Garde à vue du colon blanc, siphonneur des économies de certains États africains contre de menus fretins, a été prolongée ce jour par le pôle financier de la justice française à Nanterre. Ce n’est pas anodin. Cela signifie tout de même que les soupçons de corruption qui pèsent sur Vincent Bolloré sont graves et les indices claires. Deux autres hauts cadres de son empire industriel sont aussi dans la même posture que lui.
Vincent Bolloré depuis 30 ans, s’est fait passer maître dans la manutention et dans la logistique des ports africains. Abidjan en Côte-d’Ivoire en 2004, Douala au Cameroun, Cotonou au Bénin (avant d’être congédié par Patrice Talon), Conakry en Guinée, Lomé au Togo etc. Et ce sont ces deux derniers pays qui lui voudront sa convocation devant la justice française pour s’expliquer sur l’acquisition des leurs ports.
Si en Guinée, le prédateur économique blanc a la mainmise sur le port de Conakry pour 25 ans contre des broutilles après avoir aidé son « ami » Alpha Condé à s’emparer du pouvoir lors d’élections contestées et sauvagement réprimées, au Togo, il est propriétaire depuis 2010 du seul port autonome en eau profonde de la sous-région ouest-africaine pour 35 ans grâce à la pression de Nicolas Sarkozy, président français d’alors, sur l’usurpateur Faure Gnassingbé qui était indésirable partout suite à sa captation du pouvoir dans le sang en 2005.
Depuis le scandale Bolloré le 24 avril avec sa mise en garde à vue, c’est le silence de toute la classe politique qui est suspect. Si on peut comprendre que le gouvernement RPT/UNIR se complaît dans un silence complice contrairement à celui de la Guinée qui a réagi, c’est l’absence de réaction des parlementaires, élus pourtant pour défendre les intérêts des populations qui pose problème surtout celle de l’opposition parlementaire qui refuse de monter au créneau pour demander à connaître les tenants et les aboutissants de la concession pour 35 ans du port de Lomé à Bolloré.
Plus étonnant encore, la coalition des 14 partis de l’opposition s’abstient de réactions alors qu’elle devrait saisir l’occasion pour démontrer le flou total qui entoure les cessions des ressources du pays et l’opacité des privatisations. Alors même que les Togolais sont vent debout contre la gestion calamiteuse du pays et le pillage des biens de l’État par une minorité pilleuse.
Deux hypothèses semblent expliquer un tel mutisme. Soit l’opposition ne sait pas faire de la politique et jouer efficacement son rôle de contre pouvoir pour prouver la nocivité du système cinquantenaire et pousser les Togolais à le contester davantage, soit certains partis de sa composante ont eu à bénéficier des avantages ou des bonnes grâces du prédateur blanc.
D’ailleurs à ce sujet, beaucoup de rumeurs avaient circulé peu avant l’élection présidentielle de 2010 que la « générosité » de Vincent Bolloré avait atteint certains leaders politiques postulant pour la magistrature suprême. Cette rumeur est-elle avérée? Est-ce ce qui justifie ce silence de la classe politique de l’opposition?
Il y a de cela quelques semaines déjà, hormis Tikpi Atchadam qui avait réagi sur Radio Avulété suite aux révélations de Gilbert Diendéré impliquant le Togo dans le putsch manqué au Burkina, la coalition des 14 et l’opposition parlementaire avaient brillé par leur manque de réaction officielle pour demander des comptes et que toute la lumière soit faite sur la participation de l’État dans ce qui était une tentative de déstabilisation d’un pays voisin.
La politique c’est aussi l’art de déstabiliser l’adversaire et surtout dans le cas du Togo de confondre ce pouvoir voyou et le pousser dans ses derniers retranchements.
Faîtes de la politique messieurs les politiques de l’opposition. Il est temps de réagir et d’être proactifs. Les Togolais ont besoin des représentants qui bougent, qui anticipent. La balle est dans votre camp.
Anani Sossou
27Avril.com