La CEET, parlons-en, à charge et à décharge
La Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET) est une société d’Etat en situation de monopole. Son domaine d’action, la fourniture de l’énergie électrique, ne laisse personne indifférent parce que l’énergie rime avec le développement.
Ces derniers temps, nous assistons à un phénomène malheureusement récurrent dans le paysage médiatique de notre pays. Il s’agit d’un lynchage médiatique manifestement orchestré en sous-main et déclenché selon des intérêts inavouables. Notre propre organe a pris une part non négligeable dans cette cabale parce que, quelque part, nous avons crié avec les loups par réflexe avant de nous ressaisir. Mais, comme au Combat du Peuple, nous avons fait du professionnalisme notre crédo, nous avons décidé, au regard des informations parcellaires en notre possession, de tirer les choses au clair en essayant de cerner les contours réels des reproches dont on fait grief à la CEET. Pour éviter de tomber dans le jeu facile de la désinformation et de l’instrumentalisation systématique de la presse à des fins mercantiles, nous avons pris l’initiative de tout reprendre à zéro et de faire les recoupements d’usage à la source en prenant attache avec les responsables de cette société y compris le Ministre de tutelle qui a bien voulu nous éclairer sur certains aspects de l’évolution actuelle plutôt prometteuse de la CEET et qui s’est étonné que c’est justement au moment où cette société est en train de réussir à sortir la tête de l’eau que nous nous livrons à un charcutage médiatique qui confine à une dramatisation qui ne se justifie guère.
Dans un second temps, nous avons rencontré des cadres au niveau de la Direction Générale. Ces derniers ont bien voulu nous apporter des éléments de réponses à nos préoccupations dans le souci d’éclairer l’opinion en toute connaissance de cause.
Il ressort de nos investigations que la situation se présente en deux volets :
1°/ Volet financier
Ce volet qui constitue un véritable goulot d’étranglement qui a paralysé durant de nombreuses années la capacité de la CEET à évoluer, a empêché toute démarche vers la performance en raison du manque cruel de fonds propres pour procéder à des investissements appropriés devant permettre la modernisation des installations et l’acquisition, en temps réel, des matériels adéquats pour pallier les insuffisances et défaillances récurrentes souvent constatées par les clients dont les protestations restent des cris dans le désert.
Grosso modo, d’après nos informations, la nouvelle équipe dirigeante a hérité d’une situation financière catastrophique. A preuve, il y a deux ans, la CEET avait à son passif un déficit financier de plus de 5 milliards de F CFA réduit en 2015 à environ 1,5 milliards de frs. Pour le bilan 2016 on enregistre, selon des chiffres officieux, un excédent c’est-à-dire un bénéfice d’environ un milliard de francs. Si cette tendance se confirme, et tout porte à le faire croire, la CEET a retrouvé une bouffée d’air qui, dorénavant, va lui donner une marge d’action plus large pour faire face à ses obligations. Donc, le moment est mal choisi pour déclencher une campagne de dénigrements faite de condamnations tous azimuts pour ternir l’image de cette société.
2°/ Le volet gestion des ressources humaines
Ce volet est à la base de toute la campagne médiatique déclenchée ces derniers temps pour dénoncer les soi-disant travers des actuels dirigeants accusés de tous les maux, les uns plus répugnants que les autres.
A ce sujet, voici les éléments d’appréciation que nous avons réunis et que nous mettons à la disposition de nos lecteurs pour leur permettre de se faire leur propre opinion, à la lumière des faits. Citation :
«La CEET, avec son statut de société d’Etat, est chargée d’assurer une mission de service public dans la production et la distribution de l’énergie électrique sur le territoire national.
Les engagements réciproques entre la Société et l’Etat sont formalisés dans un Contrat de Performances quadriennal avec des objectifs précis à atteindre en matière d’équilibre financier et de prestations des services énergétiques à la clientèle.
Il en découle naturellement que l’un des facteurs clé de réussite de sa mission est la qualité des compétences mises à la disposition de la société.
Pour ce faire, la CEET a régulièrement procédé à des recrutements ou à des formations pour combler les déficits en effectifs et en compétences.
Les recrutements à la CEET se font à deux niveaux : agent permanent (Contrat à Durée Indéterminée, CDI) ou agent temporaire (Contrat à Durée Déterminée, CDD). Ces opérations sont cadrées par des dispositions statutaires, réglementaires et par des règles de prudence.
D’une façon générale et statutairement, les agents temporaires ne jouissent pas des mêmes traitements, avantages et primes que les agents permanents et ne peuvent prétendre à des promotions ou à des formations. Leur contrat n’est pas tacitement reconduit. Toutefois, un agent contractuel qui a quatre ans d’ancienneté est automatiquement recruté.
Les recrutements à caractère massif à la CEET ont toujours été faits sur la base d’appel à candidature suivis de tests effectués par un cabinet externe. Les dossiers de candidatures sont également puisés dans la base de données de demandes d’emploi de la société.
Dès leur prise de fonction, en début d’année 2016, la nouvelle Direction Générale a procédé entre autres, à une revue de sa potentialité en ressources humaines en qualité et en quantité au regard de la mission assignée.
Les constats suivants ont été relevés et les anomalies regroupées en trois catégories :
- Quantitativement, un niveau relativement élevé d’agents temporaires ayant statut de CDD et de stagiaires ;
- Qualitativement, une inadéquation entre les qualifications déclarées et le contenu des dossiers académiques produits ;
- Statutairement, des traitements salariaux, des primes et avantages établis sur des bases relationnelles, complètement en violation des textes et des pratiques couramment admises.
