Togo : Déjà 7 morts, des centaines de blessés…Et Faure Gnassingbé se tait et laisse tuer même des enfants !

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Y a-t-il un président au Togo ? La question ne va pas manquer de faire dresser des cheveux sur des têtes et couler de la bile. Mais ce qui lui manquerait le moins, c’est sa légitimité. Voici un peu plus d’un mois que la tension est montée sur la scène politique. Des morts, on en dénombre déjà une demi-douzaine ; des blessés, ils se comptent par centaines ; des populations sont martyrisées par la soldatesque.

Togo : Déjà 7 morts, des centaines de blessés…Et Faure Gnassingbé se tait et laisse tuer même des enfants !

Le Togo va tout droit dans le mur et les lendemains sont incertains. Mais depuis lors, Faure Gnassingbé, qui a juré sur la Constitution, devant Dieu et devant les hommes, de protéger ses concitoyens, reste impassible, muet et laisse sa soldatesque tuer même des enfants.

7 morts, des centaines de blessés, des persécutions…

Tout a commencé le 19 août 2017, avec des marches synchronisées organisées par Tikpi Atchadam et le Parti national panafricain (PNP) à Lomé et dans quatre (04) autres villes de l’intérieur du Togo, ainsi que dans des pays de la diaspora. Une première. Retour à la Constitution de 1992, vote de la diaspora, réformes électorales, voilà les revendications posées. Des exigences en somme légitimes. Mais pour toute réponse, c’est la violence que le pouvoir a réservée aux populations. La répression s’est abattue sur les manifestants aux mains nues. Deux (02) d’entre eux se sont vu enlever la vie à Sokodé, des centaines d’autres blessés.

Les populations se sont retrouvées dans les rues sur toute l’étendue du territoire quelques semaines plus tard, à l’appel de la coalition de l’opposition qui s’est formée. Les premières manifestations communes se sont déroulées les 6 et 7 septembre, avec une réussite certaine. Au dernier jour, la répression s’est encore invitée, avec des corps habillés qui ont violé les domiciles à Bè et passé tout le monde à tabac.

Si pour ce premier round des séries de manifestations conjointes, on n’a pas déploré de mort, ce ne serait pas le cas du second les 20 et 21 septembre derniers. Ces manifestations seront des plus meurtrières. A Mango, c’est un jeune garçon de neuf ans, Yacoubou Abdoulaye qui s’est vu briser la vie. Il a été atteint de tirs de balles réelles de la soldatesque et a succombé quelques instants après. Le pouvoir a tenté de faire porter le chapeau au PNP, ce qui était manifeste dans un communiqué rendu public au soir du 20 septembre par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Col Yark Damehame, faisant croire que ce sont de pseudos tirs exécutés par des militants de Tikpi Atchadam, avec pour seuls indices de reconnaissance la couleur rouge des tee-shirts arborés, qui ont tué le môme. Toujours à Mango, les corps de deux autres jeunes fuyant la répression, ont été retrouvés dans le fleuve Oti. A Bafilo, c’est un autre adolescent d’une quinzaine d’années, Rachid Agrigna qui est décédé des suites de ses blessures par balles. Aux dernières nouvelles, la vieille (67 ans) du nom de Sébabi Adiétou qui avait fait une crise à Kparatao suite à la détonation d’une arme, a rendu l’âme.

Cela fait donc au total sept (07) morts enregistrées depuis le début des manifestations de rue. A côté de ces martyrs, d’autres Togolais sont arrêtés, les populations persécutées. Il nous revient que les villes de Mango et Bafilo sont assiégées par des militaires qui y mènent des expéditions punitives, violentent tout le monde, tirent à balles réelles. Et pour fuir les persécutions, beaucoup d’habitants ont dû quitter leurs maisons, certains se sont mis à l’abri dans la brousse, d’autres dans les montagnes, et d’autres encore ont carrément traversé les frontières pour se réfugier au Ghana…

Le Togo assis sur une braise, des lendemains incertains

On est loin de la fin du décompte macabre. Avec les manifestations de l’opposition annoncées pour la semaine prochaine, coïncidant avec le 27e anniversaire du soulèvement populaire du 5 octobre 1990, la tension va sûrement monter d’un cran, la répression sera au rendez-vous et la série noire risque de continuer, malheureusement…

Le Togo est conduit à la géhenne, et c’est un euphémisme de le dire ainsi. Les populations sont en sursis de mort à chaque jour, avec la détermination des corps habillés à réprimer les manifestations légitimes du peuple. Il y a un cafouillage qui ne dit pas son nom au sein de l’appareil sécuritaire, il n’y a plus de contrôle, les ordres viennent de partout et on recourt même aux services de miliciens, comme lors de la violation des domiciles à Bè dans la nuit du 7 au 8 septembre dernier. Ils infiltrent les manifestations de l’opposition, avec pour mission de provoquer les forces de l’ordre et légitimer la répression.

Le pays est assis sur une braise et tout peut exploser à tout moment. Mais le pouvoir ne fait rien pour rabaisser la tension. Alors que le peuple réclame le retour à la Constitution de 1992, les députés RPT/UNIR ont adopté le projet de révision constitutionnelle taillé sur mesure et qui pave la voie à une pérennisation au pouvoir de Faure Gnassingbé. A côté, pour répondre à l’opposition qui déverse les populations dans les rues, le régime aussi organise des contremanifestations, avec des marcheurs recrutés à coup de promesses de 5000, 2000 ou 1000 F. Et le hic, les organisateurs font tout pour les programmer aux mêmes jours que celles de la coalition de l’opposition,  avec pour dessein caché de créer les conditions d’affrontements entre les deux cortèges, profiter de l’occasion pour tuer massivement dans les rangs de l’opposition…En tout cas, le risque d’affrontements est réel et savamment créé. A l’allure où vont les choses, le pire est vite arrivé. Les lendemains sont incertains pour le pays.

Faure Gnassingbé curieusement muet et impassible

On le savait pas trop bavard. Ses rares adresses aux populations togolaises se réduisent à ses allocutions officielles lors des célébrations de la fête de l’indépendance du Togo les 27 avril et à son discours de fin d’année. A part ces deux occasions, ses interventions à des rencontres internationales sont des bonus pour ses concitoyens. On ne saurait donc lui en demander plus. Mais la situation présente traversée par le pays est particulière, et aux grands maux, les grands remèdes.

Dans le contexte actuel, une allocution de Faure Gnassingbé qui cristallise toutes les rancœurs du peuple togolais serait utile.  Même s’il ne cède pas forcément aux revendications des populations qui, au-delà du retour à la Constitution de 1992, exigent en fait son départ immédiat du pouvoir et l’alternance, ses mots auraient de l’effet. Il a toutes les clefs en main pour apaiser les cœurs. Mais depuis le début de la montée de la tension le 19 août 2017, Faure Gnassingbé s’est muré dans un silence sépulcral extraordinaire. Que des citoyens soient tués pour si peu, des enfants et des jeunes assassinés par sa soldatesque, des populations entières victimes de terreur et obligées de fuir pour éviter les persécutions, il n’en a visiblement cure et reste incroyablement impassible.

Entre-temps, il a été annoncé qu’il devrait s’adresser à la Nation au plus tard le dimanche 27 août. Mais il a dribblé son monde. Et depuis que la crise s’est exacerbée, avec la levée de boucliers du peuple décidé à arracher sa libération du joug des Gnassingbé, le Prince ne dit. Jusqu’à quand ?

Tino Kossi

Source : Liberté

27Avril.com