Ils étaient au total 1345 directeurs d’écoles du primaire et du préscolaire que le ministre en charge de ce secteur, également président de la grande université de Lomé, a cru opportun de relever de leurs fonctions.
Cause ? Ils auraient participé à une grève que les dirigeants ont jugée « illégale », « illicite ». Désormais, il circule à nouveau des informations faisant état du rétablissement de l’écrasante majorité de ces directeurs à leurs postes.
Raison ? Ces derniers auraient donné à monsieur le ministre, les « preuves » de leur non-participation à ce mouvement de débrayage. Bizarre non ? Donc le ministre lui-même n’avait pas eu au préalable, la preuve de leur absence au poste avant de les sanctionner ?
Qu’à cela ne tienne, en quoi peut consister la preuve qu’un directeur sanctionné va donner à son ministre qu’il n’a pas fait partie de ceux qui ont grevé ? Il va peut-être mobiliser des témoins à cet effet, qui viendront dire le contraire de ce qui a fondé le ministre à prendre sa sanction aussi lourde ?
Bon n’épiloguons pas sur ces détails, car tout le monde sent qu’après coup, nos dirigeants se sont eux-mêmes rendu compte du caractère déstabilisateur du monde scolaire togolais d’une telle mesure.
Ils doivent avoir aussi perçu, l’injustice flagrante dont elle s’est entachée d’autant plus que tous les degrés de l’enseignement étaient concernés par ce mouvement et des gens, nombreux, ont effectivement respecté le mot d’ordre. Sanctionner seulement ceux du niveau inférieur était curieux.
Dans tous les cas, ils ont certainement compris aussi toutes les difficultés qu’ils auraient à remplacer valablement des gens qui ont été formés à la tâche, avec l’argent du contribuable togolais pour faire d’eux, les directeurs d’écoles dans notre pays.
Les démettre tous, d’un seul coup, paraissait naturellement comme une mesure prise sur un coup de tête, sous le diktat de l’émotion plutôt qu’autre chose.
Voilà justement où se trouve la raison de cet article.
Nous sommes bien dans le contexte d’une gouvernance d’État, et une chose pareille se passe. N’est-ce pas grave ?
Il est impossible pour les citoyens que nous sommes, d’accepter que nos dirigeants agissent sous le coup des ressentis négatifs, qu’ils soient souvent dans la réaction en lieu et place de l’action et qu’ils prennent enfin des mesures parfaitement hasardeuses pour imposer respect au sein de leurs administrés. Ce n’est naturellement pas normal.
Aujourd’hui où un calme précaire règne dans ce secteur, il n’est pas de notre intention de rallumer le feu, mais il importe d’interpeller nos chers ministres titulaires de si lourds diplômes sur leur responsabilité historique dans le devenir de ce pays.
Une chose est d’avoir la connaissance intellectuelle requise, le background et les qualifications universitaires, et une autre est d’apprendre à être efficace dans l’action en vue de donner des rendements probants sur le terrain.
Ce deuxième volet malheureusement, exige du fameux diplômé, des attributs de leader qui vont lui permettre de faire la bonne chose au bon moment, et d’en obtenir les résultats escomptés.
Vivement que ceux-ci apprennent à apaiser leur fougue et à s’inscrire à l’école de la vie qui, elle, sollicite d’eux, d’irréfutables valeurs humaines dans la gestion de la vie et du destin des citoyens.
Luc Abaki
Source : icilome.com