Togo, Des juges participent à la surpopulation carcérale : Le 1er Substitut du Procureur, Placide Clément Mawunou, ébloui par une dame, dépose le jeune amant de cette dernière en Prison

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Togo, Des juges participent à la surpopulation carcérale : Le 1er Substitut du Procureur, Placide Clément Mawunou, ébloui par une dame, dépose le jeune amant de cette dernière en Prison

Si lorsqu’une cougar éconduite cherche à sa venger d’un jeune étudiant qui n’en peut plus des mensonges de celle-ci, et qu’elle met à contribution la justice togolaise pour punir ce jeune par l’emprisonnement, il y a lieu de se demander si des juges ne participent à la surpopulation carcérale. Depuis le 26 août 2019, Agbonou Kokou Richard, étudiant de son état, croupit à la prison civile de Lomé après une plainte cousue de fil blanc par dame Malika Issa Touré déposée auprès de Placide Clément Mawunou, 1er Substitut du Procureur de la République. Pour vol, viol et chantage. Mais la réalité serait toute autre, après notre rencontre avec le juge, puis avec le prévenu.

Depuis le 26 août 2019, l’étudiant Agbonou Richard est déposé à la prison civile de Lomé, sur ordre de Placide Clément Mawunou, 1er Substitut du Procureur de la République. Ceci, après 48 heures passées au commissariat de Djidjolé. Pour comprendre ce dont le jeune étudiant est accusé, nous nous sommes présentés au Substitut. Il nous a expliqué que c’est un crime sexuel commis par l’étudiant. « Le dossier est plus compliqué et il fait croire qu’elle lui a loué », a relevé le Substitut qui nous a servi la version à lui racontée par la plaignante, Malika Issa Touré, âgée au moins de 27 ans, donc de 4 ans l’aînée de l’étudiant Richard.

Pour le Substitut, la femme aurait été droguée par l’étudiant lors d’une sortie en boîte avant d’être emmenée en taxi par celui-ci et violée. Il aurait obtenu le numéro de celle-ci par l’entremise d’un frère ainé et aurait commencé à faire chanter la femme après l’avoir violée ; et c’est excédée que dame Malika aurait décidé de porter plainte. Le substitut nous a précisé que ce n’est pas facile pour une femme de parler de cette situation, raison pour laquelle elle aurait subi les chantages. Nous avons remercié le substitut qui, soit dit en passant, a loué la démarche entreprise pour recouper les informations.

Non convaincu par les propos du juge, nous nous sommes rendus à la prison civile de Lomé où nous avons échangé avec Agbonou Richard. Ce qu’il nous a raconté semble en totale contradiction avec ce que le juge nous a dit et qui l’a décidé à déposer l’étudiant.

Dans le registre de la prison civile, ce sont des charges de vol, viol et chantage qui sont retenus contre Agbonou Richard. Mais les faits tels que racontés par celui-ci méritent-ils un mandat de dépôt, ou bien le juge aurait-il été charmé par la jeune dame ? Mais puisque le juge Placide Clément Mawunou n’a pas pris le temps de considérer que cet étudiant est aussi et d’abord un homme qui mérite considération, mais a choisi de s’en tenir aux propos d’une femme en mal de sensations fortes pour préférer le dépôt au principe d’interrogation à charge et à décharge, nous avons fait le boulot à sa place.

Début décembre 2018, Richard, dame Malika, une amie à celle-ci nommée Yayra et son copain à elle, Yao s’étaient retrouvés au bar La Rumba pour se recréer. Richard était arrivé en retard, ce qui n’avait pas plu aux autres. Deux semaines plus tard, rebelote, il refait le même coup au groupe en arrivant en retard au même endroit. La tension serait montée entre les amis de Malika et Richard dans les toilettes, ceux-là estimant que celui-ci n’accordait pas assez d’égard à leur amie. Ce fut Malika qui calma le groupe. 31 décembre 2018, avant une autre sortie, la dame remit 35.000 FCFA à son Richard avant d’aller rejoindre ses amis au bar. Elle appela son gars de les rejoindre dans la nuit, ce que celui-ci fit à contre cœur. Et quand il arriva, il utilisa l’argent que sa protectrice lui a remis quelques heures avant pour s’offrir de la bière et rester au comptoir. Visiblement, la femme était déjà « au fond de la bouteille » et titubait à vue d’œil. A contre cœur, Richard ravala sa colère et se décida à la raccompagner.

Alors qu’il l’avait laissée à l’entrée du bar, le temps de trouver un taxi, la dame trébucha et tomba. Au lieu de l’emmener à la maison, puisque jamais ils ne se voyaient que les nuits, Richard la conduisit dans un centre de soin situé derrière le lycée technique et régla la facture évaluée à 7.400 FCFA avec une partie de l’argent que dame Malika lui avait remis plus tôt dans la soirée. C’est cet incident dont s’est servie cette femme pour accuser de vol d’une somme de 80.000 F son amant.

Or, et certainement que le substitut l’ignore, les amants avaient commencé à se fréquenter depuis octobre 2018, et ils avaient même fait un pacte de sang sur insistance de la dame.

De janvier à avril 2019, Richard dit avoir perdu son téléphone et s’était éloigné par la même occasion de Malika dont il avait fini par découvrir les qualités de menteuse qui ne tient jamais à ses promesses. Mais le 2 mai 2019, la dame a pris contact avec son pointeur et devant la mère de celui-ci – puisqu’il dormait chez sa maman -, la femme avait remis 340.000 FCFA. Le 1er juin, elle lui avait rendu visite, mais le soir, comme d’habitude. Mais parce que Malika refusait de venir chez Richard en plein jour au motif que le jeune frère de son mari vivrait dans le même quartier que lui, celui-ci a coupé les ponts fin juillet.

Ils en étaient là quand, le 24 août 2019, dans une ruelle, Richard fut encerclé par 7 malabars armés de couteaux qui l’obligèrent à les suivre à moto. Ils débarquèrent devant Malika ; quelques instants plus tard, deux individus en civil vinrent le conduire au commissariat de Djidjolé, et 48 heures plus tard, il fut conduit devant Placide Clément Mawunou et déposé ensuite en prison.

Le dossier serait confié au 5ème cabinet d’instruction, soit ; mais devrait-on en arriver là si le 1er substitut s’était appliqué à juger à charge et à décharge ? Son expression « il fait croire qu’elle lui a loué » laisse deviner sans risque de se tromper qu’il a pris partie pour la dame.

Cette affaire fait dire que des juges participent à la surpopulation carcérale au Togo. Parce qu’il ressort que c’est une rupture mal supportée qui a conduit la dame à se venger en inventant des charges. Et pendant ce temps, Richard croupit en prison depuis bientôt 3 mois alors que la rentrée universitaire vient de commencer.

Pour combien de temps encore avant que le 5ème cabinet d’instruction daigne ouvrir ce dossier et déterminer la vérité ? Lorsqu’on dure trop à un poste, on prend des airs de suffisance et des relations dommageables se créent et polluent le travail. Aux dépens des justiciables, malheureusement.

Godson K.

Source : Liberté No.3051 du Jeudi 21 Novembre 2019

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