DSRP I, DSRP II, SCAPE, TPIAC (programme présidentiel), PUDC, la liste est longue. Ces programmes, dit-on, sont élaborés pour faire reculer la pauvreté et la misère et permettre aux populations togolaises de vivre dans le bonheur. Mais au bout du compte, le constat se révèle amer et regrettable. Ces plans, aussi colossaux que sont leurs financements, n’ont pas réussi à changer le quotidien des Togolais qui continuent par tirer le diable par la queue. En réalité, ils n’ont bénéficié qu’à leurs concepteurs. Aujourd’hui, à l’orée de l’élection présidentielle de 2020, on a cherché et trouvé le Plan national de développement (PND), lancé le 4 mars 2019 par Faure Gnassingbé. Un plan de plus, que le Parti des Togolais a passé à la loupe devant les professionnels des médias ce mardi.
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A en croire
Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais (la seule formation
politique qui a pris sur elle de décortiquer ce PND vendu aux
investisseurs à travers des voyages qui coûtent les yeux de la tête),
les chances de réussite de ce programme sont très infimes. Pire, il va
probablement subir le même sort que ces autres plans qui n’ont jamais
rien apporté aux Togolais. Sa démonstration part de certains
indicateurs, dans le pays, qui ne sont pas favorables à la réussite d’un
tel plan.
Il y a d’abord le niveau de démocratie du pays. Selon
le Parti des Togolais, le Togo est régenté par un régime autoritaire qui
ne favorise pas l’éclosion des principes démocratiques. Il est le
dernier au sein de la CEDEAO en matière de démocratie. En outre, quand
on prend le rapport de 2018 sur l
e niveau de bonheur, le Togo occupe pratiquement la dernière place. Il en est de même pour l’Indice de Gini qui mesure l’écart entre les riches et les pauvres dans un pays, et de l’Indice de développement humain (IDH) qui a toujours mal classé le pays.
On a ensuite la dette publique. Quand on prend par exemple un pays comme la Guinée qui a atteint le Point d’achèvement des Pays pauvres très endettés (PPTE) en décembre 2000, sa dette publique aujourd’hui, est de 38%. Mais le Togo qui a eu son PPTE 10 ans plus tard, c’est-à-dire en 2010, a une dette publique qui s’élève aujourd’hui à 76%. C’est dire que le pays de Faure Gnassingbé s’endette énormément. Cet endettement ne peut favoriser la réussite de ce plan.
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Eu égard à ces indicateurs, il apparaît que « les facteurs de succès de tous les plans de développement élaborés par le gouvernement ne sont pas (et n’ont jamais été) réunis », indique Nathaniel Olympio.
Il a également passé au peigne fin les 9 points du PND qui mise en premier lieu sur La croissance du PIB. Sur la question, le Parti des Togolais rappelle qu’en 2012, le projet présidentiel TPIAC avait promis une croissance à deux chiffres en 2015. Une promesse qu’il n’a pas pu tenir, puisqu’en 2018, la croissance était toujours à 4,88%, un échec donc. Le gouvernement revient et promet, avec le PND, une croissance de 7,6% dans 5 ans. Cette promesse « est-elle crédible ? », se demande cette formation politique de l’opposition qui ajoute : « La croissance seule du PIB ne suffit pas pour lancer le développement. De plus, il faudrait une croissance à deux chiffres et qui soit inclusive ».
« Dans la perspective du PND, le gouvernement entend mener les actions permettant un changement structurel de l’économie togolaise pour augmenter son impact sur le revenu par habitant », promet le gouvernement qui veut opérer un changement structurel de l’économie avec le PND. Selon cette déclaration des dirigeants togolais, note le Parti des Togolais, l’état actuel de l’économie n’est pas performant. Et donc cela ne génère pas un impact significatif sur le revenu par habitant. Un aveu d’échec du gouvernement togolais. « C’est le résultat d’une gouvernance de 15 ans dont la population ne tire pas de bénéfice réel », relève M. Olympio. Même le classement Doing Business que le régime évoque, tambour battant, pour impressionner les investisseurs au profit de ce plan, n’est rien que de l’arnaque.
Le gouvernement compte aussi sur le secteur privé pour la réussite du PND. Mais l’atmosphère économique ne favorise pas la concurrence qui puisse permettre au secteur privé de jouer ce rôle. Il faut donc que le pays s’inscrive dans une logique de concurrence entre pays de la sous-région pour attirer les investisseurs, puisque cette concurrence est très rude, aller au-delà du « doing business » et rendre le cadre des affaires confortable, stimulant tant pour les entrepreneurs nationaux qu’étrangers.
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Au nom d’une certaine stabilité politique, le gouvernement invite les investisseurs au Togo. Mais pour le Parti des Togolais, c’est une « stabilité trompe l’œil » qui ne traduit que la résignation des populations togolaises. « Elle est non inclusive, car elle n’est pas construite par la volonté et la participation effective des citoyens. C’est une stabilité précaire qui ne procure pas la paix et ne stimule pas le développement », souligne Nathaniel Olympio. Pour lui, le Togo demeure une poudrière tant que les Togolais sont opprimés et qu’ils n’auront pas des opportunités pour s’épanouir.
Dans le PND, il est également évoqué la tenue régulière d’élections libres et transparentes pour sa réussite. « Prendre ce critère pour en faire une promotion de ce plan, c’est se rabaisser », tranche le président du Parti des Togolais.
Sur le plan finance, le PND a besoin de 4 622 milliards de FCFA pour sa mise en œuvre. Le gouvernement compte apporter 1 623 milliards de FCFA. Il compte sur le secteur privé pour trouver les 2 999 milliards de FCFA restant. La part du gouvernement représente 5,16 fois le budget de l’Etat. Pour cela, il a besoin d’un budget d’investissement de l’ordre de 405, 75 milliards de FCFA par an. L’investissement annuel actuel étant de 285 milliards de FCFA, il lui faut donc trouver 120, 75 milliards par an. Un bon de 42% par an. Ce qui n’est pas réaliste, selon le Parti des Togolais.
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Si on procède aux mêmes calculs au niveau de ce que doit apporter le secteur privé, on se retrouve devant la même situation d’impossibilité à pouvoir le faire, les conditions n’étant pas favorables pour la ruée d’investisseurs. Aussi, les trois axes de ce plan, analyse du Parti des Togolais, ne sont pas de nature à permettre la réussite du PND.
En somme, le PND est parti pour subir le même sort que les autres programmes que le Togo a déjà connus. C’est un échec programmé pour ce plan. Se ranger derrière ce programme pour justifier un 4e mandat est « une insulte pour l’intelligence des Togolais », conclut Nathaniel Olympio.
Source:icilome.com
Source : Togoweb.net