C’est devenu presque une coutume dans la région des Savanes ces dernières années : l’ingérence des autorités locales dans les affaires médiatiques. Se substituant à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), seule institution compétente en matière de régulation des médias au Togo, certaines figures du pouvoir local tentent régulièrement d’imposer leur contrôle, mettant en péril la liberté de la presse. Une situation qui complique davantage le travail des journalistes, surtout dans les régions intérieures du pays.
L’incident s’est produit dans la soirée du 22 octobre 2024 à Dapaong, dans la préfecture de Tône. Comme chaque mardi, l’émission “7 Jours en 1” se déroulait sur la radio Courtoisie FM.
Ce débat, présenté par Mohamed Koundoungou, couvre l’actualité locale, nationale et internationale. Ce jour-là, la question de la chefferie traditionnelle est entrée dans les débats, et plus précisément le cas du canton de Pana, dirigé par des régents depuis plus de 25 ans.
En décembre 2022, Damigou Boni avait été élu chef du canton, mais son élection fut annulée quelques mois plus tard. Ce sujet, abordé sur le plateau de Courtoisie FM, n’a manifestement pas été du goût du préfet de Tône, Tchimbiandja Douti Yendoukoa.
Le préfet n’a pas tardé à réagir en appelant la directrice de la radio, lui ordonnant de faire cesser l’émission immédiatement. Dans la foulée, le Colonel commandant du groupement de la gendarmerie des Savanes a également contacté la directrice, affirmant avoir été saisi par le préfet pour interrompre l’émission et menaçant de faire débarquer ses hommes dans le studio.
Selon plusieurs sources, ce n’est pas la première fois que le préfet de Tône intervient de manière aussi musclée contre la radio Courtoisie ou d’autres médias de la région. Plusieurs journalistes locaux confirment avoir déjà fait l’expérience de son autoritarisme.
Malheureusement, cette situation n’est pas isolée. D’autres préfets de la région des Savanes, soutenus par la gendarmerie, se montrent particulièrement hostiles envers la presse. Pendant ce temps, la HAAC, organe habilité à traiter de telles affaires, observe un silence inquiétant.
L’excès de zèle de certains préfets, comme celui de Tône, met en danger la liberté de la presse, qui devrait être protégée et régulée par la HAAC, non par des autorités locales. Ces dernières, au lieu de s’en prendre directement aux journalistes, devraient se limiter à signaler leurs doléances à l’institution compétente.
Cette ingérence menace non seulement le bon fonctionnement des médias dans la région, mais aussi le droit du public à une information libre et indépendante.
source: lalternative.info
Source : 27Avril.com