Aucun répertoire disponible pour consulter les apports de la Chine au Togo. Et pourtant ! Lentement, mais assurément, la Chine tisse sa toile au Togo. Rien qu’à revisiter les interventions chinoises dans le pays, on est en droit de se poser la question : comment les autorités togolaises pensent-elles préserver la souveraineté du pays avec autant d’aides et de prêts de la Chine ? Quelles garanties ont-elles donné à l’Empire du milieu au cas où les engagements venaient à ne pas être honorés ? Car, ne l’oublions pas, la Chine, de par sa population, n’a pas d’amis –tout comme la France, ancienne métropole-, elle n’a que des intérêts.
Pendant que les dirigeants africains en général, et togolais en particulier dorment, ceux de la Chine pensent à l’avenir de leur pays. Et se mordront les doigts ceux qui croient que les aides multiples de la Chine sont une preuve de leur prise de conscience de la situation de pauvreté « intellectuelle » des dirigeants du continent.
La présence chinoise au Togo est désormais difficile à esquiver : construction de la voie Lomé-Vogan-Anfoin après que des ministres bien connus ont contribué à faire abandonner ce chantier par l’entreprise CECO BTP ; Construction du grand contournement de Lomé ; construction du siège de l’Assemblée nationale ; financement exorbitant et construction d’une nouvelle aérogare à l’aéroport international de Lomé ; construction du nouveau palais de la présidence ; prêt de 36 milliards pour l’hypothétique barrage Adzarala confié à une entreprise chinoise, mais dont les travaux n’auront jamais démarré; don de 18 milliards FCFA pour financer le secteur agricole togolais ; projet de construction de 10.000 logements par l’entreprise chinoise Poly Group ; réfection des deux contournements de Défalé et d’Aledjo ; construction puis rénovation du stage de Kegué ; etc. C’est exprès que les chiffres ont été occultés, de peur de provoquer des AVC chez certains entrepreneurs nationaux ou africains qui disposent pourtant de l’expertise pour réaliser certains de ces travaux.
Que comprendre par tous ces travaux, dons et prêts de la Chine ? Il est vrai que le Trésor chinois dispose de devises, d’énormes devises pour se permettre des folies. Seulement, la Chine, de par sa population, ne fait pas dans le mécénat. Ce pays recherche des espaces pour ses citoyens, des terres pour s’assurer des productions agricoles de sécurité. Mais si les interventions chinoises peuvent contenter les autorités togolaises, on doit se demander l’objectif poursuivi. En guise d’exemple, il nous est revenu que dans un passé pas très lointain, la Chine aurait octroyé un prêt de 400 millions de dollars au…Fonds monétaire international (FMI) pour que ce dernier renforce ses programmes auprès des pays membres. Mais en contrepartie, l’Empire du milieu aurait demandé que sa voix soit revue dans les instances décisionnelles. Plus concrètement, la Chine a demandé une augmentation de ses droits de vote au conseil d’Administration du FMI. Ce pays-continent dispose de devises, de beaucoup de devises qui lui permettent de tenir la dragée haute aux Européens et aux Américains : plus de 3.118 milliards de dollars de réserves chinoises au trésor. De quoi menacer l’équilibre financier du monde.
Aussi, c’est avec circonspection que les multiples aides chinoises devraient être appréhendées. Comment les autorités togolaises pourraient refuser quelque chose à « cet ami si utile » ? Que des pays africains cherchent à s’affranchir de la tutelle européenne est une chose, mais la Chine aussi cherche à tisser sa toile en Afrique et au vu de tout ce qu’elle apporte pour le « développement de l’Afrique », il urge que les populations africaines en général, et togolaises en particulier se penchent sur ce que ce pays pourrait demander en retour, à un moment donné.
Abbé Faria
Source : Liberté
27Avril.com