C’est ainsi que, et de manière non exhaustive :
- Certains agents contractuels, avec de fausses déclarations de diplômes ont été promus à des postes de responsabilité stratégiques pour diriger des agents permanents diplômés;
- D’autres agents contractuels ont été régulièrement envoyés en formation coûteuse hors du pays, jusqu’en Europe, au détriment des agents cadres permanents.
- Certains agents, avec des déclarations de diplômes (ingénieurs, master 2…) en cours d’obtention ont indûment perçu pendant plus de deux ans des salaires et avantages correspondants à ces fausses qualifications ;
- Des dotations d’environ 80 motos ont été octroyées à des agents contractuels en principe révocables sur un an et précomptées sur leur salaires pendant deux ans ;
- Des fausses attestations de services ont été délivrés à des agents temporaires en vue d’obtenir des prêts auprès des banques, remboursables sur au moins 36 mois ;
- Des agents contractuels en mission, perçoivent des frais de mission de montant dépassant ceux de leurs supérieurs hiérarchiques en poste depuis des années ;
- Des chauffeurs contractuels conduisent des véhicules de service avant leurs inscriptions aux permis de conduire. Les frais d’inscription ont même été entièrement pris en charge par la société pour certains.
- Les déclarations de certains supérieurs hiérarchiques au cours des séances de travail sont enregistrées par des agents contractuels et ces supérieurs sont convoqués par le Directeur en charge des ressources humaines.
Toutes ces dérives constatées dans l’emploi du personnel temporaire à la CEET ont créé un climat social malaisé caractérisé par un fort ressentiment de frustration, de crainte et de démotivation au sein du personnel permanent qui s’estime délaissé au profit du personnel temporaire qui jouit indument de tous les privilèges.
Face à cette situation, la CEET devait rechercher une solution de fiabilisation du fichier des agents temporaires et une proposition d’assainissement de l’emploi des temporaires.
C’est dans ce souci de fiabilisation du fichier et d’assainissement d’emploi des agents temporaires que la CEET a procédé à :
– la suspension des contrats de stagiaires pratiques qui avaient un contrat massivement et abusivement prorogé au-delà de la durée réglementaire ; un total de 32 stagiaires.
– l’intégration de tous les agents temporaires dont la durée de contrat cumulé et continu excède quatre (4) ans au 31 décembre 2016. Ceci, dans le but d’être en conformité avec le statut de la CEET et le Code du Travail. Dans la foulée, le reste des contractuels avait été informé que leur contrat ne serait pas renouvelé, un total de 63 contractuels concernés ;
– l’organisation des tests de sélection permettant d’intégrer les contractuels restants selon leurs profils, leurs compétences et les besoins de la société. Ces tests devraient se dérouler avant l’échéance des contrats.
– la mise en place d’un nouveau cadre de réglementation interne de l’emploi du personnel temporaire. Ainsi, l’emploi futur du personnel temporaire à la CEET ne posera plus de problème puisqu’il sera mieux cadré et mieux géré.
En octobre 2016, les contractuels dont le contrat arrivait à échéance le 31 décembre 2016, ont été invités, par note de service, à déposer leur candidature aux tests de recrutement organisés spécifiquement pour eux. Leurs dossiers ont été transmis à un Cabinet de Ressources Humaines pour évaluation. Ce Cabinet a été sélectionné par appel d’offres restreint tel que l’autorise les procédures de passation des marchés. Les tests se sont déroulés en début décembre 2016 et les résultats de cette évaluation ont été proclamés à fin décembre 2016.
Certains contractuels n’avaient pas effectué le dépôt de leur candidature aux tests. A l’issue de ces tests, sur 290 postulants, 180 des candidats testés ont été retenus pour leur intégration à la CEET dès le 1er janvier 2017.
Un rapport circonstancié du processus de sélection a été remis aux autorités de tutelle de la CEET.
Le personnel de la CEET a été informé en début du mois de janvier 2017, par note d’information, de la sélection des contractuels suite aux tests et de leur intégration au sein du personnel.
En définitive, la nouvelle équipe de gestion de la CEET a procédé à la réintégration de 243 agents contractuels sur les 333 agents en poste.
En réalité, la question des contractuels CEET dérivait vers un processus d’intégration automatique d’agents dont certains ont des qualifications douteuses par des reconductions tacites jusqu’à 4 ans.
Pour sa part, la Direction Générale déclare formellement qu’elle n’a intégré de contractuel en dehors de la liste validée par l’ensemble des Directeurs ou après la date de clôture du processus de recrutement. » Fin de citation.
Ceci dit, nous promettons de revenir à la charge à notre niveau pour les besoins de la cause et ce, pour faire taire la polémique et éviter de porter des accusations de discrimination sans aucun fondement.
En l’espèce, le souci qui nous guide au Combat du Peuple, c’est de restituer la réalité des faits et de faire en sorte que l’opinion ne soit pas embarquée dans une sorte de dynamique de manipulation destinée à régler des comptes sur de fausses bases.
Nous insistons sur un aspect essentiel. Selon notre constat, il n’y a pas de chasse à l’homme à la CEET. Ceux qui veulent accréditer cette thèse sur la base des allégations mensongères poursuivent donc une finalité obscure qui, en définitive, n’est qu’un baroud d’honneur, un combat d’arrière-garde. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.
Rodrigue
Le Combat du peuple
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