le pompon, pour un règne d’une durée de seize années. Des détenus qui sont autant de « prouesses » d’un régime qui n’est pas prêt à faire de la réconciliation nationale l’une des cartes maîtresses. La logique aurait voulu que ces citoyens arbitrairement arrêtés, dont certains meurent dans une opacité sans nom, recouvrent enfin leur liberté. Il y va de l’image du pays. N’en rien faire c’est abuser de leurs droits.
Source: Le Correcteur
Source : icilome.com