Le landerneau politique national s’est agrandi avec une nouvelle Coalition politique. La Coalition rénovée a été portée sur les fonts baptismaux le vendredi 24 mai dernier, à Lomé. Les partis Comité d’action pour le renouveau (Car), le Mouvement Citoyen pour la Démocratie (MCD) et Le Nid unissent leurs forces pour la conquête des communes. Une union certes salutaire mais qui appelle tout de même à des réflexions.
Au lendemain de l’éclatement de la Coalition des 14 formations politiques (C14), l’opposition ne semble plus parler d’un même langage, bien que se fixant le même objectif, celui de combattre jusqu’à l’alternance politique, le pouvoir de Lomé. Mais avant, l’ensemble des acteurs politiques devront d’abord se battre pour la conquête des communes, à la faveur des élections locales prévues pour le 30 juin prochain. Et parallèlement à l’Alliance nationale pour le changement (ANC), qui fait cavalier seule, les sept (07) autres partis qui demeurent encore dans la C14 devront rivaliser d’ardeur, sur le terrain avec un nouveau regroupement de partis politiques.
La Coalition rénovée pour une lutte commune
Réunis au sein de la Coalition rénovée, le Car, le Mcd et le Nid, les trois partis de cette Coalition ambitionnent conquérir le pouvoir sur la base d’un programme commun. Et pour y parvenir, la nouvelle coalition entend œuvrer en faveur de la lutte démocratique qui a été amorcée dans le pays et de recourir « aux pressions populaires, couplées avec le dialogue en vue d’amener le régime à concéder les réformes constitutionnelles, institutionnelles, électorales nécessaires à la suppression des obstacles à la réalisation de l’alternance par la voie démocratique », lit-on dans la déclaration liminaire du trio ayant déjà milité au sein de la C14 originelle, hormis le Nid, toujours considéré comme un parti sympathisants de cette Coalition.
La création de cette nouvelle coalition au sein de l’opposition, loin d’être fustigée, est plutôt stratégique, surtout dans un contexte politique comme celui du Togo où l’union est tant souhaitée à la classe de l’opposition dans sa lutte contre le pouvoir cinquantenaire de Lomé. Mais aussi, à l’heure des élections locales où tous acteurs mobilisent les énergies et moyens de leurs côtés pour rafler le maximum de communes. Donnant ainsi un sens à la démocratie à la base, mais aussi dans la perspective des prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle de 2020 qui prendra son envol à partir des prochaines locales.
Cependant, il convient de se poser un certain nombre de questions, connaissant bien le landerneau politique togolais, mais surtout la pratique longtemps à la mode au sein de l’opposition togolaise. En effet, on se rappelle de la guerre froide que mène de loin Me Agboyibo, président du Car, et Me Apevon, président du , ex Homme de mains du Bélier rentré en dissidence avec ce dernier. On a donc vu qu’après la scission connue par le Car, personnes de ces deux Hommes ne sont prêts à lâcher prise. Même leur cohabitation au sein de la C14 était tout sauf sincère, mais gérée avec tact, contrairement à la rivalité malsaine que continue d’entretenir l’Anc et l’Ufc.
Stratégie du Car mise en échec
Et dans son élan de reprendre son leadership, le Car avait initié, en avril dernier, une recette en faveur de la restructuration de la C14. Et proposant entre autres que la réorganisation de la Coalition soit conçue de manière à en faire une structure souple propice à une coopération horizontale entre les partis membres pour l’atteinte des objectifs du groupe. Mais aussi que les partis membres de la Coalition se fixent une orientation politique caractérisée par le recours aux pressions couplées avec le dialogue, en vue d’amener le régime à concéder aux réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales nécessaires à la suppression des obstacles à l’alternance par voie démocratique.
Le Car a également proposé que les réformes et leur exécution se fassent conformément au « principe de consensus » prescrit par l’Accord Politique Global à des fins de promotion de l’Unité nationale ; que la conclusion des alliances pour les élections locales en vue, passe par deux phases dont la première doit consister à ouvrir des discussions bilatérales entre les partis membres de la Coalition, pour les concessions qu’ils sont disposés à s’accorder et la seconde, sera une plénière au cours de laquelle les partis membres auront à confirmer les concessions accordées et à en dresser un procès-verbal de synthèse à signer par tous.
Puis, que la même procédure à deux niveaux soit appliquée à l’élection présidentielle de 2020, avec la particularité que chaque parti membre jouisse, dans le cadre d’un scrutin à deux tours à rétablir, de la liberté d’avoir un candidat de son choix au premier tour, et s’engage à apporter son soutien au candidat d’un parti allié qui viendrait à être retenu pour le second tour.
Enfin, que la rénovation à opérer s’accompagne d’un réaménagement de la dénomination de la Coalition et d’un renforcement de ses liens de coopération avec les organisations de la société civile. Malheureusement, il a été constaté que cette recette du Car n’avait pas trouvé d’échos favorables auprès de ses anciens collaborateurs qui a plutôt fait sa restructuration, à sa manière et dont les conclusions ont été rendues publiques. Un échec plus ou moins cuisant qui pourrait rendre revanchard le Car et Président, Me Agboyibo qui, en fin stratège, pourra décider d’en découdre autrement à travers cette coalition dite rénovée.
Agboyibo et son appétit pour l’électorat de Vo
C’est donc clair qu’avec la mise en place de cette coalition, le bélier noir de Kouvé entend d’une part, reprendre son leadership longtemps perdu, mais également prendre sa revanche sur son bras droit d’hier, Me Dodji Apévon dont le parti serait en rude concurrence dans le Vo avec le Nid de son frère et président du Nid, Gabriel Dosseh-Anyron, visiblement très populaire dans la commune de Vogan. Aussi par son alliance stratégique avec le MCD, le CAR entend piocher un peu dans l’électorat Tem au cœur de la contestation populaire du pouvoir de Faure Gnassingbé depuis août 2017. De quoi donner raison aux analystes qui voient en cette coalition un business politique probablement axé sur la surenchère.
Certes, une analyse basée sur les hypothèses. Mais pour l’heure, aucune piste n’est à laisser de côté, vu que nous sommes en politique et connaissant, surtout le Bélier Noir, chacune de ses actions mérite d’être scrutées minutieusement.
Source : Fraternité No.315 du 29 mai 2019
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