TOGO DEBOUT, un nouveau front citoyen qui décide de prendre ses responsabilités 22 septembre 2017

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TOGO DEBOUT, un nouveau front citoyen qui décide de prendre ses responsabilités                                                                             22 septembre 2017
Par Marcelle Apévi, togo-online.co.uk
La situation sociopolitique que traverse le Togo depuis plus de 54 ans continue de susciter des réactions et amène à la multiplication d’initiatives citoyennes pour accompagner le peuple.

C’est dans cette logique que, au constat du climat sociopolitique tendu et délétère qui s’intensifie au Togo surtout depuis le 19 août, suite à une manifestation du PNP sauvagement réprimée par les forces de l’ordre et de sécurité et des militaires avec usage excessif de la force, la violence et les balles réelles, des associations, organisations et mouvements de l’association civile ont décidé de prendre leur responsabilité. Cette prise de responsabilité a été traduite ce 22 septembre 2017 par le lancement d’un front citoyen dénommé TOGO DEBOUT.

Dans un document portant déclaration liminaire, le Front citoyen TOGO DEBOUT a retracé le parcours ensanglanté de cette lutte qui ne cesse de verser le sang innocent. Le front se porte en faux contre le projet de référendum que miroiterie le RPT/UNIR et appelle le peuple toholais à la mobilisation pour parvenir au retour à la constitution du 14 octobre 1992, l’alternance et la construction d’un État de droit.

DÉCLARATION LIMINAIRE
LANCEMENT DU MOUVEMENT CITOYEN « TOGO DEBOUT »

La crise socio-politique que traverse notre pays le Togo depuis quelques semaines déjà ne cesse de prendre, de jour en jour des proportions grandissantes et très inquiétantes. Elle atteint un niveau où on peut craindre le pire si aucune solution n’est trouvée rapidement.

1 Le constat : un climat socio-politique très tendu et délétère

Le malaise social est très profond. Tout comme celles des 19-20 août, 06-07 septembre 2017, les manifestations des 20 et 21 septembre 2017 organisées par l’opposition et les forces démocratiques ont fait l’objet d’une répression violente et meurtrière de la part des forces de l’ordre et de sécurité. Le bilan est de nouveau dramatique :

1 à Bafilo, des blessés graves ont été enregistrés. Les forces de l’ordre et de sécurité ont même empêché les ambulances d’évacuer les blessés;

2 à Kara, des milices se réclamant du pouvoir et agissant à visage découvert ont empêché tout attroupement, exercé des violences et des voies de fait et proféré des menaces d’enlèvement contre les représentants des partis d’opposition, ceci sous le regard complice des forces de l’ordre. Force est de constater une fois encore que la ville de Kara reste inaccessible aux manifestations;

3 à Mango, la situation a tourné en un véritable affrontement entre forces de l’ordre et manifestants. On déplore plusieurs blessés graves, dont certains par balles et la mort d’un mineur de 11 ans, le nommé Abdoulaye YACOUBOU.

Cette mort et les dizaines de blessés viennent allonger la longue liste des victimes qui ont versé leur sang sur la terre de nos aïeux pour l’avènement de la démocratie. Les OSC se permettent de dresser cette liste afin d’attirer l’attention des uns et des autres sur la gravité de la situation et la nécessité d’y trouver une solution durable. Sans faire l’économie de ceux qui sont tombés en avril 2005 après l’élection présidentielle qui a vu naitre l’APG dont la mise en œuvre reste sujette à caution, citons entre autres:

4 le 15 avril 2013 une manifestation des élèves à Dapaong entraine la mort de deux d’entre eux ; Anselme Gouyano SINANDARE, 12 ans, mort après avoir reçu deux balles dans le dos et Sinalengue DOUTI, 21 ans, mort des suites d’une contusion abdominale provoquée par les coups de crosse d’un policier au cours de la manifestation ;

5 le 23 mars 2015 une manifestation spontanée d’élèves à Gléi fait l’objet d’une répression violente et brutale à balles de caoutchouc tirées à bout portant. Le nommé Mohamed SADJO trouve la mort et plusieurs élèves dont des mineurs ont été grièvement blessés, arrêtés et embarqués par des unités de police et de gendarmerie puis relâchés des jours après ;

6 les 6 et 7 novembre 2015 des manifestations des populations de Mango, consécutives à un projet de réhabilitation des aires protégées initié par le gouvernement, ont débouché sur des pertes en vies humaines (5 morts), des blessés graves et plusieurs arrestations ;

7 le 28 février 2017 à Lomé, au lendemain de la hausse des prix du carburant, lors d’une manifestation spontanée de conducteurs de taxi-moto, le nommé Noudjinoudine ALABI est tué par balle ;

8 les 14, 15 et 16 juin 2017, les forces de l’ordre et de sécurité ont fait irruption sur le campus de l’université de Lomé pour réprimer violemment une manifestation des étudiants. Plusieurs d’entre eux ont été arrêtés, déposés à la prison civile de Lomé, jugés, les uns relâchés, les autres condamnés pour les mêmes faits ;

9 Le 19 août 2017 à Sokodé, les manifestations du PNP ont fait l’objet d’une répression meurtrière : les nommés Mamadou Afissou SIBABI et Bastou OURO-KEFIA y ont laissé leur vie, à peine quelques semaines après les cérémonies de purification du HCRRUN sur toute l’étendue du territoire.

