Dans la journée du dimanche 10 mai 2020, dans le Bourg de Siou, les ministres Gilbert Bawara et Bataka y ont bien mis pied. Le lendemain, ils ont eu l’intelligence d’arroser les chefs coutumiers de 30.000 Francs CFA chacun. Les cinq jeunes choisis sur le tas par chaque chef coutumier, ont empoché chacun 3000 Francs. Bruits et rumeurs devenus clameurs dans la bourg, la jeunesse a dû rapidement déposer le groupe des « corrompus » et reprendre la rue avec d’autres revendications. Les intellectuels natifs de la région ne sont pas aussi restés les bras croisés. Josef Takeli s’improvise porte-parole des «sans voix» et suis minute par minute, les activités de son peuple depuis la Floride où il vit. Le Pr Wala Kperkouma harcèle le pouvoir par des sorties à booster les populations par ce qu’il définit lui-même comme des revendications légitimes. Gerry Taama, hier officier dans l’armée désormais dans les affaires et député donne sa bénédiction pour les marcheurs : «En tant que fils de Siou, je soutiens leur démarche. Dans notre tradition, quand une personne meurt assassinée, on ne laisse pas le corps à la morgue. Il y’a des rites spéciaux à faire, et on l’enterre immédiatement » martèle t-il.
Gilbert Bawara entre le fer d’un peuple guerrier et le marteau d’un pouvoir falot semble être au bout de ses nerfs. L’homme est grand par le nom et les réseaux qu’il possède mais petit dans la marge de manœuvre pour que le pouvoir restitue le corps de son propre cousin que lui-même appelle « Toussaint ».
Les Togolais ont la mémoire courte
Parpaings de briques, cailloux… il ne restait plus rien au camp RIT qui n’a pas servi à casser la tête du colonel Kofi Tépé. Faute d’une justice et d’une cour martiale pour juger celui qu’on a tout tout de suite condamné par pendaison, il devrait séance tenante mourir et ceci devant le chef des Armées, le général Gnassingbé Eyadema. Comme si cela ne suffisait pas, on est allé chercher certains enfants et parents et les faire connaître la même géhenne. La fratrie Gnassingbé et les suppôts en ont décidé ainsi. Au Togo, l’histoire a toujours bégayé. Pourquoi Faure Gnassingbé serait-il sensible aux douleurs du peuple Nawdba ?
Gilbert Bawara ne pourra pas ramener le corps du Lieutenant-colonel Madjoulba aux Nawdaba
Deux camps s’affrontent à Siou. Ceux qui veulent le corps de l’officier afin de respecter les rites et traditions Nawdaba et ensuite faire le deuil et ceux qui veulent un deuil sans le corps. Dans le second groupe, il y a les fils de Siou qui travaillent « mano in mano » avec le prince, dont Gilbert Bawara et le gotha qui tirent les ficelles dans l’ombre. A moins que nos sources aient craché des erreurs ! Une source qui a requis l’anonymat est claire : « Le corps est déchiqueter par les balles et les tortures de ses tueurs au point qu’on ne sait comment l’enjamber dans un cercueil ». Et de poursuivre, « Ramener le lieutenant-colonel à Siou dans cet état amènerait à faire de sa tombe un lieu de pèlerinage. Nous ne pas pouvons le faire ». Vous avez bien compris ? Entre un peuple qui « veut » et un pouvoir qui « peut », et a les moyens de sa force, il y a de l’électricité dans l’air. Le feuilleton est loin de prendre fin et….
Camus Ali
Source : Lynx Togo
Source : 27Avril.com