Togo, Culture : Fonds d’aide à la culture ou le fonds d’aide au mariage

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Le Fonds d’aide aux artistes passe par des circuits bien divers. S’il n’est pas détourné pour des futilités, il sert aussi à passer la bague au doigt.

Togo, Culture : Fonds d’aide à la culture ou le fonds d’aide au mariage

Les responsables du Fond d’aide à la culture (FAC) ont lancé le 03 juillet dernier, l’appel à projet 2018 du financement des initiatives culturelles. Deux jours plus tard, une séance de travail a réuni les acteurs culturels au siège de la SAZOF à Lomé. Lors de la rencontre, KossiTinaka, Directeur par intérim, a expliqué les conditions d’éligibilité et de financement du FAC. Un exercice annuel monotone auquel se livrent les responsables du Fonds, mais qui révèle des objectifs inavoués dans la soumission des projets et la gestion de ce fonds.

Quelle est l’incidence du Fonds d’aide à la culture sur la production culturelle depuis qu’il a été instauré ? Seuls ses responsables peuvent (en fatiguant les chiffres) donner des statistiques pour conforter le ministère en charge de la Culture. Mais la réalité est tout autre. Bien des artistes ont trouvé en ce fonds un moyen d’assouvir leurs ambitions personnelles loin de leur carrière d’artiste. Et ils sont nombreux à souhaiter que cette manne tombe chaque année, pourvu qu’il leur permette de payer la dot et de passer la bague au doigt à l’être aimé. En investiguant dans l’attribution de ce fonds aux artistes, nous avons découvert beaucoup de choses dont le plus scandaleux est le détournement de cet argent. Si certains artistes en ont fait du FAC leur fonds de commerce, pour d’autres, c’est le moyen de fonder un foyer, quitte à sacrifier leur profession d’artiste. D’autres s’en sont servis pour des futilités.

Curieusement, ces artistes ne sont inquiétés de rien. Et chaque année, le manège se répète. Selon certains artistes, c’est le manque de suivi qui occasionne la dilapidation du Fonds d’aide à la culture. Les responsables ne font pas un réel suivi puisqu’ils ont versé dans le copinage. « Il y a trop de copinage et de laisser aller dans l’attribution des projets », s’indigne un artiste. Il révèle que parfois, certains artistes arrivent par leurs réseaux d’influence à faire passer leurs projets. C’est le cas, dit-il, d’un proche d’un ministre et cadre sulfureux de la préfecture de Wawa (suivez nos regards) qui, malgré la clôture d’appel à soumission de projets, est passé par des canaux pour faire passer son projet. Ce laxisme amène certains artistes conscients à s’interroger sur l’efficacité du FAC. Ils suggèrent des solutions afin que la culture togolaise retrouve son lustre d’antan.

Ces acteurs culturels proposent que le gouvernement mette en place un palais de la culture. Ils fondent leur argument sur le fait que le palais des Congrès n’est pas très approprié à certaines manifestations culturelles. Selon ces acteurs culturels, le palais des congrès de Lomé n’était pas destiné aux productions culturelles. C’est pourquoi ces artistes proposent au gouvernement la construction d’un palais de la culture où se produiront les artistes de tout bord. « Ce palais de la culture sera le lieu où les appels à projet seront lancés et concentrera toutes les productions culturelles, comme cela se fait en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays », suggère un metteur en scène. Mais cette suggestion de ce metteur en scène très connu en Allemagne pour ses représentations, ne trouve pas d’écho.

D’autres suggèrent que le ministère de la Culture redéfinisse les objectifs du FAC et fasse un suivi réel en amont et en aval du fonds. Les tenants de cette approche ne soumettent plus de projets car pour eux, des projets qui ne méritent pas d’être validés, sont acceptés. Il y a une pagaille qui ne dit pas son nom qui s’est installée autour du FAC qui ne fait que multiplier des jouisseurs qui se font passer pour acteurs culturels.

Après les exercices 2013, 2014-2015 et 2016-2017, il est difficile de voir l’impact réel de ce fonds sur la culture togolaise. Les 600 millions FCFA débloqués pour ce nouvel appel à projet passeront certainement par ces circuits divers qui jettent du discrédit sur la culture togolaise. Au Bénin, les artistes réclament que le fonds d’aide soit porté à 2 milliards. Au Togo, on est loin de ce montant. C’est déplorable pour une profession rentable par rapport auquel l’Etat reste moins regardant. Une telle chose ne peut qu’encourager les aventuriers culturels.

Source : L’Alternative

27Avril.com