Depuis quelques jours, l’opinion nationale est ameutée et scandalisée par une tragique nouvelle. Celle du décès de Ornella Laine, une jeune dame, en plein accouchement. Ceci, du fait de la négligence doublée de l’indifférence criminelle du personnel soignant à son chevet. Un fait malheureux qui, au-delà de la consternation généralisée, prend d’une part la température des projets sociaux que l’on dit initier, depuis quelques temps, en faveur de la femme enceinte et du nouveau-né au Togo et d’autre part, met face à lui-même le régime de Lomé.
« Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie », tel semble être le défi que s’est lancé, depuis peu, le régime de Faure. Malheureusement, cette vision à portée humaine vient de connaître un revers. À la base, ce qu’il convient d’appeler « l’affaire Nela ».
Destin brisé…
En effet, c’est la triste histoire de Ornella Laine qui, à 29 ans, était dans l’attente d’accueillir son nouveau-né. Son troisième. Malheureusement, la bonne nouvelle aura viré à un drame. Pour cause, cette jeune Dame qui se préparait à donner la vie, parce que négligée et délaissée par les sage-femmes à son chevet, d’abord au centre de santé de Wletrivicondji, ensuite au Chu Sylvanus Olympio, a rendu l’âme dans un fauteuil roulant. Ceci, dans des conditions qui choquent les consciences humaines et professionnelles. Destin brisé pour deux âmes innocentes, est-on en droit de conclure.
Attristés par le drame, des autorités aux citoyens lambda, nombreux sont les togolais qui ne cessent d’exprimer, depuis lors, leur indignation.
Valse de réactions
Interpellé sur le sujet par un internaute, le ministre professeur Akodah Ayéwouadan, de la communication et des médias et porte-parole du gouvernement y est allé de sa désolation et ses compassions. « Je comprends parfaitement le sentiment engendré par cet événement malheureux. En présentant, au nom du Gouvernement, mes sincères condoléances à la famille explorée, je puis vous assurer qu’une enquête interne est diligentée afin de situer les responsabilités », a-t-il notamment tweeté.
Plus encore interpellée, l’Association des sage-femmes du Togo (ASSAFETO), tout en s’inclinant devant la mémoire de la victime, se dit engagée à faire la lumière sur le décès de Mme Ornella Laine. « Nous avons, dans ce sens, plusieurs réunions avec les autorités et acteurs indiqués et nous veillerons à ce que les responsabilités soient situées. Nous nous engageons à communiquer les résultats de la procédure en cours afin d’informer les proches et l’opinion de ses conclusions », a écrit, dans un communiqué, d’Almeida Adjowa Adandogou, Présidente de l’ASSAFETO.
À leur suite, ont suivi les réactions d’indignation, de condamnation et d’interpellation du Maire de Ogou 1, Yawa Kouigan et de la députée et Présidente du Mouvement des femmes Unir (Mfu), Raymonde Kayi Lawson.
Justement de la réaction de la présidente du Mfu (Mouvement des Femmes UNIR), parlons-en ! En déclarant « je suis dépassée, choquée, par le comportement de ces sages-femmes, infirmiers et docteurs dans cette affaire et cela mérite sanction », nombreux sont observateurs tentés de se demander, de quoi se plaint-elle ?
Ceci, en ce sens que des morts par maladresses et insouciances de certains agents de santé, le Togo en compte plein, comme elle l’a d’ailleurs relevé dans sa réaction. Mais alors, force est de constater que jamais, cette dernière n’a daigné lever son petit doigt ne serait-ce que pour dénoncer ce qui semble une injustice commise sur les Togolais. Fort de ce constat, tout porte à croire donc que la réaction de tristesse exprimée par dame Raymonde semble être plus guidée par ses liens privés avec les familles éplorées. Soit !
Plus loin, lorsqu’elle demande également que des sanctions soient prises contre les mis en cause, l’on a également envie de demander à cette députée Unir, depuis quand leur régime est devenu un habitué des sanctions contre les agents indélicats de l’Etat. Ce, malgré tous les appels et interpellations dans ce sens, dans nombre de dossiers. De toute évidence, au-delà des inconduites déplorables desdits agents de santé, la mort de Nela vient relancer de plus belle le débat sur la pauvreté du plateau technique des centres de santé publics au Togo. Un vieux débat qui, pris au sérieux par la famille politique de Raymonde Lawson, aurait peut-être changé le destin de dame Ornella.
