Togo / Des ressources dilapidées pour « construire des marchés » : Après le marché Kpalimé et celui d’Aného va être réaménagé

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Marché d'Aného

Hier c’était la ville de Kpalimé qui a vu son nouveau marché décoiffé et réaménagé afin d’en faire un espace de vie moderne. Aujourd’hui, c’est au tour de celui d’Aného de voir son toit décoiffé, en attente du lancement des travaux de rénovation. Et demain ? Lorsqu’on comprend que ces travaux coûteux ne sont pas gratuits, on se demande comment a-t-on pu lancer des chantiers nécessitant des centaines de millions de FCFA sans avoir pris le temps d’associer les utilisateurs pour des livrables pérennes.

A Kpalimé, le nouveau marché a fière allure. Ses allées pavées, son toit et l’architecture plaisent au regard. Mais contre quelle facture ? Et dire que l’originel avait coûté quelque 440 millions FCFA au bas mot.

Le marché d’Aného a emboîté le pas à celui de Kpalimé. Depuis 2020, les commerçantes ont été délogées pour des travaux de rénovation. Alors que c’est seulement en mai 2011 qu’il a été inauguré. D’après le site du gouvernement republicoftogo.com, le coût de construction a avoisiné les 350 millions de FCFA, selon les chiffres officiels.

Mais une similarité entre les deux infrastructures heurte la conscience et interroge sur les contours des projets de construction de marchés au Togo, initiés dans le temps par le ministère du Développement à la base.

Absence d’infrastructures complémentaires respectant les normes d’hygiène et d’assainissement, de sécurité, de fluidité de la circulation à l’intérieur des marchés initialement construits ainsi qu’aux abords. En plus, les toitures sont anormalement basses, comme si aucune étude préalable n’a précédé les travaux de construction.

De plus, le marché de Kpalimé est érigé sur un espace dont l’accès est difficile, avec des voies peu praticables pendant la saison des pluies. Conséquence, ce marché n’a jamais servi aux bénéficiaires qui l’ont boudé jusqu’à la moelle épinière.

Celui d’Aného traîne des maux tout aussi incompréhensibles pour un marché devant abriter des centaines –voire des milliers- de commerçantes : plaintes des femmes pour les toitures trop basses, ce qui rend le marché très sombre dès le coucher du soleil, la chaleur y régnant du fait de la hauteur des toits qui laissent difficilement passer le courant d’air, l’impossible ruissèlement de l’eau en temps de pluie, le caractère exigu entre certains étalages, etc.

Ainsi, tout comme à Kpalimé, c’est la banque de coopération allemande, la KFW qui s’est engagée à financer les travaux de rénovation. Or, une banque, ça ne fait pas dans le mécénat. Et dire qu’on pouvait épargner les centaines de millions et engager des travaux véritables de construction ! Mais la propagande avait pris le pas sur la vision de construire des marchés de qualité.

Car, rappelez-vous, une fièvre pour la construction de marchés s’était emparée du ministère du Développement à la base à une certaine période au Togo. Avec son concert d’inaugurations.

L’ancien Représentant-Résident du FMI au Togo, Jules Tapsoba disait que pour développer un pays, il faut la conjugaison de trois préalables : les compétences, la gouvernance et la vision.

Des marchés construits à la hâte, comme pour justifier des dépenses ou montrer qu’on travaille beaucoup, le Togo en connaît dans toutes les préfectures. Mais la réalité est là et saute aux yeux : ces marchés ne sont pas adaptés et n’offrent pas des garanties de pérennité. Et si Kpalimé et bientôt Aného voient leurs marchés reconstruits, il ne faut pas s’étonner que d’autres communes également accèdent aux demandes de leurs administrés.

Doit-ont dire que finalement, les milliards dépensés pour construire les marchés à la va-vite sont de l’argent jeté par la fenêtre ? Et pendant ce temps, la saison des pluies s’annonce et les bonnes femmes devront affronter la pluviométrie, après la canicule. Mais jusqu’à quand ?

Godson K.
Liberté N°3789 du Mercredi 08 Mars 2023

Source : 27Avril.com