Depuis quelques années, les discours officiels à l’endroit de la diaspora togolaise ont évolué. De plus en plus, un appel leur est lancé à revenir au pays afin de contribuer à son développement économique. L’appel, il faut le dire, a convaincu certains, même si la majorité est toujours méfiante. Et des faits portent à croire que cette réticence est légitime et justifiée. Le propriétaire du bar-restaurant « Air Bus One » a été lésé au profit de dame Binga Adjovi Joséphine, avec le concours du Contre-Amiral Fogan Adégnon.
En effet, certains compatriotes vivant à l’extérieur du pays n’ont pas attendu le récent appel du gouvernement avant d’orienter leurs projets vers la terre natale. Parmi eux, le jeune Saint Eloi Pandam. Depuis la présidence de feu Gnassingbé Eyadema, il s’est intéressé à son pays d’origine. Pour concrétiser son rêve de contribuer à son essor économique, il a mis en œuvre de nombreuses initiatives dont l’ouverture d’un restaurant dans un lieu que tout le monde détestait.
A coût de millions de francs CFA, Saint Eloi Pandam qui vit en Belgique a transformé le dépotoir situé au niveau des rails de Gbossimé sur le Boulevard de la Kara en un restaurant. « C’était magnifique. Les gens étaient surpris de voir ce dépotoir et tout l’inconfort que cela produit pour le voisinage se transformer en un lieu d’aisance. Quand les passants le découvrent pour la première fois, ils sont stupéfaits », raconte sur un ton nostalgique un proche de l’initiateur.
Pour l’ouverture de ce restaurant, Saint Eloi Pandam a eu recours aux services de la voirie avec qui il a signé un contrat de bail de ce terrain de forme trapézoïdale d’une superficie de 120m2. Le loyer mensuel à verser à la mairie est fixé à 25.000 FCFA. Le dernier contrat signé avec l’autorité municipale couvre la période de février 2009 à janvier 2019. Au chapitre des charges et conditions du locataire, il est stipulé au point 10 qu’« il pourra céder son droit au présent bail ou sous-louer en totalité ou en partie les lieux ».
Quelques années d’exploitation après, Saint Eloi Pandam rencontre dame Binga Adjovi Joséphine. Elle se présente comme une compatriote résidant à Paris et serait intéressée par le restaurant. Malgré sa méfiance – pour avoir été victime d’abus de confiance – Saint Eloi consent à lui céder le bar-restaurant en location gérance. Le contrat a été signé en février 2016 en l’étude de Me Sosthène Flindja Nagbangou, notaire. « MISE EN LOCATION GERANCE. Par le présent acte, Monsieur PANDAM Saint Eloi M., nommé de première part, déclare conférer pour une durée de TROIS (03) ANNEES entières et consécutives le bail de son BAR – RESTAURANT « AIR BUS ONE» à compter du premier janvier deux mil seize (1er janvier 2016) pour prendre fin à pareille époque de l’année deux mil dix huit (2018) et renouvelable de mêmes périodes faute de congé préalable donné par lettre recommandée avec accusé de réception trois (03) mois au moins avant l’expiration de la période en cours par l’une ou l’autre des parties, à Monsieur EWAÏ Mazama et Madame BINGA Adjovi Joséphine nommés de deuxième part, ci –dessus, Preneurs ici présents et qui acceptent : La gérance d’un BAR-RESTAURANT, sis sur le boulevard de la Kara, face aux rails et connu sous la dénomination de « AIR BUS ONE », lui appartenant en propre et pour lequel il a acquis une autorisation portant Autorisation d’Ouverture d’ un débit de boisson », lit-on dans le contrat.
Malheureusement, les clauses ne seront jamais respectées. Mme Binga Adjovi Joséphine a ainsi accumulé plusieurs mois de loyers impayés. A cela s’ajoutent les frais d’électricité et autres. La CEET a alors contacté M. Pandam pour qu’il vienne régler les factures qui s’élèvent à plus de 300.000 FCFA. « Il est allé voir la CEET et a demandé que la fourniture de l’électricité soit interrompue, le temps de régler les dettes », explique une source. Malheureusement, et on ne sait par quelle alchimie, le courant a été rétabli 2 jours après. Des personnalités haut-placées sont-elles passées par-là ?
Inutile de vouloir y répondre. Mais ce qui est sûr, c’est que les choses se sont vite compliquées pour M. Pandam qui est convoqué devant l’ex-président de la Délégation spéciale de la ville de Lomé, le Contre-Amiral Fogan Adégnon. Pour une première rencontre, ce dernier a estimé que Mme Binga Adjovi Joséphine n’avait pas raison de refuser de payer le loyer, mais aussi de refuser de quitter les lieux. Le Contre-Amiral aurait même déploré les fausses accusations de viol et autres maltraitances avancées par la dame pour obtenir sa clémence.
Croyant que les choses allaient rentrer dans l’ordre, M. Pandam a été mis devant une situation totalement différente lors d’une seconde rencontre dans les locaux de la Mairie. « Contre toute attente, le Contre-Amiral décide de lui arracher la place où il a installé son business. Il fait savoir aux deux parties qu’il a décidé de ne plus leur louer le site. Pourtant, aucun contrat n’existe entre la dame et la mairie. L’interlocuteur c’est M. Pandam », dénonce la source.
Le comble, c’est qu’après avoir donné sa parole non de militaire, mais de père de ne jamais faire du tort à M. Pandam, Fogan Adégnon prend fait et cause pour Mme Binga Adjovi Joséphine, qui se présente souvent, selon nos informations, comme « l’intouchable femme d’un colonel ». Cette dernière bénéficie d’un contrat d’exploitation du site avec les autorités municipales. Et le signataire n’est autre que le Contre-amiral Fogan Adégnon.
M. Pandam perd ainsi les millions qu’il a investis, durant une décennie, pour faire de cette place un lieu qui suscite aujourd’hui envie et jalousie. A ces millions s’ajoute ce que lui doit Mme Binga. Les relations ont eu raison de la loi.
Sans peut-être le savoir, Fogan Adégnon et sa clique ont envoyé un message à la diaspora togolaise : « La loi est là, mais nous aussi, nous sommes là avec nos méthodes ». Les rapports Doing Business et les appréciations sur le climat des affaires au Togo, ne sont que de la fiction. C’est nous qui définissons la réalité sur le terrain ».
Nous avons contacté Mme Binga pour avoir sa version des faits. Dans notre entretien, elle a estimé ne rien devoir à M. Pandam qu’elle accuse de l’avoir violée. Elle a également affirmé que son partenaire, Monsieur Ewaï Mazama, a abusé de sa confiance et qu’il lui doit une vingtaine de millions de francs CFA.
G.A.
source : Liberté
27Avril.com