Le vol de bétail est devenu un phénomène quasi quotidien dans le nord du Togo, perpétré par des groupes armés qui sévissent dans la région du Sahel et mènent régulièrement des attaques. Depuis 2022, les populations de la région des Savanes, vivant dans des zones touchées par ces incursions, subissent de plein fouet les conséquences de cette insécurité croissante.
Entre pertes en vies humaines, difficultés à vaquer à leurs occupations et vol de leurs troupeaux, les habitants de la région des Savanes au Togo semblent perdre leurs repères. Le régime en place qui avait axé sa dernière campagne électorale sur la paix et la sécurité, peine à réunir les moyens nécessaires pour protéger les populations.
Non seulement les habitants ont perdu leurs terres, mais aussi leurs fils et leurs bétails. Depuis près de trois ans, les groupes armés sèment la désolation dans les préfectures de Tône, Kpendjal et Kpendjal Ouest. La crise, qui s’est aggravée en juillet 2022 après la saisie controversée d’un important nombre de troupeaux appartenant aux groupes armées, continue de s’envenimer.
Ces derniers, qui avaient promis de venger leurs troupeaux selon les propos rapportés par les représentants des populations de Kpendjal lors de la rencontre de Faure Gnassingbé avec les populations des Savanes le 20 juillet 2022 à Dapaong, sont passés à l’action en multipliant les attaques. Les victimes se comptent autant parmi les civils que parmi les militaires de l’opération Koundjoaré. Parallèlement, les survivants se voient régulièrement dépouillés de leur bétail.
Une situation de plus en plus préoccupante
Le 13 août 2024, aux alentours de minuit, des éléments des groupes armés ont fait irruption dans le quartier de Tomonle, un village de Bagré. Ils ont semé la panique en tirant en l’air avant de s’emparer d’un nombre indéterminé de bœufs. Depuis mai 2024, les attaques se sont intensifiées, tout comme les enlèvements de bétail. Ainsi, le 14 mai 2024 à Ponio, une localité située à 35 km à l’est de Dapaong, ces groupes armés ont enlevé deux jeunes bergers, emportant avec eux leur troupeau.
Le 21 juin 2024, dans le village de Bamone (canton de Namoundjoga), une incursion nocturne a permis aux terroristes de dérober trois troupeaux de bœufs. Un mois plus tard, un troupeau de 52 bœufs et 12 moutons a été volé nuitamment près du village de Malgbangou le 24 juillet 2024. Rien que ces quatre derniers mois, plusieurs centaines de bœufs et de petits ruminants ont été arrachés à leurs propriétaires.
Lorsqu’ils ne tuent pas des civils ou n’attaquent pas les forces de défense et de sécurité (FDS), ces groupes armés assiègent les villages la nuit. Ils pillent les petits commerces, emportant motos, téléphones portables, boissons alcoolisées ou énergisantes, sommes d’argent, etc. De tels événements se sont produits récemment dans les localités de Tomonle-Momba dans la préfecture de Tône, Kinkammonbiagou, Téléga, et Kpentindjoaga dans le Kpendjal-Ouest.
En analysant la situation, il semble que ce qui se passe dans le nord du Togo est une conjugaison de grand banditisme et de criminalité déguisée sous le voile de l’islam pour commettre crimes et pillages.
Des victimes abandonnées à leur sort
La lutte contre le terrorisme semble s’enliser dans le nord du Togo. Bien que l’ennemi n’ait pas encore réussi à établir une base permanente sur le territoire togolais, plus d’une dizaine de villages sont désormais désertés. L’armée, qui tente de contenir les assauts de ces groupes armés, peine à protéger les villageois contre les vols de bétail et les pillages de toutes sortes, qui se déroulent majoritairement la nuit.
Selon des témoignages de victimes, lorsque les FDS sont alertés, ils arrivent souvent trop tard. « C’est vers 21 heures qu’ils nous ont arrêtés. Ils ont volé mon troupeau et nous ont retenus sur place jusqu’à 4 heures du matin avant de partir avec le butin et de nous libérer », confie une victime.
D’autres témoignages rapportent que certaines victimes ont déposé des plaintes auprès de la gendarmerie, mais sans suite, renforçant le sentiment d’abandon chez les villageois.
Des interrogations sur la destination du bétail volé
D’après des sources concordantes, le 28 mai 2024, les militaires de l’opération Koundjoaré ont abattu plusieurs dizaines de bœufs et de moutons, probablement saisis auprès des bergers des groupes armés. Le bétail volé est emmené dans les forêts et placé sous la surveillance des bergers des groupes armés, selon plusieurs sources.
Certains bœufs seraient utilisés comme kamikazes, ce qui justifie l’abattage systématique par les FDS de tout bétail rencontré lors des opérations de ratissage dans les zones où ces groupes sévissent.
Outre l’élevage de prestige, le bétail revendu sert à financer ces groupes. Malgré la fermeture du marché de bétail de Koundjoaré et l’interdiction de la transhumance par le Bénin et le Togo, les bœufs pourraient être acheminés vers le Ghana, où la transhumance est toujours autorisée.
Source: lalternative.info
Source : 27Avril.com