Les OSC voudraient interpeler le Président de la Commission de la CEDEAO sur l’une de ses propres garanties données aux OSC lors de la rencontre du 13 septembre 2017 : « œuvrer ensemble pour que les réformes et l’alternance politique se fassent sans effusion de sang, dans la paix et la justice sociale. »

Le cap vient malheureusement d’être franchi avec la mort de l’enfant YACOUBOU à Mango et pour les OSC cela est inadmissible car c’est encore une mort de trop. La commission de la CEDEAO est plus qu’interpelée et doit agir.

Les OSC rappellent de nouveau qu’elles sont en phase avec les Evêques qui ont souligné l’urgence des réformes demandées par le Peuple conformément à la Constitution de 1992. Les OSC condamnent l’usage excessif de la force contre des concitoyens et ne cessent de demander à l’armée d’adopter une attitude républicaine de neutralité en évitant toute immixtion dans le débat politique, conformément à notre Constitution.

Les OSC insistent sur le fait que l’Etat togolais doit cesser d’être une réalité répressive et menaçante pour les populations et condamnent fermement la brimade et le mépris avec lesquels le gouvernement réagit aux revendications légitimes des citoyens.

La preuve efficiente et renouvelée de cette brimade et de ce mépris est la nouvelle interruption volontaire du réseau internet depuis le 19 septembre 2017.

En dehors de ces éléments à caractère politique, les OSC constatent que nos conditions de vie et de travail n’ont cessé de se détériorer depuis 2005 dans la mesure où :

– les paysans produisent sans que leur travail ne leur permette de nourrir leurs familles alors que les ressources minières du pays sont exploitées sans retenue ;

– les revenus des salariés ne progressent pas en relation avec la hausse du cout de la vie ;

– la scolarisation des enfants pose problème dans un système éducatif public en pleine déliquescence ;

– les formations sanitaires publiques ne disposent pas du minimum indispensable pour prendre en charge les patients ;

– l’accès à l’eau, à l’électricité et aux moyens de communication demeure problématique pour la plupart des foyers ;

– les entreprises privées surtout les PME et l’artisanat sont étranglées par un système de fiscalité inique.

2 La position des OSC

Les OSC tiennent à rappeler avec insistance que les grandes marches et manifestations dans toutes les grandes villes du pays traduisent un profond malaise social, une exaspération et une frustration découlant de 50 années de conduite dynastique du pouvoir. Cet état de fait a provoqué une paupérisation accrue de la population, une grande injustice sociale et une défiance généralisée vis-à-vis des institutions inféodées et totalement décrédibilisées.

La crise actuelle n’est pas une guerre entre l’opposition politique et le pouvoir ; elle n’est pas non plus une opposition entre communautés, c’est un peuple qui lutte pour son affranchissement, pour ses droits civils, politiques et socio-économiques, face à un pouvoir détenu par une minorité prête à tout pour conserver ses privilèges indus. Ce peuple meurtri a déjà payé un lourd tribut pour l’avènement d’un Etat de droit qui demeure toujours une chimère.

Aujourd’hui, face à un gouvernement qui reste sourd aux appels du Peuple, des Evêques, de la CEDEAO, de la communauté internationale et martèle prôner la paix tout en continuant d’assassiner ses propres enfants, la société civile a décidé de prendre ses responsabilités face à l’Histoire.

Nous revendiquant d’une société civile engagée et responsable, nous informons l’opinion nationale et internationale, les missions diplomatiques et consulaires accréditées au TOGO, les médias nationaux et internationaux, que nous nous constituons désormais en un front citoyen dénommé « TOGO DEBOUT ».

TOGO DEBOUT s’engage à défendre les intérêts du Peuple qui lutte pour sa liberté, au-delà de toute prise de position partisane, de considération identitaire et de toute croyance religieuse. Chaque Togolais détient une parcelle de souveraineté nationale et doit la défendre ardemment. Aucun compromis ne doit plus jamais se faire au détriment du Peuple.

Nous lançons un appel solennel à toutes les OSC, à tous les citoyens à se joindre à ce front républicain pour défendre La Terre de nos Aïeux.

Togo-Online.co.uk