En tout état de cause, cette tragique nouvelle se veut une interpellation et un appel pressant à une prise de conscience collective des gouvernants du pays dont ne saurait, fort heureusement, se soustraire Raymonde Kayi Lawson.
Les premières sanctions
Dans une première décision, la Direction général du Chu-So a décidé de l’exclusion temporaire de fonctions d’une durée de trois (03) mois de Kouake Adje et Anala Abongo, du remboursement de la somme indûment perçue ainsi qu’un retard avancement de deux (02) échelons infligés à ces derniers, morguiers chargés de la conservation des corps en service à la morgue du Chu Sylvanus Olympio (Chu-So). Ceci, explique Dr Agbobli, pour avoir fait preuve d’inconscience professionnelle notoire en se rendant complice de la perception indue d’une somme de cinquante mille (50.000) F CFA indûment extorqué auprès de la famille de la défunte aux fins d’extraction du fœtus sans aucune démarche ou procédure formelle.
Mais alors on se demande si ces sanctions sont plus urgentes que la nécessité de situer les vrais responsables de la mort de Nela.
Quand Faure prêche dans le désert
Comme il est constaté, c’est de bon aloi que la consternation soit grande et que fusent de partout, les réactions à la taille de la faute commise. Toutefois, l’on imagine la désolation et la tristesse de Faure Gnassingbé en ces circonstances si l’on sait qu’il n’a de cesse « aligné » ces dernières années avec des programmes et projets dits de protection de la femme enceinte et du nouveau-né. Le cas de Carmma et Woezou. Ceci, avec pour slogan qu’aucune femme ne devra plus perdre la vie en voulant donner la vie.
D’une part, plus d’une décennie après son lancement en 2010, tout semble dire que la Campagne d’accélération pour la réduction de la mortalité maternelle en Afrique (CARMMA) est encore loin d’atteindre ses objectifs.
Une raison des mauvais pressentiments, pour « Wezou », le tout nouveau programme national d’accompagnement de la femme enceinte et du nouveau-né lancé en août dernier. Une initiative destinée à réduire les taux de mortalité maternelle et néonatale. Un programme qui vise à intégrer de façon progressive, l’ensemble des prestations de prise en charge de la femme enceinte depuis la confirmation de la grossesse jusqu’au 42e jour après l’accouchement.
Aujourd’hui, avec le décès de cette jeune dame, malgré tous les investissements engloutis dans ces programmes en faveur de la femme enceinte et du nouveau-né, tout semble dire vraisemblablement que Faure Gnassingbé n’a, jusque-là, fait que prêcher dans le désert. Plus encore, cela exprime au mieux la ménopause de la gouvernance du régime cinquantenaire de Lomé à qui visiblement, à part un semblant du mieux qu’il brandit, plus rien ne réussit.
Et si c’était le signe des temps ?
La question mérite que l’on s’y attarde, lorsqu’on analyse minutieusement, d’un regard subjectif, voire métaphysique, l’avènement de ces tristes nouvelles en lien avec l’actualité sociopolitique en cours au Togo. En effet, « le combat devient spirituel «, avions-nous récemment titré, en guise d’alerte. Et la suite tend à donner raison au journal Fraternité. Pour cause, il paraît humainement incompréhensible que malgré les moyens mis et tout le vacarme qui entoure ces programmes, qu’une femme enceinte puisse encore perdre la vie au Togo en voulant donner la vie. Et encore dans quelle condition.
Plus loin, on se rappelle qu’il y a quelques jours seulement, la Banque mondiale a prononcé la suspension de Doing Business, ce programme vuvuzela auquel tient tant Faure et son régime. Et d’expliquer des raisons de cette suspension par des fraudes aux odeurs de corruption détectées ces trois dernières années dans le recueil et le traitement des informations de la part de certains pays comme la Chine en occurrence. Sans pour autant citer le Togo, l’on se rend compte toute de même et curieusement d’ailleurs que c’est exactement la période qui coïncide avec les progrès réalisés par le Togo dans le classement Doing business. Et aux mêmes moments où le régime de Lomé s’est mis en idylle avec le pouvoir communiste et autoritaires de Pekin.
Simple coïncidence ou signe des derniers temps ? À chacun d’y aller de son analyse.
Qui plus est la mort par accouchement de Nela intervient seulement quelques jours quand le pouvoir trompettisait son fameux prix heForShe qui dit-on.
Tout semble dire que la nature se déchaîne contre le régime de Faure.
Source: Fraternité Info
Source : icilome.com